« Le Nord du pays retient toute l’attention de la communauté internationale alors que le front djihadiste s’élargit au Centre et même vers le Sud » et « aujourd’hui, la multiplication des groupes djihadistes fait que l’on ne peut plus, objectivement, mesurer l’efficacité des dispositifs comme Serval ou encore Barkhane pendant que le « ventre mou » malien va, dans les mois à venir, constituer une menace directe pour ses voisins immédiats » souligne le Directeur de Timbuktu Institute – African Center for Peace Studies, Dr. Bakary Sambe dans une étude intitulée « Stabilisations du Mali et péril djihadiste : on n’a pas perdu que le Nord ».
De plus, pour le coordonnateur de l’Observatoire des radicalismes et conflit religieux en Afrique (ORCRA), qui consacre sa lettre de mars 2016 au Mali, « la porosité des frontières maliennes constitue un problème désormais régional au moment où le front du djihadisme se déplace et se consolide dans et à partir du centre avec des attaques récurrentes touchant les localités de Nampala, Ténenkou, Boulkessi, Diogofri et Dioura »
Evoquant les risques qui pèsent sur tous les pays voisins du Mali, l’étude soutient que « les récents attentats de Ouagadougou ont définitivement signé la fin des exceptions en Afrique de l’Ouest et ont confirmé l’hypothèse selon laquelle la menace qui pèse sur les pays de la région ne peut plus s’évaluer suivant des critères et facteurs strictement externes ».
Sur le terrain, « les signes inquiétants se suivent et se ressemblent. Il y a, aujourd’hui, autant de signes d’une tension dans un contexte d’aggravation du radicalisme religieux pour un pays ayant été déjà affecté par le djihadisme conquérant », avertit la Lettre de l’Observatoire.
« Certes les risques sont là et les incertitudes aussi », rappelle Bakary Sambe pour qui « le scénario du pire et non moins probable serait une radicalisation par réaction de l’islam soufi traditionnel qui a longtemps servi de levier d’équilibre dans un pays de plus en plus fragilisé par une crise sécuritaire qui dure ».
Les experts de Timbuktu Institute en concluent que « Le Mali est loin de sortir de la crise politico-sécuritaire qui le ronge depuis 2012 et voilà que des signes avant-coureurs d’une éruption socioreligieuse viennent assombrir les perspectives d’une paix ne serait-ce que temporaire » et qu’ «au milieu de cet imbroglio politico-sécuritaire, la réinsertion des anciens combattants rebelles, l’intégration de certains d’entre eux dans les forces nationales comme le processus de réconciliation que l’ONU voudrait accélérer se heurtent, encore, à de nombreux écueils »