Après des échauffourées qui ont sérieusement secoué la ville de Bamako, les responsables de la Coalition patriotique pour le Mali (COPAM) et associés ont démarré, hier lundi, les travaux de leur Convention, au CICB.
Les travaux, qui dureront deux jours (hier et aujourd’hui), vont aboutir à la désignation d’un président qui va conduire les destinées du pays jusqu’à l’élection d’un nouveau président de la République.
La cérémonie d’ouverture des travaux, présidée par Hamadoun Amion GUINDO, patron de la COPAM, a enregistré la présence de plusieurs responsables du mouvement, notamment: le Pr. Dialla KONATE de la CPM, le Dr Oumar MARIKO du MP-22, Younouss Hamèye DICKO, Fodé Mossa SIDIBE de la confrérie des chasseurs du Mali.
Y étaient également présents, les soufis du Mali sous la conduite de leur guide spirituel, Cheick Soufi Bilal DIALLO; Me Mamadou GAKOU, les représentants des ressortissants des 8 régions du pays, etc.
La convention, à laquelle étaient conviés 500 participants, a très vite dégénéré en mouvement populaire à travers une bonne partie de la ville, lorsque la salle de 1000 places du CICB n’était pas à mesure de contenir la foule.
Dès que les responsables de l’organisation ont décidé de choisir la cour du palais pour tenir la cérémonie d’ouverture, la foule a très tôt débordé. Certains, ne cherchant pas midi à 14 heures pour que Dioncounda TRAORE «Dégage», proposent de faire un tour à la Primature. Une proposition très vite acceptée. La cité ministérielle déborde également, les marcheurs prennent la route de Koulouba avec l’objectif de déloger celui qu’ils considèrent comme «imposé» par la CEDEAO.
A partir de la Primature, le mouvement est très rapidement tombé dans l’informel et l’anarchie, car dépourvu de toute coordination, chacun tire le fil de son côté.
Les manifestants scandaient entre autres: «Vive le Mali, vive la convention pour désigner les instances de la transition…».
Pendant ce temps, les initiateurs de la Convention sont restés au CICB pour réorganiser les travaux de leur initiative qui avait presque capoté.
Ils y réussiront après quelques heures de va-et-vient, car une bonne partie de la foule retournera en salle. Elle sera rejointe par des marcheurs revenues de la ville.
A l’ouverture, le président de la COPAM a soutenu que chaque citoyen malien mesurait la gravité de la situation.
La révolution de 1991 a été prise en otage par des responsables corrompus, a-t-il regretté.
Cette dictature d’une minorité de personnes qui s’est enrichie sur le dos du peuple a été balayée par des jeunes militaires, le 22 mars 2012, à travers un coup d’État.
Il y a lieu de faire l’état de la nation, capitaliser les acquis, relever les faiblesses pour repartir sur de nouvelles bases, selon lui.
«Plus jamais une minorité de Maliens ne défendra plus ses intérêts au détriment du peuple tout entier», a indiqué M. GUINDO.
Selon le Dr. Adama TRAORE, la convention va désigner le président du Mali, à l’issue de deux jours de travaux. Il s’agira de trouver un homme intègre.
«Sa légitimité ne souffrira d’aucun doute au regard de la mobilisation dont le public a fait preuve le matin et la qualité des participants», a-t-il déclaré.
Pour Dialla KONATE, le coup d’État du 22 mars a été salutaire pour avoir débarrassé les Maliens d’un drame dont personne mesure encore la portée.
La corruption, le népotisme, l’injustice avaient atteints un niveau inégalé dans notre pays, selon lui.
La Convention, selon le président de la CPM, ne se limitera pas à désigner un nouveau président, mais aussi le gouvernement qui ne reflète pas, dans sa configuration actuelle, l’aspiration du peuple. A l’issue des travaux, une nouvelle Assemblée nationale sera également désignée par les participants, à conclu le Pr. KONATE.
«Nous avons accepté de venir nous associer à la COPAM parce qu’il s’agit du dialogue pour construire la Mali», a confié Soufi Bilal DIALLO.
Toutefois, si la CEDEAO est à saluer pour ses efforts en faveur du Mali, il n’est pas inutile que les Maliens se mettent à table pour trouver une solution à leur propre problème, a-t-il soutenu.
Car, personne ne viendra faire ce pays à notre place, est-on convaincu.
«Même l’aide que nous recevons des partenaires a ses limites dans la construction du Mali», a indiqué M. DIALLO.
«Je suis convaincu que ces assises maliennes permettront de trouver une solution malienne à la crise du pays. Car, le Mali est le berceau de plusieurs civilisations dans notre sous-région. Il est honteux que les solutions à nos problèmes soient venues de l’étranger», a déploré le responsable religieux.
Quant à Fodé Mossa SIDIBE, il a rappelé, au nom de la confrérie des chasseurs, la tenue de la Charte de Kurukan Fuga, sur la terre malienne, à l’initiative des chasseurs, il y a 800 ans.
«Cela doit nous inspirer aujourd’hui», a-t-il invité.
Il a également fait savoir que les chasseurs de la sous-région sont prêts à répondre à l’appel de leurs homologues du Mali pour libérer le Mali.
«De la même manière que nous avons appuyé les chasseurs de Côte d’ivoire pour installer Allassane Dramane OUATTARA dans son fauteuil, les autres sont prêts à nous aider à nous délivrer», a-t-il conclu.