– Dr Boulkassoum Haïdara et Mahamane Baby à l’affût
Initialement prévu pour ce mois de mars, le congrès ordinaire du Rassemblement pour le Mali (Rpm) est reporté au mois d’avril, voire même mai prochains. Si la raison mise en avant est le retard pris dans le renouvellement des instances, la face cachée de l’iceberg est le problème de leadership, le parti ayant du mal à trouver le tisserand capable de filer du bon coton pour mériter d’être un digne successeur d’IBK. Trois noms reviennent souvent: le secrétaire général Bocary Tréta, les ministres Abdoulaye Idrissa Maïga et Abdramane Sylla. Mais, le clanisme créé au sein de cette formation politique fait craindre un congrès sous haute tension et qui pourrait aboutir à l’explosion du parti présidentiel. Mais attention aux outsiders, notamment le vice-président et porte-parole du Parti, Dr Boulkassoum Haïdara, et le Ministre Mahamane Baby qui pointent le bout du nez. Alors
L’Adema a mis trois ans pour trouver un successeur à Dioncounda Traoré quand celui-ci fut appelé, en avril 2012, à la fonction suprême de président par intérim lors de la Transition. Et pour cause : un problème de leadership doublé de querelles internes de personnes. Pour la même raison, le Rpm n’a pas encore de président actif depuis l’élection d’IBK à la magistrature suprême.
Depuis fort longtemps, le congrès ordinaire avait été fixé pour ce mois de mars 2016. Mais aux dernières nouvelles, il aurait été reporté sine die, même si les mois d’avril et de mai sont cités comme nouveaux repères. Selon notre source, ce report serait motivé par le fait que les structures de base n’ont pas pu être renouvelées partout où cela s’avère nécessaire.
Deuxième motif avancé : la plainte du Biprem contre IBK pour Haute trahison a bouleversé tous les plans du Parti dont le Bureau politique national s’active actuellement à une véritable campagne de soutien au président de la République au niveau des communes de Bamako et à l’intérieur du pays. Le clou sera une grande marche nationale le 26 mars pour dire: “Tous derrière IBK ! “.
Cependant, nul n’ignore que le principal obstacle à la tenue du congrès du Rpm aujourd’hui, c’est la difficulté à trouver un homme du consensus à cause d’un problème de clans qui mine le parti du tisserand. C’est pourquoi, on trouve aujourd’hui trois prétendants en lice au fauteuil présidentiel. En principe, le trône ne devrait pas échapper à ce trio qui s’apprête à engager un combat de titans.
Tout d’abord, il y a Bokary Tréta. Il est le grandissime favori de cette compétition. Et le commun des mortels pense qu’il est le cadre tout indiqué pour prendre les rênes du parti. Aussi bien au sein des tisserands qu’au niveau des Maliens qui ne sont pas au Rpm ou même de ceux qui ne font même pas la politique, tous confondent le Rpm à la personne de Tréta. C’est un fait indéniable. Le secrétaire général du parti du Tisserand cumule des atouts de premier plan.
En plus qu’il soit considéré comme le vrai fondateur du Rpm (il détiendrait le récépissé), on avance aussi et surtout sa loyauté et sa fidélité – jamais démenties – au parti et à Ibrahim Boubacar Kéïta.
Durant la période des vaches maigres qu’a connue le parti (à partir de 2001), le Rpm aurait sans doute disparu n’eurent été le courage et la détermination de Tréta à le maintenir débout vaille que vaille. La dèche avait fait fuir tout le monde au point que le Parti, qui s’activait dans une molle opposition au régime d’ATT, dû se rallier à celui-ci pour reprendre du souffle. Tréta lui-même était désigné pour participer au dernier gouvernement d’ATT, en guise de reconnaissance à ses efforts.
Ensuite, Tréta est le point focal de tous les militants à la base, à Bamako comme à l’intérieur du pays. Il le doit au fait qu’il était quasiment devenu le gardien du siège du parti qu’il ne quittait de jour comme de nuit. C’est pourquoi, quand IBK est monté à Koulouba, on pensait que le poste de Premier ministre allait logiquement lui échoir. Mais IBK, qui lui vouait jusque-là un respect déférent, a dribblé tout le monde. Mais Tréta se contentera néanmoins du super ministère du Développement rural, étant également la deuxième personnalité du gouvernement. Avec ce poste, le secrétaire général du Rpm prend encore plus de galons auprès des militants à la base qu’il rencontre à chacune de ses missions à l’intérieur du pays. Bref, de l’avis de beaucoup de ses camarades et des militants, Bokary Tréta est l’homme de la situation. L’une des preuves palpables, c’est le soutien indéfectible du Bureau politique national à son endroit quand IBK le débarqua lors du dernier remaniement gouvernemental : “…Le Bureau politique national du Rassemblement Pour le Mali (Bpn/Rpm) remercie le ministre du Développement rural sortant, Dr Bokary TRETA, pour avoir été à la hauteur de la mission à lui confiée par le président de la République. Le Bureau politique national félicite le Dr Bokary TRETA, secrétaire général du Parti pour les bons résultats obtenus dans la transformation de l’agriculture malienne, lui renouvelle sa confiance et lui assure son soutien sans faille pour relever les défis futurs du Parti et du peuple malien dans leur quête d’un mieux-être…”.
