Le pouvoir discrétionnaire de la Ministre de la Santé combattu, à tort, par son syndicat
Nommée à la tête du Département de la Santé et de l’Hygiène Publique en septembre 2015, le Dr. Marie Madeleine Togo qui est en terrain connu, s’est attelée, depuis, à mettre de l’ordre dans les hôpitaux et autres services sanitaires. Mais, le changement de cap voulu par Madame le ministre fait grincer des dents à certains qui se plaisent dans la chienlit actuelle qui sévit dans nos structures sanitaires. C’est ce qui expliquerait pour certains, cette campagne de dénigrement que mènent des individus tapis dans l’ombre, contre la ministre, dont le passé brillant à la tête de l’Hôpital Gabriel Touré lui a valu son retour en force au Gouvernement.
Faut-il le rappeler, selon le constat général, les hôpitaux publics maliens sont, de l’avis de la grande majorité de nos compatriotes, plus destinés aux pauvres qu’aux riches. Tout simplement, parce que les soins qui y sont prodigués sont souvent calamiteux, sans parler de l’accueil et des conditions d’hygiène qui laissent très souvent à désirer avec un peu de bémol pour l’Hôpital le Luxembourg qui montre des signes d’organisation avec le fichier médical des patients. Cependant tout le monde s’accorde à reconnaitre la qualité de la formation de certains de nos praticiens. Mais le constant amer est que ceux qui ont les moyens ont moins confiance en leurs talents et préfèrent plutôt aller se faire soigner dans les cliniques privées au Mali ou en dehors du pays.
Pour arrêter cette situation, l’actuelle ministre de la Santé et de l’Hygiène Publique le Dr. Marie Madeleine Togo, cette spécialiste en Anesthésie et en Réanimation, dit ne plus vouloir «de structures sanitaires où les agents torpillent leur serment et arnaquent, négligent ou marginalisent les patients ». La ministre a donc décidé de procéder à un changement radical. Après avoir visité les différentes structures sanitaires, notre chevalier de l’Ordre du mérite de la santé a pris une première mesure essentielle, à la fin du mois de janvier, en relevant de leurs fonctions les directeurs des trois centres hospitaliers universitaires. A savoir: Gabriel Touré, Point G et Kati. Et, conformément à l’Instruction n° 001/PR-CAB du 27 mars 2014, du Premier Ministre relative à la désignation des directeurs généraux des Centres Hospitalo-universitaires, leurs postes sont désormais ouverts à candidature.
Cette décision de la ministre a fait grincer des dents. Ainsi, au CHU du Point G, le comité syndical a après avoir organisé un sit-in pour manifester son mécontentement, menaçait d’aller en grève pour ces 16 et 17 mars derniers. Une grève qui semble n’avoir été qu’un pétard mouillé, car les 13 chefs de service du CHU du Point G ont affiché leur désapprobation du syndicat contre le pouvoir discrétionnaire du ministre. Car, selon eux, «les concernés que nous sommes n’avons pas été consultés ni avant et même immédiatement après. Nous rappelons que des nominations ont été abrogées depuis juin 2009 et que le syndicat ne s’est jamais penché formellement sur ces questions en nous y associant. Par ailleurs nous désapprouvons fortement les méthodes actuelles du comité syndical qui nuisent à suffisance au service public et à sa continuité».
Par cette mesure d’ouverture d’appels à candidatures publiques les postes de directeurs généraux de la Santé, d’autres n’y voient tout simplement qu’une volonté de faire partir ceux qui y sont pour faire venir leurs éléments. Car, avouent-ils les directeurs sortants ont montré leur preuve en terme de réussite et de bonne gestion. Toute chose que dément cet agent du CHU du Point G dont nous taisons le nom: «Le directeur actuel du CHU du Point G est le plus mauvais que cet hôpital ait connu. Il a détourné des millions dans l’affaire des lots des travailleurs, il monte les trois syndicats les uns contre les autres. Ceux qui le soutiennent sont cela qui voient leur robinet mafieux de malversation financière fermée, bien sûr avec sa complicité». Et à cet autre d’ajouter que «depuis quand un syndicat se mêle du choix des directeurs ? Si les syndicats se respectent vraiment, ils n’ont qu’à défendre leurs droits, faire leurs devoirs et laisser l’exécutif faire les siens. Sauf que si la cause est basée sur des intérêts personnels».
