Il faut rappeler que la création de ces deux régions a été faite par la même loi votée le 7 janvier 2012 par l’Assemblée Nationale. C’était sous le régime d’ATT, à deux mois de sa chute. Les raisons évoquées par le Ministre de l’Administration Territoriale et des Collectivités de l’époque en la personne du Général Kafougouna KONE était relatives au fait que ces populations se sentaient plus Mauritaniens, Sahraouies, Algériennes et Nigériennes que maliennes. Aucun symbole de l’Etat n’était présent sur place ; pas d’administration quotidienne, zones non couvertes par la radio Nationale ou Régionale etc…
La rébellion de 2012, aidant ainsi que la signature de l’Accord d’Alger en Mai 2015, ces populations ont forcé le calendrier de l’Etat, pour prendre en compte, la nomination de leurs gouverneurs respectifs, comme une action prioritaire, laissant au coin de la rue, les dix autres nouvelles régions à savoir (Douentza, Nioro, Nara, Kita, Bougouni Dioila, Bandiagara, Koutiala, San et Ghourma-Rharouss). Depuis les nominations de ces deux gouverneurs, on assiste à des soirées de bonnes civilités, avec des dîners copieux, des soirées d’arrosage etc…. Le plus souvent ces soirées sont présidées par les Députés et les Chefs politiques ou militaires de la coordination des Mouvements de l’Azawad. De nombreux invités parmi lesquels le corps diplomatique protecteur des responsables de la rébellion, et le Ministre de la Réconciliation se prêtent à ce jeu moqueur. Comme pour faire comprendre aux populations des dix autres nouvelles régions, que nous fêtons la future République de l’Azawad parce que nous l’avons eu au bout du fusil. Et tout ce qu’on acquiert par la guerre, on se l’approprie définitivement, car il faut une autre guerre pour ce faire, l’adversaire n’est plus préparé pour cela. Au même moment les comités voire des cellules de la CMA et de la Plate forme sont entrain d’être mises en place dans toutes les collectivités du Nord. Parce qu’ils ont compris que la part du lion dans l’accord d’Alger 2015, reviendrait forcement aux groupes armés ; à qui l’Etat vient d’offrir le Nord, tout en leur donnant la possibilité de s’ériger en partis politiques avant les échéances futures. Il faudrait donc s’attendre à ce que l’autodétermination réclamée à corps et à cri par le MNLA, intervienne par la suite. Cela est bien fait pour les autres populations du Mali, qui ont même peur de réclamer leurs dûs au gouvernement en place qui fait semblant d’oublier celles qui les ont mis dans ces différentes positions administratives et politiques. Comment peut-on comprendre que des régions soient créées par ATT depuis 2012 et que le régime pour lequel vous avez voté à 78% refuse de matérialiser ces créations par des nominations de gouverneurs et le fasse sous la pression de ceux même qui ont pris les armes contre la Patrie ? Je suis d’accord que la décentralisation soit un nouveau concept car à peine elle a 20 ans, et tout nouveau concept est ambivalent. On a généralement autant de raisons de le mettre en marche que d’être prudent. Quand on invente le train, on invente aussi le déraillement. Toute progression est en même temps une régression. Ne pas vouloir des inconvénients, c’est inévitablement se priver des avantages. De quoi risquons-nous de nous priver si nous ne faisons rien ? Le gouvernement de Modibo III doit répondre à cela car un Etat fort est renforcé par la décentralisation intelligente. Un Etat décentralisé n’est pas un Etat fédéralisé. Les populations, les responsables, et les chefs de village de la nouvelle région de Bougouni ont bien compris le message. C’est la raison pour laquelle, ils ont commencé à mettre la pression sur le régime actuel. La liberté ne se donne pas, elle s’arrache. Si I.B.K veut remplir en 2018, la conditionnalité pour les populations est la matérialisation des dix nouvelles régions. S’il veut attendre 2018 pour leur promettre la mise en place des gouverneurs, ça sera peine perdue, car pour ces populations le premier con n’est pas con, c’est le deuxième con qui est vraiment con.