Le président américain Barack Obama, dans une série d’entretiens avec le magazine The Atlantic, revient sur le bilan de la politique étrangère américaine.
Parmi les sujets abordés avec le journaliste Jeffrey Goldberg, il revient bien évidemment sur la Libye et notamment l’intervention menée avec la France et le Royaume-Uni en 2011. Le président américain emploie le terme de «désordre» avec le journaliste, mais en privé, il parle de «merdier» (shit show, ndlr), assure Jeffrey Goldberg. Un bourbier qu’il attribue moins à l’incompétence américaine qu’à la passivité de ses alliés.
Dans ces entretiens, Obama critique avec véhémence certains alliés des Etats-Unis comme la France et le Royaume-Uni. Il les qualifie de «passagers clandestins», leur reprochant d’avoir entraîné l’Amérique dans l’intervention de 2011 en Libye sans investir ensuite suffisamment dans la reconstruction du pays. «C’est devenu une habitude ces dernières décennies dans ce genre de circonstances, déclare le président, des gens qui nous poussent à agir mais qui ensuite ne sont pas du tout prêts à s’engager». «Quand je regarde en arrière et que je me demande ce qui n’a pas marché, confie Obama, j’admets qu’il y a des critiques à faire, parce que j’espérais que les Européens, étant donné leur proximité avec la Libye, seraient plus impliqués dans le suivi» de ce pays. Le locataire de la Maison-Blanche souligne que Nicolas Sarkozy a perdu son poste l’année suivante tandis que le Premier ministre britannique, David Cameron, a rapidement cessé d’accorder de l’attention à la Libye, «distrait par une série d’autres choses». «Sarkozy voulait claironner la participation de la France à la campagne aérienne, alors que nous avions détruit toutes les défenses aériennes et assuré l’essentiel de l’infrastructure» de l’intervention. L’intervention en Libye «n’a pas marché», affirme cependant sans ambages Barack Obama. Même si l’opération a été, selon lui, bien préparée par les Américains et a sans doute évité une longue et sanglante guerre civile, «la Libye est une pagaille». Une pagaille qui, depuis, met en péril toute la région. Le pire est qu’aujourd’hui, certains pays veulent l’aggraver.