Un groupe d’éminents intellectuels formés à l’école du Président Modibo Keita, sous la direction de M. Djibril Diallo, dernier secrétaire politique du BEC de l’UDPM, vient de publier un livre mémoire retraçant les grands axes des 23 années de gestion du régime militaro-civil du général Moussa Traoré. Ce livre, d’une qualité littéraire incontestable qui fait le bilan jugé globalement positif du règne de Moussa Traoré, a fait sursauter les acteurs du Mouvement démocratique, qui crient déjà à une réécriture tronquée de l’histoire du Mali de l’indépendance à nos jours. Ils promettent une riposte proportionnelle et sans complaisance à la hauteur des allégations que ce livre tente d’accréditer. Les acteurs du Mouvement démocratique doivent-ils céder à la panique et à l’émotion en ne s’attaquant qu’à la forme ? Ils doivent suffisamment s’outiller pour apporter un démenti cinglant au bilan CMLN-UDPM que les auteurs tentent de faire passer pour positif. Les propos aimables du Président IBK, pourtant issu du Mouvement démocratique, qualifiant l’ancien dictateur de « Grand Républicain », semblent avoir donné des ailes aux partisans de GMT.
Les jours et les mois à venir s’annoncent houleux et polémiques car, ce livre ne laissera pas indifférents les acteurs du 26 Mars 1991. Blessés dans leur orgueil, ils sont décidés à apporter leur part de vérité à cette tentative de réécriture de notre histoire. Déjà, un groupe d’acteurs de premières heures, non moins célèbres du Mouvement démocratique sous la direction du doyen Amadou Seydou Traoré dit Amadou Djicoroni, de l’US-RDA et composé entre autres de Mme Sy Kadiatou Sow, de Me Hamidou Diabaté, de Adama Samassekou, de Djiguiba Keita dit PPR du Mouvement démocratique, de Bamou Touré de l’UM-RDA, de Mamoutou Thiam de l’UNEEM et de Hamidou Konaté de la Coopérative Jamana, a décidé de réagir intellectuellement à l’ouvrage. La question que l’on est en droit de se poser est celle de savoir pourquoi c’est seulement maintenant que l’UDPM se décide à se « blanchir » et pourquoi c’est aussi maintenant que les acteurs du Mouvement démocratique pensent à écrire leur part de vérité à l’histoire du Mali démocratique ? Si les auteurs de ce livre, dont la plupart ont occupé des hauts postes de responsabilité sous le régime de GMT, ont eu le courage et le mérite de défendre leur chapelle en dressant le bilan des 23 années de leur gestion et surtout de le peindre en blanc et rose, alors pourquoi pas le Mouvement démocratique et l’ADEMA? L’histoire est-il entrain de rattraper le parti de feu Abdramane Baba Touré et du président AOK ? On se rappelle que l’ADEMA avait refusé de publier son bilan pour ménager ATT en 2002. Les acteurs du 26 Mars feront-ils enfin leur autocritique et leur mea et maxima culpa. Ils doivent reconnaitre les ratés des 25 ans de démocratisation caractérisés par le manque de formation idéologique et l’encadrement des élus, la formation et l’éducation du Peuple aux valeurs démocratiques et à leur incapacité à réussir le «Kokadjè » promis au Peuple Martyr du Mali. Ce sursaut d’orgueil des «démocrates sincères et des patriotes convaincus » permettra-t-il de corriger certaines failles pourtant dénoncées sous le régime monopartite de Moussa Traoré et qui ont perduré sous le régime démocratique? Ce livre « Le Mali sous Moussa Traoré » a l’avantage d’ouvrir un débat dont les conclusions devraient être versées aux travaux de la Commission Vérité, Justice et Réconciliation. « Le Mali sous Moussa Traoré » que d’aucuns qualifient d’œuvre de dé légitimation du combat démocratique a d’ores et déjà suscité chez les acteurs du Mouvement démocratique un sentiment de révolte surtout à quelques encablures des festivités commémoratives du 26 Mars 2016 et à celles relatives à la mort du leader estudiantin Abdoul Karim Camara dit Cabral. Pour Me Hamidou Diabaté, PPR Amadou Djicoroni, les tombes des martyrs sont encore fraiches pour chanter l’hymne à la gloire du dictateur Moussa Traoré. Les nombreux ouvrages de témoignages des anciens bagnards du régime militaro-fasciste du dictateur Moussa Traoré, devraient servir de base à la réplique au déni des Droits de l’Homme sous Moussa, deux fois condamné à mort, gracié par AOK mais jamais amnistié. Pour la Paix et la Réconciliation entre les Maliens, le livre aurait dû commencer par une excuse publique de GMT au Peuple Malien pour que définitivement nous enterrions la hache de guerre. Vivement donc, pour l’Honneur et le Bonheur des Maliens le livre de réplique du Mouvement démocratique.
Youssouf Sissoko