ALGER - Un émissaire du Japon était mercredi à Alger
pour demander des explications sur la mort de neuf Japonais et s`enquérir du
sort d`un autre porté disparu après la fin sanglante de la prise d`otages par
un commando islamiste la semaine dernière dans le Sahara algérien.
Dix-sept Japonais, salariés de l`entreprise de construction de complexes
chimiques et énergétiques JGC, travaillaient sur le site gazier d`In Amenas
(1.300 km au sud-est d`Alger), contre lequel un assaut des forces spéciales
algériennes a mis fin samedi à une prise d`otages de quatre jours.
Un bilan provisoire officiel a fait état de 37 otages étrangers, dont de
nombreux occidentaux et asiatiques, ainsi qu`un otage algérien tués, de même
que 29 assaillants abattus et trois arrêtés. Néanmoins plusieurs personnes
sont toujours portées disparues et plusieurs morts n`ont pas encore été
identifiés.
A Tokyo, le gouvernement a confirmé un nouveau bilan de neuf morts
Japonais, en estimant que "le recours à la violence ne peut en aucun cas être
toléré" et en condamnant "fermement les actes terroristes".
Il a assuré qu`il poursuivrait ses efforts pour connaître le sort du
dernier Japonais manquant, et souhaité savoir dans quelles circonstances sont
morts les neuf autres. Le Premier ministre Shinzo Abe avait critiqué l`assaut
de l`armée en soulignant que la priorité aurait dû être donnée à la vie des
otages.
Dépêché à Alger, l`émissaire japonais Shunichi Suzuki, un vice-ministre des
Affaires étrangères, a rencontré le Premier ministre Abdelmalek Sellal et le
chef de la diplomatie Mourad Medelci.
Les images des corps de cinq Japonais, prises par un employé et visionnées
par l`AFP, montraient que les victimes avaient été tuées de balles dans la
tête, leur crâne étant à moitié défoncés par l`impact.
Les dépouilles des Japonais tués, ainsi que les sept rescapés, doivent être
rapatriés, probablement jeudi, dans un avion gouvernemental japonais.
La Norvège, également sans nouvelles de cinq ressortissants, a imputé la
responsabilité de cette tragédie aux seuls "terroristes". "Nous avons veillé à
ne pas tirer de conclusions sur la gestion de la situation par les autorités
algériennes", a dit le Premier ministre Jens Stoltenberg.
Un des membres du commando, appelé "Ziad", était un ancien chauffeur dans
le complexe gazier, selon les autorités. Selon une source sécuritaire, il a
"démissionné il y a un an". Deux autres assaillants, "les Canadiens", sont des
"binationaux arabes", a-t-elle ajouté.
Le commando était formé de trois Algériens, de Canadiens, d`Egyptiens, de
Maliens, de Nigériens, d`un Mauritanien et de onze Tunisiens, selon des
sources officielles.
Son chef, l`Algérien Mohamed Amine Bencheneb, a été tué pendant l`assaut.
Il était l`auteur du rapt en octobre 2011 de deux coopérants espagnols et
d`une Italienne, enlevés dans un camp de réfugiés sahraouis près de Tindouf
(sud-ouest de l`Algérie) et relâchés en juillet dernier.
Les armes utilisées par les ravisseurs avaient été achetées par le chef
algérien du commando à des rebelles libyens de Zenten (sud-ouest de la Libye)
selon des informations obtenues lors de l`interrogatoire des assaillants
détenus, selon le quotidien algérien Echorouk.
Les forces spéciales avaient lancé au moins deux assauts, l`un le 17
janvier pour libérer les otages retenus dans la zone d`hébergement du
complexe, l`autre le 19 janvier contre l`usine où étaient retranchés des
assaillants avec sept otages étrangers, abattus par leurs ravisseurs.
Huit militaires ont été blessés, selon le ministère de la Défense.
L`agence japonaise Kyodo a publié les premières images du début de la prise
d`otages, des clichés étonnants: on y voit des islamistes armés déambuler
tranquillement, l`atmosphère semble presque détendue, en tout cas loin de la
terreur à venir.