Deux symboliques ont marqué la rencontre intercommunautaire de Gargando, dans le cercle de Goundam : le drapeau malien (vert-Or-rouge), a remplacé celui de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) ; des combattants de la CMA et des militaires du Mali ont chanté, main dans la main, l’hymne nationale de notre pays. C’était, le samedi dernier à Gargando, en présence du gouverneur de Tombouctou, Adama Kansaye et du chef de la tribu Kel Antessar de Tombouctou, Abdoul Majid Ag Mohamed Ahmad dit Nasser.
A l’initiative de la tribu des Kel Antessar, la rencontre intercommunautaire de Gargando a réuni, les 11 et 12 mars 2016, les communautés Kel Antessar, les sédentaires et les autres tribus alliées de toute la région de Tombouctou et de la diaspora. Maires, députés, chefs coutumiers et religieux, des réfugiés, des autorités politiques et administratives, des leaders d’opinion, n’ont ménagé aucun effort pour assister à la rencontre de la paix de Gargando, village touareg situé à une centaine de kilomètres au sud-ouest de la ville de Goundam.
Le drapeau malien flotte (enfin) sur Gargando
Aussi les forces armées maliennes et des combattants de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) étaient présents. Ils ont fait flotter, ensemble, le drapeau malien dans le village de Gargando, en lieu et place de celui de la CMA. Il y a quelques jours, ce geste serait qualifié « d’acte de guerre ». Aujourd’hui, c’est un symbole de paix et de réconciliation.
La symbolique est très forte. Elle ne laisse place à aucun doute. Les Kel Antessar, voire les touaregs de la région de Tombouctou, ont choisi la paix et la réconciliation. Les actes posés et les mots prononcés à Gargando, sont plus que rassurants. Qui l’aurait cru ? Militaires et rebelles ont chanté en chœur l’hymne nationale du Mali, en plein désert et loin de tout protocole. Par ces actes, les touaregs de la région de Tombouctou viennent de faire allégeance à la République du Mali.
Les Kel Antessar ont apparemment réussi leur pari ; le pari de la mobilisation et celui de la paix. Plus de 1000 participants sur une prévision de 500, ont répondu à l’appel de la communauté touarègue.
Pendant deux jours, ils ont débattu tous les sujets de préoccupation, notamment le retour des réfugiés ; la crise sécuritaire avec son lot de braquages et de violences ; la cohésion sociale, le vivre-ensemble, l’accord pour la paix et la réconciliation nationale, mais aussi et surtout, les questions de développement.
Les participants ont fait d’importantes recommandations dont, entre autres, la mise en œuvre « rapide » de l’accord pour la paix et la réconciliation ; le retour des réfugiés dans leurs localités respectives. La rencontre a exhorté le gouvernement à diligenter dans les meilleurs délais ces recommandations.
Les participants, qui ont condamné toutes les formes d’agressions et de violences dans les régions du nord, en particulier, sont venus de Tombouctou, Goundam, Léré, Bintagoungou, Issabéry, M’Bouna, Tin Aïcha, Essakane, Tilemsi, Razelma, Douékiré, Tonka, Adarmalane, Télé, Kaneye, Doukouria, Alzounoub, Gossi, de M’bara en Mauritanie et du Maroc.
Idrissa Maïga
GARGANDO (1)
Promesse d’eau potable non tenue !
Si la rencontre intercommunautaire de Gargando a été une réussite sur le plan politique, on ne peut pas dire au tant sur celui de l’organisation.
En effet, beaucoup de participants sont tombés malades à cause de la qualité de l’eau de cette localité. Pourtant, les organisateurs avaient prévu de circonscrire à cette défaillance, en sollicitant auprès des services de l’hydraulique un forage à pompe. La promesse faite à l’organisation n’a visiblement pas été tenue. Conséquence : les participants se sont contentés de l’eau de mauvaise qualité de Gargando.
GARGANDO (2)
Un village éclairé !
La rencontre intercommunautaire aura bien servi les populations de Gargando. Parce qu’à la fin de la rencontre, le samedi dernier, le village est resté éclairé par une dizaine de lampadaires solaires acquis par les organisateurs de la rencontre. Ces lampadaires sont acquis grâce à un projet du gouvernement dont le but est d’électrifier les localités qui n’ont pas accès à l’énergie électrique. Elles sont subventionnées par l’Etat à hauteur de 90%. Pour Gargando, ce sont les organisateurs qui ont payé la contrepartie de la population.
GARGANDO (3)
Un réseau téléphonique mobile, le temps d’une rencontre
Pour la couverture du réseau téléphonique, les organisateurs ont demandé le rétablissement du réseau des deux opérateurs (Malitel et Orange). Des réseaux qui ont fait l’objet de sabotage par les groupes armés du nord lors des combats.
Mais depuis la signature de l’accord de paix, les populations réclament le rétablissement des deux réseaux. En vain !
Avec la rencontre de Gargando, les populations des localités concernées (Bintagoungou, Issabéry, M’Bouna, Tin Aïcha, Adarmalane, Razelma, Gargando, Tilemsi, Alzounoub et Essakane), espéraient voir la fin de leur souffrance. Mais contre toute attente, elles n’ont eu droit qu’à un réseau mobile (Orange), uniquement pour le village de Gargando. Et cela, pendant les deux jours de la rencontre.