Modibo Keïta a déposé hier une gerbe de fleurs au pied du monument dédié au leader estudiantin décédé le 17 mars 1980, suite à son arrestation pour des mouvements de protestation que lui et ses autres camarades avaient menés
Le chef du gouvernement, Modibo Kéita a respecté la tradition en déposant hier au pied du monument dédié à Abdoul Karim Camara dit Cabral, une gerbe de fleurs. La cérémonie s’est déroulée à Hamdallaye en présence de certains membres du gouvernement dont le ministre de l’Education nationale, le Pr Kénékouo dit Barthélémy Togo et sa collègue de la Recherche scientifique, le Pr Assétou Founé Samaké Migan. On y notait aussi la présence du Pr Ali Nouhoum Diallo, ancien président de l’Assemblée nationale et un des grands animateurs du mouvement démocratique, de l’ancien ministre le Pr Tiémoko Sangaré et de plusieurs membres de l’Amicale des anciens militants et sympathisants de l’Union nationale des élèves et étudiants du Mali (AMS-UNEEM).
Il faut rappeler que Abdoul Karim Camara qui était étudiant à l’Ecole normale supérieure (ENSUP) au département de philo-pédagogie, est décédé le 17 mars 1980, suite à son arrestation pour les mouvements de protestation que lui et ses autres camarades avaient menés. Secrétaire général de l’Union nationale des élèves et étudiants du Mali (UNEEM), il se battait pour l’amélioration des conditions d’enseignement appropriées pour les élèves et étudiants.
Le secrétaire général de l’AMS-UNEEM, Oumar Arboncana Maïga qui a salué la présence du Premier ministre pour le dépôt de la gerbe de fleurs, a rappelé qu’Abdoul Karim Camara était considéré par ses camarades de lutte comme un héros national. Ce modèle d’homme, pétri de sa culture traditionnelle et qui a nourri des idéologies d’avant-garde de son époque, a péri sous la torture qui lui a été infligée. Abdoul Karim Camara qui n’a vécu que 25 ans demeure et doit demeurer un exemple vivant pour les jeunes générations présentes et à venir, a résumé le secrétaire général de l’AMS-UNEEM. Abdoul Karim Camara dit Cabral est mort pour des idéaux d’un Mali juste, de paix et surtout de partage. Il est mort pour l’école malienne, pour la nation malienne, a-t-il souligné. « Nous, ses compagnons, nous voulons que le sacrifice de Cabral ne soit pas vain et que le 17 mars soit consacré Journée du martyr, des héros nationaux, à savoir ceux qui ont donné leurs vies pour le Mali éternel », a souhaité Oumar Arboncana Maïga.
Il a saisi l’opportunité de ce 36è anniversaire pour présenter une doléance qui tient à cœur à sa famille et à tous les militants et sympathisants de l’AMS-UNEEM. A savoir que la lumière soit faite sur le lieu où repose enfin Cabral, afin que sa famille et ses camarades puissent lui offrir un deuil. « Nous voulons savoir où se trouve Cabral, depuis 36 ans. Nous en appelons au président de la République pour qu’il s’investisse personnellement, afin que le 37è anniversaire soit celui de la délivrance pour ses camarades d’infortune et de sa famille », a plaidé Oumar Arboncana Maïga. Avant d’ajouter que « c’est une exigence fondamentale pour la génération Cabral qui a connu trois années blanches d’affilée pour avoir simplement revendiqué une école performante et apaisée ».
L’école est notre crédo et notre raison d’être à l’instar de notre héros mort pour l’école, pour l’avenir des jeunes de son pays. Nous disons à nos cadets de l’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM) que pour nous, un leader estudiantin doit être plus un manipulateur de concepts, de formules, un dialecticien qu’un gros bras, un porteur d’armes. Nous leur disons qu’il est temps que l’école revienne à l’école, afin que les leaders soient des camarades intellectuellement et techniquement bien formés. Les responsables de classe, les leaders de l’AEEM doivent être choisis parmi les meilleurs, a conseillé le secrétaire général de l’AMS-UNEEM à l’adresse des jeunes élèves et étudiants d’aujourd’hui.
Revenant à l’actualité, l’AMS-UNEEM déplore l’absence de patriotisme qui est un des maux de notre société. Les valeurs patriotiques doivent être enseignées, célébrées. Les sacrifices pour le pays doivent être sanctifiés, afin que cela serve d’exemple ici et ailleurs. L’Amicale a, par ailleurs, rappelé que le Mali est une terre où les minorités ethniques cohabitent dans une harmonie empreinte de relations matrimoniales, économiques, culturelles, mais aussi administratives et politiques. Elle a souhaité que la conférence d’entente nationale soit organisée pour que tous ensemble nous puissions définir un nouveau contrat social, un nouveau pacte d’entente nationale au seul bénéfice de toutes les ethnies. L’AMS-UNEEM a salué les efforts déployés par les autorités pour atténuer les souffrances de notre peuple, malgré un contexte de crise sécuritaire aggravé. Enfin, l’Amicale partage l’idéal qui soutient que les grands peuples soient ceux qui, à travers les épreuves difficiles de l’existence, ont su taire leurs différences pour une cohésion en vue de relever les défis.
M. COULIBALY