Six mois après sa nomination à la tête du département stratégique de la Sécurité intérieure et de la Protection civile, le colonel-major Salif Traoré s’est révélé moins performant que son prédécesseur Sada Samaké. Les grandes annonces faites en novembre dernier sur les réformes de la sécurité peinent à voir le jour. Les Maliens sont de plus en plus en insécurité. L’imprécision, le pilotage à vue, le manque de moyens pour les forces de sécurité, mais également les méthodes peu recommandées de certains éléments commencent à agacer les Maliens. Décryptage d’un échec cuisant, six mois après.
S’il y a un domaine dans lequel le président IBK a lamentablement échoué, c’est sans doute celui d’asseoir une meilleure sécurité pour les Maliens. En la matière, le ministre Salif Traoré aura fait moins que son prédécesseur, Sada Samaké. Les deux officiers ont malheureusement un seul point commun : la médiocrité. Débarqué du gouvernement pour «insuffisance de résultats», le départ de Sada Samaké avait pourtant suscité de l’espoir chez de nombreux Maliens, notamment avec l’arrivée du colonel-major Salif Traoré. Erreur.
Considéré par ses amis comme «un bosseur», «un homme d’action», le ministre de la Sécurité a du mal à rassurer ses compatriotes sur leur sécurité. Les petits voyous continuent à sévir au cœur de Bamako et à l’intérieur du pays. Les vertus énumérées en l’homme peinent à s’exprimer depuis plusieurs mois. Car son bilan est aussi décevant que celui de son prédécesseur. Les Maliens ne se sentent plus en sécurité. Pourtant, aux premières heures de sa nomination, rien ne présageait un tel échec cuisant et une telle incapacité notoire.
Le colonel-major Traoré avait annoncé de «grandes réformes» de la sécurité, avec «plus de moyens pour les forces de sécurité et la multiplication des patrouilles». Si les patrouilles ont, peut-être, été «multipliées», leur résultat est d’une déception indescriptible. Les quelques patrouilles nocturnes organisées avec des moyens rudimentaires et des méthodes amateuristes, ressemblent à une mise en scène qui frise le ridicule. Exemple : ces patrouilles au bout des quartiers, où les motocyclistes doivent payer les frais des rackets récurrents de quelques policiers mal formés et incontrôlés par la hiérarchie.
Pourtant, le ministre Traoré avait annoncé que «ceux qui prennent des billets de banque seront dorénavant sanctionnés». Aux déclarations populistes du ministre, les Maliens ont eu droit à la complaisance de la hiérarchie sur les comportements indignes de certains éléments des forces de sécurité. Le manque de sanction a favorisé la légitimation d’un comportement tant décrié.
Annonces populistes, absence de résultats !
En novembre dernier, dans un show médiatique, le ministre Salif Traoré avait annoncé que la nouvelle carte sécuritaire allait renforcer le dispositif dans plusieurs villes, notamment à Gao et à Tombouctou. Les résultats de ce «renforcement de dispositif» par le ministre ont donné lieu à des enlèvements de véhicules, à des attaques répétées à Tombouctou. Exemples : c’est dans cette ville que trois jeunes ont été froidement abattus par un individu armé devant la radio «Tahanit».
Aujourd’hui, les services chargés de l’enquête et qui relèvent du ministre Traoré, sont incapables de mettre la main sur l’auteur de la tuerie. C’est aussi dans cette ville de Tombouctou qu’une ressortissante suisse a été enlevée par des hommes armés. Les enquêtes sont au point mort, tout comme l’attaque contre l’hôtel Radisson Blu de Bamako. Incapable d’instaurer l’ordre et la discipline au sein de la police, les rackets continuent de plus bel.
Pis, deux mois après la prorogation de l’état d’urgence, le colonel-major Salif et ses services spécialisés sont incapables d’établir un bilan sérieux. Les médias qui ont réclamé ce bilan ont eu droit à l’arrogance de ses services de communication. Incompétence quand tu nous tiens ! Au secours, SOS pour des ministres valables à des départements stratégiques !
Tony CAMARA
Journaldupeuple.com