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La stratégie des militaires français au Mali
Publié le jeudi 24 janvier 2013  |  Lefigaro.fr


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© Autre presse par EMA
les forces maliennes (FAMA) appuyées par les soldats français de l’opération Serval
Le 21 janvier 2013, les forces maliennes (FAMA) appuyées par les soldats français de l’opération Serval ont repris aux terroristes les villes de Diabaly et de Duentza. Cette conquête permet désormais, en complément du dispositif en place aux alentours des villes de Mopti et de Sévaré depuis le 19 janvier 2012, de couvrir l’accès vers la capitale malienne et d’empêcher les groupes terroristes de menacer le Sud du Mali.


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Les roues des blindés Sagaie écrasent les arbustes. La petite colonne de l'armée française quitte lentement l'aéroport de Sévaré. Quelques cen­taines de mètres et c'est la brousse. Le détachement n'ira pas loin. Sur un promontoire rocheux, cinq soldats maliens, autour d'une tente, regardent l'horizon. Sous l'ordre du capitaine, les Sagaie manœuvrent, cherchent des angles de tir pour parer une éventuelle mais improbable attaque. Il faut tout de même trouver des positions pour défendre l'aéroport, l'unique de la région, situé à plus de 700 km de Bamako.

En attaquant par surprise Konna, à 70 km de là, les islamistes avaient sans doute pour objectif de s'emparer de l'aéroport. Les Mirage ne leur ont pas laissé le loisir de mettre leur plan à exécution. «Sévaré est un verrou stratégique. Il y a, bien sûr, l'aéroport. Mais c'est aussi une ville importante pour le contrôle des routes qui conduisent de l'Est vers Bamako», explique le commandant Sébastien. L'officier est arrivé dans la cité samedi avec un détachement blindé. Chaque jour ou presque, d'autres hommes, d'autres véhicules atterrissent pour renforcer l'unité le plus à l'est de l'opération «Serval». Selon le quotidien Les Échos, la France se prépare à l'envoi de chars Leclerc.


Lentement, la stratégie française au Mali se dessine. Se rendre, dans un premier temps, maître de la rive sud du fleuve Niger, du «pays utile» et bloquer les infiltrations ou rezzou islamistes, ces attaques à bord de 4 × 4 en provenance du Nord. L'un des premiers objectifs, vite atteint, fut de sécuriser Markala, alors sous la menace d'un autre raid du Mujao, venu de Diabali, à une centaine de kilomètres au nord. Merkala possède l'un des deux ponts qui permettent de franchir le Niger en aval de Bamako. L'autre se situe à Gao, toujours aux mains des islamistes, mais bien plus à l'est. Les grands bacs, capables de porter une dizaine de voitures sur l'immense fleuve, ont été placés sous haute surveillance. Des avions patrouillent au-dessus des trois ports fluviaux de Bourem, Gourma-Rharous et Massina. Ordre est donné aux bacs de rester amarrés sur la rive sud, sous peine d'être immédiatement détruits. «De ce côté-là, on est tran­quille», indique un officier.

Pour repasser à l'offensive, et contourner le dispositif, le Mujao dispose encore de quelques possibilités. «Ils peuvent passer depuis Tombouctou par les routes qui traversent le nord de la Mauritanie, une région mal surveillée, puis foncer au sud», glisse un expert. Les islamistes pourraient alors rejoindre la forêt de Wagadou, où des groupes, sans doute dépendants d'Ansar Dine, ont été signalés. Ils pourraient aussi, à l'est, tenter de passer sous Sévaré. «Ce sont des routes difficiles, mais c'est une possibilité que nous surveillons», détaille le commandant Sébastien.

«Pour contrer ces velléités, les troupes maliennes, appuyées par les forces spéciales françaises et l'aviation, progressent sur ces deux axes, rappelle le commandant. Nous devons pour notre part sécuriser le terrain derrière les troupes maliennes.» La progression vers Douentza, un verrou, pourrait être plus délicate que les étapes précédentes. La route traverse le plateau dogon, une zone montagneuse où des groupes islamistes sont cachés. Selon un officier malien, il est cependant impossible de savoir si «ces petits partis de quelques hommes» sont des combattants perdus dans la débandade ou «des groupes décidés à tendre des embuscades».

Ensuite, les villes de Gao et de Tombouctou seront sans doute les objectifs. «Les choses sérieuses vont alors commencer», souligne le commandant Sébastien. Les batailles pourraient être plus âpres, et surtout, les troupes françaises et africaines se trouveront mêlées à une population dont une partie au moins a clairement adhéré aux combats des Touaregs. Les stratèges redoutent alors des attentats, notamment les IED, des bombes artisanales posées au bord de la route et capables de faire de gros dégâts. La présence de spécialistes de ce genre d'engins a été signalée à Tombouctou en provenance d'Algérie et de Libye. Deux bouteilles de gaz ont déjà été trouvées près de Konna. Le front sera aussi nettement plus large. «Dans le désert, cela va s'ouvrir comme un entonnoir. Les troupes maliennes ne pourront pas bloquer toutes les infiltrations, et il se peut dès lors que nous nous retrouvions au contact direct des adversaires», analyse un colonel français.

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