Selon un article paru sur Maliactu.net, le 9 mars 2016, des hommes armés soupçonnés d’avoir voulu attaquer l’armée malienne lundi dans le sud du pays, près des frontières ivoiriennes et burkinabé, étaient en réalité des policiers maliens se livrant au racket. L’article citait comme source un député et une source municipale qui ont parlé à l’AFP. « En réalité, lundi, l’armée a eu affaire à des policiers à Misséni. Ils revenaient d’une opération de racket d’habitants », avait déclaré à l’AFP Bréhima Béridogo, député du parti pour la renaissance nationale (opposition), élu de la localité de Kadiolo, dont dépend le village où les faits se sont déroulés. « Arrivés au niveau du camp militaire, ils étaient camouflés dans des blousons civils.
L’armée, pensant à des assaillants, a ouvert le feu. Mais il n’y a pas eu de victimes », a ajouté M. Béridogo. Deux jours avant, (lundi 7), une source militaire malienne avait affirmé à l’AFP que des hommes armés avaient tenté sans succès d’attaquer un camp de l’armée à Misséni, avant d’être repoussés, un accrochage qui n’avait pas fait de victime. Le maire de la localité avait de son côté affirmé que les assaillants venaient de Côte d’Ivoire, où ils étaient repartis. Mercredi, l’édile a confirmé qu’il s’agissait de « policiers maliens qui étaient allés camouflés en civils vers la frontière ivoirienne et ont repris la même direction dès que l’armée a ouvert le feu ». En juin 2015, la localité de Misséni avait été attaquée par des jihadistes présumés qui avaient tué un militaire malien.
De sa localité où il est depuis plusieurs jours, comme à son habitude pour la restitution des travaux parlementaires, le député du Parena Bréhima Béridogo apporte d’avantages de précision, en répondant à la question pourquoi des policiers racketteurs se sont aventurés aussi près du camp de Misséni ? Selon le député, « le chemin du retour passe par le camp ou à côté du camp pour être précis. Ce jour là, certains les ont pris pour des jihadistes et ont informé le camp. A Misséni, il y a un poste de police frontière, des policiers y sont affectés pour une semaine. Mais une fois sur les lieux, ils abandonnent le poste pour prendre les chemins des villages, des sites d'orpaillage et même des champs en hivernage. Il faut payer pour passer. Ils ont l'habitude de garder des malades se rendant au CESCOM parce qu'ils n'avaient pas les moyens de payer. Et souvent, le citoyen est interpelé par un seul élément en pleine brousse.
Ce ne sont pas des rumeurs ce sont les populations qui s'en plaignent devant eux (les représentants du commissariat) lors de mes restitutions comme le mercredi 17 février à Misséni et le samedi 20 à Kadiolo », explique le député du Parena. Il y a eu récemment une vague de mutation au niveau de la police. La plupart de tous ceux qui ont été mutés de Kadiolo ont tout fait pour revenir, selon le député. « C'est leur Eldorado ici, ils l'appellent "l'Espagne". C’est-à-dire qu'à l'instar des candidats à l'exode dont le désir est d'atteindre l'Espagne, le leur est Kadiolo, une population docile et corvéable à merci », témoigne l’élu du peuple.
Quant à l'incident du camp, le maire de Misséni dit qu’il s’agissait des éléments nouvellement mutés à Kadiolo qui se sont égarés. Mais le problème est qu'il n'y a pas de possibilité de se perdre entre Kadiolo et Misséni, une voie droite sans détour, il ne lui manque que le bitume, explique Béridogo.
Le député confond le commissariat
« La version officielle du commissariat a été qu'ils étaient en route pour le poste de Bia. Le problème là aussi, est qu'il n'y a pas de poste de police à Bia, c'est un site d'orpaillage, où on rançonne à souhait. Dans la commune de Misséni, il n’y a que deux postes : Misséni et Kalè. Ayons donc le courage de voir les choses en face : ils étaient partis ce jour pour racketter et il y a eu ce malheureux incident qu'on essaye de camoufler », poursuit l’honorable député. Selon le député un lieu de prédilection de ces éléments des forces de sécurité, pour se livrer au rançonnage serait « au niveau du pont de Zéguédougou, un passage obligatoire pour atteindre Misséni. A ce niveau, il faut donner non seulement la "part" de la police mais aussi celle de la gendarmerie ». Le député du Parena a appelé à dénoncer ce fléau, « une des principales causes de la pauvreté, mettons y fin pour qu'on puisse se développer, et c'est bel et bien possible », croit-il.