INUTILE POUR JURISTES ET POLITIQUES DE S’ECHINER à convaincre l’opinion que la plainte contre le Chef de l’Etat est irrecevable par la Haute Cour de Justice. Biprem était le premier à savoir que son document finirait à la poubelle.
Les auteurs de la plainte le savaient parce qu’ils ont un niveau standard d’éducation. Ils le savaient parce que certains d’entre eux sont familiers du fonctionnement des institutions de la démocratie. Ils le savaient car à défaut d’être avocats ou magistrats, ils savaient qu’ils pouvaient recourir à conseillers avisés. Alors, il ne reste que le buzz comme objectif. Et ce buzz, Biprem, l’association plaignante, l’a eu. Tous les grands médias internationaux, radios et journaux surtout, y compris la presse malaise, ont relayé l’information. Les animateurs de Biprem peuvent se frotter les mains : non seulement leur toupet a eu un écho planétaire, mais l’attention reste captée tous les jours par l’inflation de communiqués de condamnations venant fustiger Lassine Diawara, l’auteur de ladite plainte qui sait qu’il a la partie belle. Car plus on le désavoue, plus l’objet de la plainte est vulgarisé et plus Biprem aura réalisé ses trois objectifs stratégiques: exhumer des affaires que le temps se chargeait de classer, attaquer de front le Président lui-même, et sortir elle-même de la banalité dans laquelle les tribulations de l’ex-junte de Kati l’ont jeté. Un avocat de la majorité présidentielle déclarait hier que Biprem peut être poursuivi pour diffamation. Sans doute. Mais cela ne mettra pas fin à la mauvaise publicité faite au Chef de l’Etat et au Mali. Au contraire, la judiciarisation prolongerait l’onde de choc de cet inattendu coup de tonnerre dans un ciel relativement serein. AUSSI SEREIN QUE L’EST LE CIEL D’UN PAYS EN CRISE Un pays que sa baraka, qui n’est pas inépuisable, a empêché jusque-là de toucher le fond. Pourtant, le 22 mars 2012, nous nous sommes réveillés dans un pays autre que celui que nous connaissions. Et le 21 mai 2013 où la folie meurtrière arma la boulimie du pouvoir au point de laisser pour mort un chef d’Etat en exercice, nous nous sommes réveillés dans un pays autre que celui que nous imaginions. Depuis, nous tentons de revenir à la surface, à la face du monde, avec nos hauts et nos bas. La gouvernance est hautement perfectible et seule la suffisance suicidaire peut nous amener à l’auto-satisfecit. Mais récemment, une nouvelle plateforme politique rassemblant majorité et opposition est à même de contribuer à l’appropriation de l’accord de paix ainsi qu’à l’anticipation de ses implications institutionnelles. C’est heureux tout comme il est heureux que le tandem des ex frères ennemis, veuille imprimer un nouvel élan, une nouvelle attitude pour le Mali. A partir de Kidal la frondeuse et en ce mois de mars qui consacre la vingt-cinquième année de ce que les Maliens appellent leur révolution et qui, une génération après, autorise un audit impartial. Adam Thiam
Source: Le Républicain