A l’initiative de la tribu des Kel Antessar, la rencontre intercommunautaire de Gargando a réuni, les 11 et 12 mars 2016, les différentes communautés des 16 communes du cercle de Goundam pour parler de paix et d’unité nationale.
Après la rencontre, les organisateurs étaient face à la presse pour la restitution. C’était le samedi 19 mars dernier, à Bamako, en présence du chef de la tribu des Kel Antesser, Abdoul Majid Ag Mohamed Ahmad dit Nasser, la représentante du ministre de la Décentralisation et les cadres du cercle de Goundam.
Maires, députés, chefs coutumiers et religieux, des réfugiés, des autorités politiques et administratives, des leaders d’opinion étaient tous présents dans ce village touareg pour assister à cette rencontre de la paix.
Les Kel Antessar ont réussi leur pari ; celui de la mobilisation et de la paix. Plus de 1000 participants ont répondu à l’appel.
Pendant deux jours, les participants ont débattu des sujets, tels que le retour des réfugiés; la crise sécuritaire la cohésion sociale, le vivre-ensemble, l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale, mais aussi et surtout les questions de développement.
Au sortir de cette rencontre d’échange intercommunautaire, les participants ont fait des recommandations. Il s’agit, entre autres, de la mise en œuvre rapide de l’accord pour la paix et la réconciliation; le retour des réfugiés dans leurs localités respectives ; l’installation ou la restauration des infrastructures socioéconomiques de base. La rencontre a exhorté le gouvernement à diligenter, dans les meilleurs délais, ces recommandations.
Pour les conférenciers, la rencontre de Gargando fut un repère pour emprunter le chemin de la paix, le vivre en commun, l’unité nationale et le développement durable.
Deux faits symboliques ont marqué ladite rencontre: le drapeau national a remplacé celui de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA); les combattants de la CMA et les éléments des FAMa ont chanté, main dans la main, l’hymne national du Mali.
Pour Ag Inaborchad, ce geste montre à quel point la paix demeure une priorité pour la population et même pour les acteurs de cette crise. « Ils ont fait flotter, ensemble, le drapeau malien dans le village de Gargando, en lieu et place de celui de la CMA. Il y a quelques jours, ce geste serait qualifié de provocation. Aujourd’hui, c’est un symbole de paix et de réconciliation. La symbolique est très forte. La rencontre a atteint son objectif. Cela se justifie par la présence du Préfet de Goundam après 4 ans d’interdiction par les nouveaux maîtres des lieux. Elle ne laisse place à aucun doute». En plus de ce symbole fort entre les éléments des FAMa et de la CMA, la rencontre a touché du doigt les vraies préoccupations et permis à chacun de savoir quelle est sa responsabilité pour l’instauration de la paix et le retour des refugiés. L’occasion était bonne pour faire l’état des lieux et des propositions pour la culture du pardon.
Pour le maire de Goundam, Mme Seck Oumou Sall, cette volonté de revivre ensemble est une réalité avec la participation des groupes armés et leur engagement de veiller à la sécurité avec les FAMa. Toute chose qui explique, selon elle, la stabilité qui prévaut depuis un certain temps dans la zone.
Les participants, qui ont condamné toutes les formes d’agression et de violence dans les régions du nord en particulier, sont venus de Tombouctou, Goundam, Léré, Bintagoungou, Issabéry, M’Bouna, Tin Aïcha, Essakane, Tilemsi, Razelma, Douékiré, Tonka, Adarmalane, Télé, Kaneye, Doukouria et Alzounou.
Rappelons que la rencontre de Gargando a été précédée de la caravane pour la paix et la réconciliation de Goundam en avril 2015 et de la rencontre de Raz-El-Mâ en novembre 2015. Elle vise essentiellement la consolidation des acquis en termes de rapprochement entre les composantes de la société et en termes d’avancées vers une plus large adhésion à l’Accord pour la paix.
Nouhoum DICKO