Cependant, Tréta fait actuellement face à une fronde qui risque d’annihiler tous les atouts évoqués. On lui reproche fondamentalement son ambition démesurée d’atteindre les sommets tout de suite. Ensuite, il s’est brouillé avec le président de la République dont il bravait l’autorité tout en comptant sur ses soutiens et sa popularité au sein du parti. Un clan, constitué par les proches du président, lui a cassé un peu les ailes. D’ailleurs, selon des indiscrétions qui nous parviennent, le retard dans la tenue du congrès serait lié à la recherche de quelqu’un d’envergure et qui pourrait donc lui barrer la route sans casser le parti.
En premier lieu, c’est le nom d’Abdoulaye Idrissa Maïga qui est cité. Le ministre de l’Administration territoriale serait l’homme de confiance du président IBK dont il fut le directeur de campagne lors de la Présidentielle de 2013. A l’occasion, il avait fait montre de professionnalisme dans la conduite de la campagne électorale et débauché beaucoup d’énergie pour mener le candidat IBK à la victoire finale. En plus d’être ministre, si la récompense suprême devait passer par la décision de lui confier les destinées du parti, IBK pourrait être tenté de franchir le pas. Autre atout qui entre en ligne de compte : on trouverait des liens de parenté entre le prétendant au trône du Rpm et la Première dame. En Afrique, c’est un facteur favorisant, non négligeable, dans les nominations et les promotions politiques.
Mais, cela suffirait-il à hisser Abdoulaye Idrissa Maïga aux cimes du parti ? Moult observateurs pensent que non, dans la mesure où le natif de Gao ne draine pas de foule, en ce sens qu’il ne fait même pas l’unanimité dans son propre fief, à Gao.
Pour rappel, il a été mis en minorité à Gao par l’ancien ministre Malick Alhousseini qui a gagné un procès contre lui. Les listes régionales et communales proches du ministre de l’Administration territoriale avaient été invalidées par le tribunal de grande instance de Gao en faveur de celles de son adversaire et camarade de parti. C’était en octobre 2015, en prélude aux élections locales reportées.
En outre, on sait qu’Abdoulaye Idrissa Maïga a été nommé à l’Administration territoriale spécialement pour gérer les élections communales et régionales à venir, voire même les futures échéances électorales de 2018. Or, il serait très mal vu que le ministre en charge des élections soit le président du parti au pouvoir.
Le troisième larron dans la course au fauteuil présidentiel du Rpm est Dr Abdramane Sylla. Son atout maître, c’est qu’il est considéré comme étant le complice et le confident d’IBK. Depuis 2002, Sylla est le colistier d’IBK aux législatives en Commune IV du district de Bamako. Grâce à eux, le Rpm a décroché deux fois de suite la timbale lors des élections législatives en 2002 et en 2007. C’est pourquoi, dès son premier gouvernement, le président de la République le débauche de son poste de député pour le nommer ministre des Maliens de l’extérieur. Et dans les six gouvernements du régime, il n’a pas changé de portefeuille. C’est purement stratégique pour que le Soninké puisse mobiliser et canaliser les Maliens de la diaspora pour toutes fins utiles. Ce serait un acquis électoral de taille qu’il faudra peut-être consolider en confiant à Abdramane Sylla la présidence du Rpm.
Mais, comme avec Abdoulaye Idrissa Maïga, les responsables du parti ne verraient pas d’un bon œil un tel scénario qu’ils qualifient de catastrophique. Car, Abdramane Sylla ne peut pas justifier d’une bonne assise de base ni au village ni en commune IV où Moussa Mara se dresse en épouvantail.
Alors, y a-t-il des outsiders dans l’ombre ? Deux noms reviennent dans les discussions : Boulkassoum Haïdara et Mahamane Baby.
Mais, le vice-président, porte-parole du Parti (Haïdara) est taxé d’être trop vieux pour cette ambition, sans compter qu’il est considéré comme manquant de personnalité. Quant au ministre de l’Emploi, de la formation professionnelle, de la jeunesse et de la construction citoyenne, sa jeunesse et sa courte expérience politique (par rapport aux favoris cités plus haut) ne plaideraient pas en sa faveur. Mais, sait-on jamais ?
A.B. HAÏDARA