Iyad Ag Ghali, le principal chef terroriste du Mali, écarté du processus d’Alger, était jusque-là la grande inconnue de l’équation qu’est désormais le forum pour la réconciliation et la paix qu’abrite la ville de Kidal entre le 27 et le 30 mars prochain. A présent, les organisateurs de cette rencontre, financièrement appuyés par le gouvernement du Mali, semblent avoir trouvé un accord de principe du chef d’Ançar Eddine pour un forum sans incident. Iyad Ag Ghali, sur la demande du chef coutumier de la tribu des Ifoghas, dont il est issu, a dépêché courant semaine dernière trois de ses émissaires dont un Algéro-malien pour rassurer les organisateurs du forum.
Même s’il ne s’est pas manifesté publiquement pour exiger sa présence à la table des négociations, Iyad Ag Ghali, qui sait qu’il compte des partisans jusque dans la classe politique malienne, semble dorénavant montrer patte blanche.
L’homme dont la tête est mise à prix par les Etats-Unis et sous le coup d’un mandat international du Mali, compte profiter du forum intercommunautaire de Kidal, prévu du 27 au 30 mars prochains pour certainement s’inscrire dans la mouvance générale de la paix et la réconciliation. Occasion pour lui également de prouver qu’il n’est pas possible de faire la paix au Mali et dans le Sahel sans lui et ses fidèles dont Ahmadou Kouffa.
La réussite de la tenue de la rencontre de Kidal dépend en partie de son adhésion. Et, pour un forum sans incident, les responsables des groupes armés et les notables de Kidal ont décidé d’envoyer une délégation chez le chef d’Ançar Eddine pour son adhésion au processus.
En réponse, Iyad Ag Ghali a donné accordé son quitus pour la tenue de cette rencontre et a assuré que son groupe y prendrait part. Mais pas lui en personne. Trois de ses lieutenants, dont 2 Maliens, natifs de la ville de Kidal et un Algéro-malien ont, la semaine dernière, rencontré l’amenokal des Ifoghas, Mohamed Ag Intalla, au quartier Alyou de Kidal, pour rassurer les organisateurs.
Même s’il a jusque-là juré la main sur le cœur qu’Iyad est le principal ennemi à la paix et qu’il devrait pour cela être traqué et neutralisé, le chef de l’Etat malien n’est plus insensible au cri de cœur de certains de ses compatriotes, qui l’invitent à reconsidérer sa position.
En effet plus en plus de voix s’élèvent depuis quelques mois pour demander que les discussions pour le retour de la paix au Mali soient élargies à certains groupes terroristes maliens, tant les groupes affiliés à Iyad Ag Ghali semblent s’être rendu indispensables pour le retour à une paix définitive au Mali et dans la sous-région. La récurrence des attaques terroristes dans le nord et le centre du pays a fini par convaincre certains spécialistes que le retour définitif à la paix passe nécessairement par Iyad Ag Ghali et ses amis, exclus du processus, sous la pression de l’Occident.
Ainsi, après Ali Nouhoum Diallo, Tiébilé Dramé, l’amenokal des Ifoghas, Mohamed Ag Intalla et des mouvements de la société civile malienne appellent le gouvernement à inclure Iyad ag Ghali et Ahmadou Kouffa au processus de paix.
Boniface Dembélé