Le Mouvement national de libération de l’Azawad, qui a nuitamment proclamé l’indépendance des régions Nord de notre pays, est en passe de revoir à la baisse ses ambitions à la faveur des négociations en cours avec le mouvement islamiste radical Ançardine en vue de présenter une plate-forme revendicative commune à la CEDEAO qui a décidé d’offrir ses bons offices pour la résolution de la crise.
Selon un négociateur du MNLA, à Gao, l’indépendance de l’Azawad ne signifie pas nécessairement une séparation territoriale avec le Mali.
Ce qui revient à dire que le mouvement rebelle, qui a proclamé son indépendance sur internet, veut à présent revoir sa position radicale de rupture avec le Mali.
Un revirement qui intervient à la faveur des négociations que la CEDEAO lui a demandé d’entreprendre avec le mouvement Ançardine de Iyad Ag GHALY qui prône l’application de la charia.
Ces pourparlers entre deux mouvements aux visées totalement antagoniques ont été demandés par la CEDEAO, médiatrice dans la crise du Nord comme dans la celle institutionnelle pour le pays, qui souhaite disposer d’une base de négociation commune aux parties en présence. Cela, tout simplement pour faciliter sa tâche qui serait autrement beaucoup plus compliquée s’il fallait, séparément, prendre langue avec chacun des protagonistes.
Après l’échec de précédentes tentatives d’accorder leurs vues, les deux mouvements commencent à enregistrer des avancées dans les négociations grâce à des concessions mutuelles. C’est ainsi que le MNLA ne ferrait plus de la séparation du Nord de l’ensemble du territoire national une question vitale contrairement à ses objectifs de départ qui étaient de libérer le Nord de toute présence de l’État malien et de proclamer l’indépendance de l’Azawad qui allait ainsi s’auto-gouverner. Il faut dire que l’intransigeance du mouvement islamiste radical Ançardine a beaucoup pesé dans cette évolution de la position des rebelles. En effet, pour Iyad et ses hommes, s’il y a un combat à mener, c’est celui de l’application de la loi islamique ; mais en aucun cas, il ne saurait être question de la partition du territoire qu’il faut garder dans son intégralité.
C’est justement de l’application de cette loi dont le MNLA pour sa part ne voulait pas aussi entendre parler privilégiant un islam modéré qui du reste a toujours existé au Nord. Mais il semble également que des concessions ont été faites par le mouvement rebelle à travers notamment une reconnaissance de Ançardine et de ses activités.
Cette reculade de mouvements à l’origine extrémistes est-elle pour autant l’expression d’une bonne foi de leur part pour faire avancer les négociations avec la CEDEAO ?
Il est permis d’en douter à plus d’un titre. En effet, apprend-on, en tout cas pour ce qui est du cas du MNLA, il y a un début d’essoufflement. Le mouvement qui à son arrivée a tout saccagé et volé tout ce qui lui tombait sous la main n’arriverait plus à tenir le coup de l’occupation en l’absence de nouvelles ressources lui-même n’en générant aucune. Dans ces conditions, la médiation de la CEDEAO est une aubaine pour sortir du bourbier dans lequel il s’est fourré en prétextant une libération de l’Azawad comme si la région était occupée. A quelques nuances près, le MNLA est dans la même posture quand bien même il bénéficie du soutien de bailleurs étrangers qui ne sont pas non plus une manne intarissable.
D’autre part, en sautant sur la main tenue de la CEDEAO, les mouvements armés du Nord s’offre la possibilité d’une garantie ferme quant aux engagements qui seront pris dans le cadre des négociations. Parce qu’il faut reconnaître qu’en plusieurs occasions des accords ont été conclus avec le Gouvernement et qui n’ont jamais été appliqués tout simplement parce qu’ils étaient inapplicables dès le départ. La plus parfaite illustration étant l’accord d’Alger de juillet 2006 qui a été, dès sa signature, dénoncé par tous ceux qui avaient un minimum de bon sens. Sa non application a servi de prétexte à des bandits armés de la trempe de BAHANGA de reprendre les armes avant de s’organiser pour chasser l’État du Nord avec le retour de combattants touareg de Libye. Et le pays continue à faire face aux conséquences désastreuses de cette situation d’humiliation collective.
Il faut aussi noter, pour les amener à reconsidérer leurs positions, qu’il y a l’épée de Damoclès du recours à la force qui plane sur la tête des mouvements armés au cas où l’option du dialogue ne donnerait pas des résultats probants. Même si l’intervention directe, au Nord, de la force en attente de la CEDEAO n’est pas aussi évidente que l’on voudrait le faire croire dans certains cercles la menace qu’elle représente a de quoi amener les occupants du Nord à réfléchir par deux fois avant de fermer la porte au dialogue. Et pour cause, s’ils sont parvenus à bout d’une armée en état de déliquescence avancée, il n’est pas évident que cela soit le cas avec une coalition de plusieurs pays bien équipés avec une mission clairement définie.