Le premier combat du Ministre Togo fut contre l’insalubrité dans les structures sanitaires
Depuis sa prise de fonction, Dr Togo Marie Madeleine poursuit son combat contre l’insalubrité dans les différentes structures sanitaires du pays et cela, pour le bien être des usagers. C’est ainsi qu’elle a engagé une lutte implacable contre les mauvaises pratiques dans les hôpitaux. Connaissant le monde médical dont elle-même est un pur produit, il faut rappeler un parcours qui pour perfectible qui soit n’est pas moins élogieux. De médecin généraliste au spécialiste anesthésie-réanimateur, elle devient chef de service des urgences chirurgicale au Gabriel avant d’en devenir la Directrice. Elle fut conseillère chargée des hôpitaux pendant plus de six ans et elle séjournait à l’Inspection de la santé jusqu’à sa nomination récente en qualité de ministre de la Santé et de l’Hygiène Publique que beaucoup considèrent comme un retour à l’ascenseur au mérite.
Il faut souligner que dans le domaine de la santé, la prise en charge est une activité pluridisciplinaire. La bonne exécution de cette tâche nécessite l’adoption d’un certain nombre de comportements de la part du personnel socio-sanitaire et des moyens humains et matériels adéquats. Au constat donc, il faut saluer l’initiative «hôpital propre». Pour rappel, cette activité a été lancée sous son égide à l’époque où elle était conseillère chargée des hôpitaux. Devenue Ministre, elle renforce cette initiative par des actions d’envergure lutte contre l’insalubrité dans les hôpitaux. Qui ne se souvient de la semaine de nettoyage organisée par les associations des femmes Travailleuses de l’hôpital Gabriel et de l’Hôpital du Point G ? La réalisation de ces activités a été rendu possible grâce à l’implication de la coordination des associations et ONG de Bagadadji en commune I du District de Bamako, aux cotés desquelles on notait la présence de la ministre elle-même.
L’autre atout de Madame le ministre semble être son humilité, sa relative facilité de contact et sa disponibilité auprès du personnel socio sanitaire
Pour beaucoup de personnes qui l’ont connu à Rotary et à Toastmasters international, elle est d’une humilité déroutante. Et pour bien de ses collègues de la Santé, Marie Madeleine Togo reste l’une des femmes battantes dans le domaine de la Santé. Des structures publiques comme l’hôpital du Point G, CHU Gabriel Touré, IOTA, le CREF de Koulikoro et les structures privées comme le Centre de santé «Cherifula» ont déjà reçu sa visite.
La tâche pour le renouveau du secteur de la santé semble être difficile à porter tant les vielles habitudes ont la vie dure.
Le combat de la ministre pour le renouveau de la Santé semble pour une fois répondre aux attentes des nombreux patients qui chaque jour dans nos hôpitaux sont choqués et sidérés par le comportement de certains de nos hommes en blouse. Ce corps comme tant d’autres recèlent des compétences reconnues au niveau africain et mondial mais leur sacerdoce se trouve sapé par le comportement de ceux de leurs collègues qui crachent sur leur Serment d’Hippocrate. La Santé reste avec l’Education et l’autosuffisance alimentaire et aujourd’hui la Sécurité, les supers priorités des Maliens.
Dieudonné Tembely
tembely@journalinfosept.com
Encadré
Qui est Madame Marie Madeleine Togo?
Le Dr. Marie Madeleine Togo, 62 ans, a fait ses premières armes en médecine dans les années 1980 avant d’être au service de néphrologie de l’hôpital du Point G et à l’hôpital Gabriel Touré qu’elle dirigea de 1999 à 2004.
Elle consacre l’année 2005 aux soins des malades au Centre de Santé de Référence de la Commune V de Bamako. En novembre 2007, l’enfant de Pel Maoudé du cercle de Koro, dans la région de Mopti, est nommée conseillère technique au ministère de la Santé. Depuis février 2014, elle était inspectrice de santé au service de la bonne marche du système sanitaire de notre pays.
