Ce sont des responsables du Syndicat national des commerçants détaillants du Mali (Synacodem) très amers qui ont rencontré la presse hier mercredi 16 mars à leur siège. L’objectif de cette rencontre était d’informer l’opinion nationale et internationale des mesures d’austérité que la Chine a prises à leur encontre.
Ladite conférence était animée par le Président du Synacodem, Cheick Oumar Sacko, assisté de plusieurs de ses lieutenants. Campant le décor, Cheick Oumar Sacko dira que l’objectif de cette conférence de presse est d’informer les hommes de média de la fermeture du marché chinois aux opérateurs économiques maliens. Selon lui, cela est dû au fait que les Chinois veulent envahir le marché malien.
Le Président Sacko pense que 80 à 90% des commerçants maliens s’approvisionnent en Chine. Selon lui, c’est la deuxième fois que la Chine tente d’imposer des mesures de restriction aux commerçants maliens. En 2007, ils avaient demandé que tout commerçant désirant se rendre en Chine bloque la somme de 3 millions de FCFA dans une banque et se procure un billet d’avion auprès d’une agence que les Chinois lui auraient indiquée. A l’époque, les autorités ont trouvé une solution à ces mesures. Mais cette fois-ci, ils reviennent à la charge en exigeant des commerçants maliens qu’ils aient des lettres d’invitation de leurs fournisseurs en Chine, qui doivent également se faire agréer par les autorités chinoises. Mieux encore, les Chinois ne veulent pas que cette demande soit envoyée par courriel, mais fournie en copie dure avec un cachet original. Cela suppose que le fournisseur doit poster la lettre d’invitation, ce qui engendre beaucoup de pertes de temps et des tracasseries, a dit le Président.
Il ajoutera que, comme cela ne suffisait pas, cette demande ne donne droit qu’à un mois de séjour sur le sol chinois. « Que vous ayez fini ou pas, vous devez quitter le sol chinois et revenir au Mali pour renouveler la lettre d’invitation», a-t-il regretté. Ceci est impensable, car les commerçants n’ont pas les moyens de débourser chaque fois un million de francs CFA pour aller en Chine.
Cheick Oumar Sacko affirme que le seul argument que les Chinois avancent est la menace terroriste, mais c’est une mesure d’interdiction à peine voilée. Il soutient également que le Mali est le seul pays victime de cette mesure dans la sous-région.
Il va plus loin en indiquant que par cette restriction de voyage, la Chine, «en plus des gros contrats dont elle bénéficie chez nous, veut nous imposer de nous ravitailler chez leurs opérateurs économiques qui sont en route pour le Mali».
Face à la situation, le Syncdem, selon son premier responsable, a frappé à toutes les portes pour faire annuler ces mesures, sans succès. Les autorités nationales joueraient à la sourde oreille. Donc, il préconise que l’Etat prenne ses responsabilités en retirant tous les marchés dont les Chinois bénéficient dans notre pays. Sinon, ils sont prêts à marcher sur tous investissements chinois de la place, comme ce fut le cas au Sénégal. Espérons que cette menace ne tombe pas dans l’oreille d’un sourd.
Harber MAIGA