Deux Casques bleus de l’ONU au Mali ont été tués samedi soir et un troisième blessé par un de leurs camarades, a annoncé dimanche la Mission de l’ONU dans le pays (Minusma), moins de trois semaines après un incident similaire.
"Hier vers 19H00 (samedi, même heure GMT) un tragique incident s’est déroulé dans le camp de la Minusma à Tessalit, région de Kidal, lorsqu’un Casque bleu a tiré sur trois de ses collègues. Deux morts sont à déplorer, un autre a été légèrement blessé", selon un communiqué de la Minusma.
"Le suspect a été arrêté, la sécurité dans le camp a été renforcée, une enquête permettra de déterminer les causes et circonstances exactes de l’incident", selon le texte.
L’auteur des tirs et ses trois camarades touchés appartiennent tous au contingent tchadien, a indiqué à l’AFP un militaire tchadien de la Minusma à Tessalit, faisant état de tensions entre la troupe et ses chefs.
"Le mois passé, des camarades ont été enfermés. On parle de discipline, mais nous, nous voulons que toutes nos primes soient payées", a déclaré ce militaire tchadien sous le couvert de l’anonymat.
Le 25 février, deux Casques bleus tchadiens avaient été tués dans le camp de la force de l’ONU à Kidal au cours de ce que la Minusma avait qualifié de "règlement de comptes entre individus".
Une source de sécurité au sein de la Minusma avait affirmé à l’AFP que l’auteur des tirs mortels était en conflit avec sa hiérarchie.
Une grogne est apparue au sein du contingent tchadien à Kidal et à Tessalit, selon la même source.
Des soldats tchadiens mécontents de leurs conditions de vie ou réclamant des arriérés de soldes avaient abandonné leurs positions en signe de protestation en septembre 2013 et en novembre 2014.
Avec plus de 1.151 militaires et policiers (sur un effectif total de près de 11.700 en décembre), le contingent tchadien est le troisième en nombre de la Minusma, derrière ceux du Burkina Faso (1.742) et du Bangladesh (1.725).
Le chef de la Minusma, Mahamat Saleh Annadif, en poste depuis janvier, est de nationalité tchadienne.Déployée depuis juillet 2013, elle est la mission de maintien de la paix de l’ONU la plus coûteuse en vies humaines depuis la Somalie en 1993-1995.La vaste région du nord du Mali était tombée en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda après la déroute de l’armée face à la rébellion à dominante touareg, d’abord alliée à ces groupes qui l’ont ensuite évincée.
Les jihadistes ont été dispersés et en grande partie chassés par une intervention internationale déclenchée en janvier 2013 à l’initiative de la France, et qui se poursuit actuellement.
Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes et étrangères, malgré la signature en mai-juin 2015 d’un accord de paix entre le gouvernement, les groupes pro-Bamako, et l’ex-rébellion, censé isoler définitivement les jihadistes.
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