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Sous le choc, des Japonais témoignent de l`horreur à In Amenas (TEMOIGNAGE)
Publié le vendredi 25 janvier 2013  |  AFP




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TOKYO - "Hé! Ce gilet rouge de sécurité, c'est à lui!". C'est parfois grâce à un vêtement ou une bague avec des initiales que les dix Japonais tués à In Amenas ont pu être identifiés. Quant aux sept survivants, ils ont échappé à la fureur des islamistes en se cachant sous un turban ou
sous un camion.

Pratiquement une semaine après l'épilogue sanglant de la prise d'otages
d'In Amenas, ce site gazier désormais tristement célèbre du sud algérien, sept
Japonais ont retrouvé vendredi à l'aube leur patrie.

Par quels miracle et subterfuge ces sept-là sont-ils parvenus à survivre au
carnage dans lequel ont péri dix de leurs compatriotes?

Le patron de JGC, leur entreprise basée à Yokohama, dans la banlieue de
Tokyo, a commencé à relater ce calvaire, à peine rentré lui aussi d'Algérie
par le vol qui ramenait ses employés vivants et les corps de neuf autres.

"L'un d'eux a survécu, souffle coupé, camouflé sous un camion. Les balles
sifflaient autour de lui", a raconté avec douleur Koichi Kawana, qui dirige
cette entreprise de construction de sites chimiques et énergétiques.

M. Kawana était parti en Algérie dès le 18 janvier pour s'enquérir du sort
des 17 Japonais et 61 autres employés du groupe présents à In Amenas ce
mercredi 16, lorsqu'un commando d'islamistes lourdement armé a attaqué ce
complexe gazier en plein désert, à la frontière libyenne et à 1.300 km au
sud-est d'Alger.

Plus de 600 Algériens et des dizaines d'étrangers sont alors pris au piège.

Un autre survivant nippon, dont le nom ne sera pas dévoilé, s'est terré
dans sa chambre de la base de vie du complexe gazier, terrorisé par les coups
de feu à l'extérieur.

Des collègues algériens lui ont sauvé la peau en le déguisant en "local"
pour sortir et passer inaperçu des islamistes qui affirmaient agir en
représailles à l'intervention des forces françaises au Mali. Et cherchaient
les étrangers sur le site.

"Des collègues algériens m'ont vite mis un turban sur la tête et m'ont dit
de me couvrir le visage avec des jambières, après ils ont formé un groupe
serré autour de moi et je suis sorti comme ça", a raconté un porte-parole de
la compagnie qui a débriefé et recueilli le témoignage de cet employé.

Véhicules 4x4 blancs calcinés, épaves retournées sur le sable jaune
éclaboussé de soleil et de ciel bleu pur: l'horreur sur un paysage de rêve. M.
Kawana n'était pas avec les otages le jour du carnage, mais il se remémore les
traces violentes laissées dans le désert qui témoignent de la terreur qui
s'est abattue.

Ce qui a sauvé ces sept Japonais? "L'endurance, la capacité de jugement à
chaque instant, le courage d'agir, la chance - aucun n'aurait pu survivre
sans", poursuit le PDG.

"Je suis fier d'eux", dit-il. Fier, mais visiblement labouré d'un chagrin
qui se lit sur son visage, s'entend dans sa diction et sa voix.

"Quand j'ai vu les corps (à la morgue d'In Amenas), je priais pour que les
nôtres n'en soient pas (...) mais malheureusement nous les avons trouvés",
confie encore M. Kawana.

Et d'avouer, retenant difficilement son émotion: "j'ai ressenti la douleur,
la douleur et la douleur, je débordais de tristesse quand mes collaborateurs
lâchaient en pleurant le nom d'un camarade à la vue d'un cadavre".

Au milieu de morts par dizaines, la recherche des Japonais et autres
employés de JGC a été facilitée par l'abnégation et le courage des rescapés du
groupe, insiste M. Kawana.

"Bien qu'ils aient eux-mêmes enduré une expérience terrible, ils ont
travaillé dur pour identifier les corps avec la détermination de les rendre à
leurs familles le plus rapidement possible".
si-kap/jlh/ggy

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