Plusieurs problèmes ont été soulevés parmi lesquels le passage au numérique, la concurrence déloyale et le non respect des textes. Située dans l’enceinte du CGSP à l’ACI 2000, la Haute autorité de la communication (HAC) est entrée de plain pied dans l’exercice de son mandat en rencontrant cette semaine les différentes corporations intervenant dans le secteur des médias. Hier, le président de la HAC, Fodié Touré, et son staff ont poursuivi leur série de rencontres sectorielles en accueillant les représentants des associations patronales des médias audiovisuels. La veille, la HAC avait successivement discuté avec les associations patronales de la presse et les associations de la communication. La série des rencontres s’achève aujourd’hui avec les associations professionnelles de journalistes.
La HAC souhaite mettre les associations au premier plan pour avoir une « approche spécialisée » des activités de chacune des composantes des médias. Il s’agit également pour Fodié Touré d’expliquer les missions de son organe aux médias. « Nous pensons que c’est un plus, parce que les relations doivent être plus précises. Chacun doit comprendre ses droits », a indiqué le président de la HAC. « La mission de régulation n’est pas seulement une mission de sanction, même si une régulation ne peut pas aller sans contrôle » a-t-il souligné. La HAC s’est fixée comme priorités la définition du cadre d’évolution des différents secteurs et l’élaboration des textes, notamment la finalisation du cahier de charges qui est en cours, depuis un quart de siècle, a précisé son président.
« Nous saluons cette initiative. A la Maison de la presse, le président de la HAC a prévu des rencontres sectorielles, nous pensons que cette démarche est pédagogique», a commenté Bandiougou Danté, le président de l’Union des radios télévisions libres du Mali (URTEL). Celui-ci souhaite privilégier une démarche démocratique en se rendant à la base pour recenser les préoccupations de ses structures de l’intérieur. « Notre premier objectif est d’organiser une journée d’information sur la HAC et des assemblées dans les régions. A la fin de ces rencontres, nous vous ferons part de nos préoccupations », a-t-il suggéré.
Du côté des sociétés privées de diffusion et de rediffusion des programmes de télévision, la principale préoccupation demeure le passage au numérique. « Nous avons travaillé pratiquement pendant cinq ans. Nous sommes toujours au point mort », regrette Ismaïla Sidibé du Groupe Africable Télévision, déplorant le blocage de la mise en œuvre de la plate-forme devant servir de projet pilote au Comité national de transition.
Les représentants de l’audiovisuel exhortent la HAC à prendre des dispositions pour arrêter la concurrence déloyale entretenue par certaines chaînes internationales qui, parfois, évoluent dans l’illégalité. Certains intervenants ont estimé que le Studio Tamani, financé par la Fondation Hirondelle, « ne doit pas se substituer » aux radios locales.
Mahamadou Diarra, coordinateur du réseau des radios Kayira, s’est interrogé sur la possibilité pour un promoteur de radio de créer une télévision privée. Oui, lui a répondu Fodié Touré, un promoteur de radio privée peut prétendre à l’obtention d’une fréquence sur le territoire où la radio est déjà installée.
Pour Ismaïla Sidibé, le secteur de l’audiovisuel est assez compliqué. « Avec l’avènement du satellite et de la TNT, les investissements sont énormes. La HAC doit prendre des dispositions pour protéger notre industrie », a dit le patron du Groupe Africable Télévision.
Au terme de la rencontre, les différentes associations patronales des médias audiovisuels ont reçu chacune cinq copies de convention pour les télévisions (commerciales et non commerciales), les radios (commerciales et non commerciales) et les distributeurs. Elles doivent examiner ces documents et faire parvenir leurs propositions à la HAC dans une semaine.
En répondant à ses interlocuteurs, Fodié Touré a abondé dans le même sens que le président de la Maison de la presse qui a souligné la nécessité d’assainir le secteur des médias. « Avec toute cette prolifération de l’audiovisuel (300 radios sans compter les télévisions privées), si on n’y prend garde, la quantité va prendre le pas sur la qualité », a-t-il averti. Il a précisé que son organe allait examiner les situations au cas par cas, afin que celles-ci soient conformes à la législation.
Avant de lever la séance, le président de la HAC a exprimé ses vives préoccupations face à l’agression de la famille du responsable du desk sports de Radio Klédu, Bacary Cissé. Il a jugé cet acte regrettable et condamnable. Il en est de même pour la disparition de notre confrère Birama Touré, ancien journaliste au « Le Sphinx ». Fodié Touré a assuré ses interlocuteurs que la HAC s’investira pour faire la lumière sur ces affaires.
B. M. SISSOKO