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Plainte contre IBK : L’agonie du système « la famille d’abord » ?
Publié le jeudi 17 mars 2016  |  L’aube
Rentrée
© aBamako.com par Momo
Rentrée politique du PARENA
Bamako, le 20 février 2016 le PARENA a tenu sa rentrée politique 2016 au Palais de la culture




Dans la bataille d’opinion pour vaincre la prédation des deniers publics et la mal gouvernance, tout citoyen a qualité pour agir. Dans ce sens, la plainte du Bloc d’intervention populaire et pacifique pour la réunification entière du Mali (Biprem-Fasoko), est un de ces actes qui participent à la construction de la citoyenneté sans considération de leurs auteurs. Au-delà de toutes les apparences, le Président sort littéralement ébranler dans l’épreuve qui l’oppose aux auteurs de la plainte qui ont su conquérir le peuple malien et l’opinion internationale.

Tout démocrate fait le constat amer dans sa lutte pour le progrès social que la concentration du pouvoir aux mains d’un seul homme ou de son clan sans contre-pouvoirs effectifs grippe le fonctionnement de toute démocratie et pousse à la perversion des institutions. Elle renforce l’éloignement du citoyen, qui ne s’y reconnaît plus, de la chose publique ou des institutions étatiques. Cela, d’autant plus qu’il ne dispose d’aucun moyen juridique pour peser de manière réelle sur les dysfonctionnements constatés.

Alors, dans le contexte qui est celui du Mali, que reste-il au citoyen comme moyen d’action ? Des actions citoyennes en dehors de toutes fioritures juridiques ! Dénier ce droit à un citoyen, c’est tuer l’esprit civique, c’est l’inviter à la violence.



Sous ce rapport, pourquoi tant de bruits contre le Biprem-Fasoko pour si peu ? Le pouvoir a-t-il perdu pied devant une tempête dans un verre d’eau ?

Que c’est amusant de lire les sottisiers des titres de ces derniers jours à propos de la plainte contre le Président IBK. Pour un non-événement, comme le disent les thuriféraires et autres soutiens alimentaires, le pouvoir IBK a mobilisé sa cour et l’arrière-cour pour répondre à un « tract ». Bizarre non ? Une armée d’obligés est lancée dans la nature, chaque soldat rivalisant d’inspirations pour défendre celui qui est accusé d’avoir bradé son pays et compromis sa nation. Même l’auguste Haute Cour de Justice serait sortie de son professionnalisme présumé en qualifiant la plainte qui lui est soumise de « tract ». En avait-elle besoin à cette étape ?
Ce faisant, comme une piqure de rappel, elle renvoie les Maliens à l’image donnée du pays après les propos tenus à Paris lors de la fameuse visite d’Etat.

Alors, une déclaration dument signée des partis politiques légalement constitués était qualifiée de « tract ». Maintenant, une plainte formulée par une association légalement constituée serait aussi un tract tant qu’elle accuse et dénonce ce que tout le monde convient au Mali que c’est la prédation des ressources publiques. Comme par enchantement, le « tract » serait devenu le seul moyen d’expression de tous ceux qui ne sont pas d’accord avec la gouvernance en cours, la prévarication et la prédation des ressources du pays.

Fallait-il qualifier « ATT-cratie » de tract ? Ces auteurs bien connus, identifiés, aujourd’hui au pouvoir n’ont pas eu le privilège d’entendre la victime de l’époque prononcer ce qualificatif. L’homme s’est bien gardé d’exprimer toute opinion sur ce torchon. Mieux, il avait interdit à quiconque se réclamant de lui d’y répondre. En homme d’Etat, il n’avait de pensée que pour le Mali, sa grandeur et sa stabilité. Faut-il commencer par le présent tract que vous lisez, par souligner que personne ne déteste IBK, mais qu’on le condamne pour sa mauvaise gouvernance. Il en est de même de la « Famille », parce que cette cellule de l’ombre qui est accusée de faire et défaire les carrières et les contrats, n’existe nulle part dans les institutions républicaines de notre pays, mais sa présence semble une réalité et une des causes du dysfonctionnement, de l’immobilisme et de la corruption intérieure de nos institutions.
Par-delà toutes les apparences, la boucle du système mis en place par le clan semble se refermer sur lui-même. Et la grande frayeur créée par la plainte du Biprem-Fasoko en donne la preuve. La mobilisation de tous les segments de la galaxie faisant foi, il ne reste plus de réserve sociale en soutien après les sorties enregistrées.

La lente agonie du système-famille est si perceptible que des corbeaux exclus du cercle croassent de plus en plus. C’est vrai que la vieille rengaine « Pour l’honneur du Mali ! Pour le bonheur des Maliens ! » a tourné court parce que le pays n’a jamais été aussi profondément blessé et humilié que par les actes posés par ses dirigeants. La fuite en avant du régime-et les discours populistes et faciles qui le portaient-vient de refermer son parcours pour retomber piteusement dans la case de départ, celle où l’on s’aperçoit que tout est à recommencer, parce que les Maliens auront tout compris.

Deux années et demie de pilotage à vue et de distraction politique reposant sur la dilapidation sans compter des maigres ressources du pays ont fini par rattraper le système à la source.
L’immobilisme insouciant du régime et son penchant irrésistible à recourir aux solutions faciles et inefficaces ont fini par désespérer le pays. Le système est dépassé par ses propres turpitudes, il est son propre fossoyeur, sa solitude et sa lente agonie ne font que se confirmer jour après jour.



Que dire des soutiens devenus opposants de nuit ?

Le système-famille mis en place est antinomique à toutes valeurs républicaines et les valeurs positives de notre société, il n’a engendré que des anormalités, voire de la débauche politique à tous les niveaux y compris la création en son sein de pseudo-opposants qui, tout en sous-traitant et courtisant le régime, avalisent et cautionnent sa politique de gabegie et de prévarication et ses errements politiques, en continuant à le discréditer dans tous les recoins de Bamako et du Mali. C’est aujourd’hui courant de voir des courtisans officiels du chef de l’Etat, se découvrir les nuits dans les salons et autres clubs privés des vertus de pourfendeurs du système, sans s’interroger sur leurs propres responsabilités dans son avènement et ses penchants.
Chacun a pu rencontrer ou connaitre des partisans de premier plan de IBK et de sa politique qui s’amusent à jouer à l’opposition la nuit et au soutien politique le jour. Une spécificité bien malienne !
Le fait est que, tous ces bavardages sont le signe révélateur d’un pourrissement et d’une déconfiture achevée du système de « la famille d’abord ». Les opposants de circonstance ou les soutiens de jour, ont fini de ruiner sa crédibilité.

En tout état de cause, l’acte de la plainte du Bloc d’intervention populaire et pacifique pour la réunification entière du Mali (Biprem-Fasoko) invite le pays à ouvrir un débat plus réaliste et plus conforme à l’intérêt national sur la responsabilité pénale du Président de la République.

Souleymane Koné

Ancien Ambassadeur
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