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Jeunesse et radicalisme religieux: Vaincre le mal à la racine
Publié le lundi 21 mars 2016  |  Le Prétoire




Au moment où notre pays s’achemine vers le dénouement de cette parenthèse historique et douloureuse, il s’avère opportun pour les tenants du pouvoir de concevoir d’ores et déjà une nouvelle politique pour extirper et toute tentative de radicalisation des jeunes. Car, nombreux d’entre eux ont été embrigadés dans une guerre qu’ils livrent contre leur propre pays, sans qu’ils en sachent les tenants et les aboutissants.
En effet, il y a des lustres, les djihadistes de tout acabit ont jeté leur dévolu sur le septentrion de notre pays. Venus par petits groupes, ils ont réussi à s’installer pour de bon dans cette partie du territoire ou l’autorité de l’Etat est quasi inexistante. Par la force des choses, des alliances de toutes sortes sont nouées entre eux. Toute chose qui fait naître des liens plus coriaces qui ne sauraient se briser par une baguette magique. Ceux qui sentent l’âme de faire prédication ont aussitôt vite réinvesti le terrain en se livrant à leur sport favori, diffusant un islam plus radical, différent de celui que notre pays a connu depuis des siècles. Cette propagation de ce courant religieux s’effectue concomitamment avec le trafic de drogue, d’arme et d’autres stupéfiants. Les régions du nord, défavorisées par la nature d’une part, d’autre part confrontées à un problème criard de sous-développement, se sont avérées de toute évidence un terrain fertile et de prédilection pour les envahisseurs. Du coup, les jeunes désœuvrés de ces contrées perdues dans les dunes sont vite devenus des proies faciles pour eux. C’est ainsi qu’après l’éclatement de la rébellion en 2012, l’armée malienne et les forces alliées, dans leur tentative de reconquête, ont capturé des enfants drogués avec des armes et des munitions. Ces enfants, pour la plupart, ont été endoctrinés par les nouveaux maîtres des lieux. Ces faits attestent à suffisance que le radicalisme religieux fleurit dans les zones ou sévissent l’extrême pauvreté et l’exclusion sociale. Car, dans les milieux défavorisés, les populations en manque de subsistance résistent difficilement aux arguments fallacieux des marchands d’illusions. En plus de cela, ils ont l’avantage d’être fortunés. Comme dit l’adage, «la pauvreté est mère de tous les vices». Il ne faut pas perdre de vue non plus qu’ils recrutent également des talibés et des diplômés en arabe qui s’estiment exclus de la gestion du pays. Au fil du temps, les adeptes de ce courant religieux se sont multipliés au nord du Mali dont les plus tristement célèbres sont : Iyad Ag ghaly et Hamadoun Kouffa. Ces deux têtes de proue du radicalisme religieux ne sont que la face visible de l’iceberg. Ils ont tous un lien avec AQMI. Sans conteste, l’avènement de cette pratique obscurantiste de l’Islam sous nos cieux est en passe de compromettre dangereusement la laïcité au Mali. Ce courant islamiste rimant avec la violence et le fanatisme est une pratique contraire à l’Islam pratiqué au Mali qui est le rite malikite, prônant la paix, la tolérance et l’entraide. En tout cas, ceux qui se font explosés au nom d’une quelconque idéologie religieuse se trompent lourdement d’époque et de combat. Car, Dieu a déjà tranché dans le Coran et plus précisément dans la sourate «la Vache», verset 256. «Nulle contrainte en religion, car, le bon chemin s’est distingué de l’égarement». Ainsi, ces groupuscules nocifs et très actifs au septentrion ont mis à rude épreuve le processus de paix et de réconciliation entamé il y a plus de huit mois. Car, chaque fois qu’une lueur d’espoir pointe à l’horizon pour le retour de la paix, ils mettent leur pied dans le plat pour montrer leur existence sur le terrain.
Une politique de réinsertion socioéconomique s’impose
La crise qui sévit dans notre pays est riche en enseignements sur bien des plans. Au moment où on s’achemine vers le dénouement de cette parenthèse historique et douloureuse, il s’avère opportun pour les tenants du pouvoir de concevoir d’ores et déjà une nouvelle politique pouvant étouffer toute tentative de radicalisation des jeunes. Car, nombreux d’entre eux ont été embrigadés dans une guerre qu’ils livrent contre leur propre pays, sans qu’ils en sachent les tenants et les aboutissants. Tel semble être le cas des 200 jeunes qui ont fait défection, la semaine derrière, dans les rangs d’Hamadoun Kouffa, leader du Front de Libération du Macina. «Ces jeunes sont nos enfants. La plupart ne savaient pas ce qu’ils faisaient», a confié l’Imam Hamadou Cissé, membre de Tabital Pulaku à l’AFP. Selon des sources proches du dossier, un processus de sensibilisation a été discrètement mené par le gouvernement, les élus locaux et les notables. Cette initiative doit être poursuivie à plusieurs niveaux afin de moraliser ces jeunes perdus. Et pour joindre l’utile à l’agréable, l’Etat se doit de prendre également d’autres mesures préventives pour que cet épisode ne se reproduise plus. Il s’agit de l’implication des leaders religieux pour combattre le fanatisme et l’insertion socioprofessionnelle des jeunes diplômés arabisants. Ce n’est qu’à travers des initiatives novatrices et inclusives qu’on peut avoir raison sur le radicalisme religieux au Mali. Espérons qu’avec la régionalisation, la paupérisation croissante sera un triste souvenir. Ayons toujours à l’esprit que « les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets».
Boubacar SIDIBE


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