Cet homme d’Etat qui a le respect de la jeunesse malienne consciente et de l’ensemble de la population malienne, s’est montré plus pragmatique et plus efficace, que quiconque. Au début des hostilités au nord du Mali, à Tombouctou et à Gao, alors que les filles et les femmes étaient violées, les enfants déplacés, les mausolées détruits, les bâtiments des administrations publiques et Ong saccagées, et que les armes et les drogues circulaient, il fut la première personnalité, en tant que chef d’Etat, à alerter la Communauté internationale du risque imminent de la structuration du terrorisme au Mali et de la nécessité d’intervenir rapidement. Certains craignaient qu’il ait pris le risque de mettre en danger la vie des otages français ou qu’il ait violé le principe de la souveraineté des Etats, fait le gendarme de l’Afrique ou retardé la fin de la France-Afrique. Mais, d’autres- qui sont d’ailleurs les plus nombreux et pragmatiques- ont pensé tout simplement qu’il a fait preuve de responsabilité, en prenant cette décision courageuse.
L’évolution de la crise malienne jusqu’au mercredi 9 janvier 2013, lui a donné raison. Malgré les réunions dites spéciales et interminables du Conseil de sécurité de l’Onu, de la Cédéao et de l’Union africaine sur la situation sécuritaire au Mali, aucune décision concrète n’en est sortie. À la limite, ces réunions étaient considérées comme une sorte de récréation entre ces décideurs qui se retrouvent, se congratulent, mais sans dire l’essentiel ou sans prendre aucune résolution à court terme, ou la juste mesure du problème.
À cause de cette perte de temps inutile, les terroristes de tous bords (Ançar Dine ou plutôt «Ançar Cheytane», Mujao, Aqmi et Boko Haram), se sont structurés au nord et avançaient royalement vers le sud du pays. L’on croirait qu’on attend que la situation pourrisse pour venir au secours du pays en danger, avec des conditions préalables, allant dans le sens de leurs intérêts. Il a fallu cette intervention de la France pour que la Communauté internationale et les organisations sous-régionales se mobilisent pour soutenir cette action et demander le déploiement rapide des forces en attente depuis une éternité.
Comme l’on aime le dire, c’est dans les moments difficiles qu’on reconnaît les vrais partenaires stratégiques. En effet, la situation au Mali n’est pas seulement un problème malien. C’est aussi un problème des pays de l’Afrique de l’Ouest et de toute la Communauté internationale. C’est donc tous ces pays qui sont agressés.
La réaction rapide de la France de François Hollande, suite à la demande du président malien par intérim, Dioncounda Traoré, qui a sollicité le soutien des forces armées françaises pour stopper la progression des terroristes vers le sud du pays, a été salutaire. Une contre-offensive de l’armée malienne avec le soutien logistique de la France et de certains pays africains amis du Mali, notamment du Sénégal et du Nigéria, du Togo, du Tchad (etc.), a permis de repousser ces combattants terroristes qui avaient pris le contrôle de la ville de Konna, située à 60km de Sévaré dans la Région de Mopti.
Mais une chose est sûre, pour que ces offensives d’une grande envergure portent fruits, il faut mettre fin à la guéguerre à Bamako et à Kati. La seule guerre ultime qui vaille reste la traque des islamistes et des jihadistes jusqu’à leur dernier retranchement. Quant aux concertations nationales souveraines, elles ne pourront être organisées qu’après la libération du nord dont les 2/3 sont sous occupation, de même que les élections. Il faut un large consensus de la classe politique, de l’armée malienne et de tout le peuple autour de la transition politique, comme l’ont aussi affirmé la Communauté internationale et les organisations sous-régionales.
L’on retiendra, pour la postérité, que François Hollande, président socialiste de la République de France, a été courageux et a pris ses responsabilités devant l’Histoire. Romano Prodi ne dira pas le contraire, lui qui avait affirmé qu’aucune intervention n’est possible d’ici septembre 2013. Son soutien et son engagement indéfectibles aux côtés du Mali, quand ce dernier en avait le plus que besoin, sera gravé dans la mémoire de ce peuple victime de la mauvaise gestion du nord et de l’armée, de ses gouvernements successifs durant les 20 dernières années (de 1992 à nos jours).
Le Mali se souviendra également des premiers soutiens, bien qu’officieux, de ces pays frères que sont le Sénégal, le Togo, le Bénin, le Tchad, le Nigéria… Cette intervention internationale ne doit plus s’arrêter en si bon chemin. Elle doit se poursuivre jusqu’à la libération totale des populations du nord, afin d’abréger leurs souffrances chroniques et permettre au Mali de recouvrer son intégrité territoriale, conformément à la résolution 2085 du Conseil de sécurité de l’Onu. Aussi, une vigilance doit être de mise sur l’ensemble du territoire du Mali, notamment à Bamako où le dispositif de sécurité doit être davantage renforcé, en vue de protéger les personnes ainsi que leurs biens. La vigilance des populations est aussi un devoir pour toutes les Maliennes et pour tous les Maliens, en démasquant et en dénonçant les djihadistes qui tentent de se diluer dans la population.