PARIS - Préoccupée des risques d`exactions à l`égard de
la population, la France a donné "des consignes" à ses troupes pour éviter que
de tels actes puissent être perpétrés par des soldats maliens dans les zones
du Mali reconquises par les forces maliennes.
"Il faut être extrêmement vigilant", a martelé le ministre de la Défense,
Jean-Yves Le Drian, à l`émission "Politiques" (France 24/RFI/L`Express),
appelant les officiers maliens à empêcher tout acte de vengeance de leurs
troupes.
"Il y a des risques", a-t-il souligné, sans confirmer la réalité de tels
actes de représailles, à l`encontre notamment des populations arabe et touareg.
La fédération internationale des droits de l`homme (FIDH) a accusé mercredi
des soldats maliens d`avoir perpétré "une série d`exécutions sommaires",
notamment dans un camp militaire de l`armée malienne situé à Sévaré (centre),
où au moins onze personnes auraient été exécutées.
Le risque d`actes de vengeance de la part de soldats maliens est le "souci
numéro 1" des autorités françaises, souligne un haut responsable de la défense.
Le colonel Thierry Burkhard, porte-parole de l`état-major, a affirmé pour
sa part qu`"à ce stade", il n`avait "aucune indication qui permette de
confirmer" de tels agissements.
Des "consignes permanentes d`intervention et de sensibilisation" ont été
données aux soldats français, a-t-il souligné au cours d`un point de presse :
"Le problème nous préoccupe", "si on était témoin" de tels actes "on
interviendrait".
Tout en soulignant qu`il s`agissait d`un sujet "extrêmement sensible", il a
rappelé les dimensions très importantes de la zone de conflit et le nombre
limité de soldats français - environ 450 - déployés dans cette région. "On
peut comprendre qu`on ne soit pas en mesure de tout voir et tout savoir",
a-t-il dit.
Les autorités françaises sont très sensibilisées à ce type de situation,
depuis que plusieurs plaintes pour complicité de génocide et de crimes contre
l`humanité ont visées dans les années 2000 des militaires français engagés en
1994 dans l`opération Turquoise au Rwanda.
"La crainte d`exactions est l`une de nos principales préoccupations. C`est
un gros souci", souligne-t-on dans l`entourage du ministre de la Défense. Des
dispositions ont notamment été prises pour que toute information allant dans
ce sens remonte rapidement aux responsables des unités.
Certaines unités maliennes qui ont repris des localités comme Diabali et
Douentza lundi, sont accompagnées de militaires français. Une présence
susceptible d`éviter que des abus soient commis contre des personnes accusées
d`avoir pris le parti des combattants islamistes qui ont occupé la zone.
Les exactions viseraient particulièrement les communautés arabe et touareg,
très largement majoritaires au sein des groupes islamistes armés.
La FIDH a réclamé mercredi la création "immédiate" d`une commission
d`enquête indépendante sur les agissements de l`armée malienne. Dans la région
de Niono (centre), deux Maliens d`origine touareg auraient, selon elle,
également été exécutés par des soldats maliens.
Interrogé sur la possibilité de poursuites contre des militaires français
en cas d`exactions commises par des soldats maliens, Didier Rebut, spécialiste
de droit pénal, estime qu`"il pourrait y avoir des plaintes déposées en France
par des personnes qui estiment être victimes de ces exactions". La suite qui
pourrait être donnée à de telles plaintes reste selon lui incertaine.