1982, c’est l’année où Mme Marie Madeleine Togo a soutenu sa thèse de doctorat avant de se spécialiser en anesthésie et réanimation au C.H.U. de Clermont-Ferrand en France (DES). Assoiffée de connaissances, elle développe ensuite ses capacités en médecine de catastrophe au C.H.U. d’Amiens, toujours en France. Cerise sur le gâteau, elle enrichit son CV par un certificat du cours supérieur d’épidémiologie à Bamako en 2004. Son dévouement lui a valu la décoration de chevalier de l’Ordre du mérite de la santé en 2009 et de chevalier de l’Ordre national du Mali en 2015.
Leçon de géopolitique : AQMI étend ses tentacules dans toute l’Afrique de l’ouest
Fatalement et inexorablement, le terrorisme extrémiste s’étend dans la bande sahélo saharienne. Après Bamako et Ouagadougou, la ville de Grand Bassam située à 50 km d’Abidjan fut la victime du groupe islamiste armé, AQMI. 19 victimes sont à déplorer dont 15 civils et 3 agents des forces de l’ordre. En frappant ce haut lieu du tourisme ivoirien fortement fréquenté par les occidentaux mais aussi par la classe moyenne ivoirienne, le groupe terroriste entendait envoyer un message clair. Il s’agit d’un avertissement de plus adressé aux puissances occidentales et pays africains engagés dans la lutte contre le terrorisme au Sahel et aussi et surtout à ses rivaux groupes terroristes, plus précisément Daech. AQMI marque donc son terrain que cette partie du monde est leur chasse gardée et qu’ils entendent bien y faire régner la mort par la terreur.
Al Qaida au Maghreb Islamique alias AQMI, est sans conteste, le groupe terroriste le plus actif dans la bande Sahélo-saharienne. Si l’opération Serval a permis de le désorganiser dans ses bases installées dans le nord malien, aujourd’hui, il demeure toujours aussi dangereux que cruel avec un champ d’opération qui s’élargit. Sa connaissance du terrain et sa croyance sans faille en son idéal islamiste font qu’AQMI arrive encore à étendre, un peu plus, ses tentacules dans les pays ouest-africains. A travers l’une de ces « Katibas », Al Mourabitounes, le groupe entend bien rivaliser avec la multinationale de l’islamisme international aux méthodes terroristes qu’est Daech. Cette contagion d’AQMI au-delà des frontières rappelle celle de Boko Haram au Cameroun, au Tchad et au Cameroun. Dans ces deux cas, l’on peut remarquer que la porosité des frontières et les conditions de vie précaires des populations locales sont autant de graines qui ont fait germer l’idéologie diaboliquement fertile du terrorisme islamiste.
Quelle solution pour relever le défi sécuritaire
Le concept peut paraître nouveau aux yeux de l’africain lambda. Mais, désormais, il faudra une autre façon de penser et un changement profond de nos habitudes. Les mesures sécuritaires devront être drastiques au maximum et il faudra nous habituer à voir des agents des forces de l’ordre un peu partout dans nos grandes villes. Il faudra également développer les indispensables volets du renseignement et de la prévention par le web. Cela demande certes trop de ressources à mobiliser par nos Etats. Mais l’un des moyens les plus efficaces est le retour à un élément, immatériel et plus simple, pour lutter contre le terrorisme. Il s’agit de recourir à l’Islam qui fit la renommée de l’Afrique à travers le monde, beaucoup plus en phase avec nos réalités sociales et tolérant. Il apparaît comme notre arme la plus redoutable contre un Islam importé, étranger à nos coutumes, violent et malheureusement parfois la voie royale vers le terrorisme. L’Afrique subsaharienne, l’on l’oublie souvent, est aussi une terre séculaire de l’Islam. Nos religieux sont appelés à jouer pleinement leur rôle de « rappeleurs ».
Le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire sont sur le qui-vive. Et la probabilité pour que le Sénégal soit frappé, n’a jamais été aussi forte. Car il est le berceau de l’Islam confrérique en Afrique de l’ouest, considéré par les groupes armés terroristes comme une hérésie.
Ahmed M. Thiam
thiam@journalinfosept.com