Après avoir déboursé 400 millions de FCFA, le gouvernement est en passe de rater le forum de Kidal.
La fin de la semaine dernière a été marquée par une sortie de la cellule de communication de la primature, pour annoncer que le Premier ministre, ne se rendra pas à Kidal pour participer au forum. Certains observateurs ne s’expliquent pas du tout l’absence du chef du gouvernement à Kidal. Surtout que le forum est présenté comme la dernière ligne à franchir pour que le Mali recouvre son intégrité territoriale. Ainsi présenté, l’opinion nationale a du mal à comprendre l’absence de Modibo Keïta à ce forum. Les explications de la primature n’ont pas suffi à convaincre une frange importante de l’opinion sur les raisons de cette absence, même si on affirme à la cellule de communication de la primature que le PM suivra de près les travaux du forum.
Sauf que la raison serait toute simple, mais difficile à admettre. Le forum de Kidal ne dispose d’aucune garantie de sécurité. Car en plus de la menace terroriste et d’Iyad Ag Ghaly, la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) est en train de faire double jeu. D’un côté, elle essaye d’assurer la communauté internationale, en donnant son accord pour l’organisation du forum à Kidal. Et de l’autre côté, la CMA veut s’assurer que le chef du gouvernement ne mette pas le pied à Kidal, sous prétexte que les populations ne veulent pas sentir les membres du gouvernement.
Et pourtant, l’Etat pour la bonne organisation des travaux aurait déboursé la bagatelle de 400 millions de nos francs. Une fois de plus, la CMA veut abuser de la bonne foi du gouvernement. Le plus inquiétant, c’est que c’est au cours de ce forum que sera débattue la question des autorités transitoires en remplacement des élus actuels. Si l’Etat venait à s’absenter, la CMA et la plateforme, qui font désormais chemin ensemble, pourront décider, seules, du sort de cette partie du Mali. Des observateurs avaient prédit ce scénario, au lendemain de la signature de l’accord d’Anéfis entre la CMA et la Plateforme. Ce qui suscite déjà des interrogations sur la participation des autres acteurs de la société civile malienne et des partis politiques. Si le PM ne peut pas participer à ce forum, la CMA va-t-elle organiser un « referendum » pour désigner les participants à ce forum ? Que prévoit dans ces circonstances la médiation internationale, qui est le garant de l’accord pour la paix et la réconciliation. Un accord qui consacre l’unité du Mali.
Abouba Fofana