Rappelons que le Biprem est une association qui figure parmi les moins connues de la place. Il est un familier du pouvoir actuel dont il fut un des partenaires lors des élections présidentielles passées ; il est resté ainsi très proche de certains barons du régime durant de longs mois.
Par sa plainte, le Biprem a su créer l’événement et réussir un coup médiatique digne d’un professionnel de la communication grâce à son audace et surtout à la maladresse de certains alliés du pouvoir.
Parler d’humiliation pour une organisation qui s’est jusqu’ici peu souciée de son image propre et vouloir organiser une fronde à son encontre sera dommageable pour le président et ses amis.
Pour le commun des Maliens le contenu de la plainte n’a rien de surprenant. L’opposition malienne, depuis l’arrivée de IBK au pouvoir, n’a eu cesse de fustiger les mêmes dérives de gouvernance. Le seul fait nouveau est la tentative de saisine de la Haute cour de justice qui ne saurait être un crime de lèse-majesté ni un sacrilège dès lors que cette possibilité est inscrite dans la Constitution.
Mon étonnement est que la faute reprochée, qui n’est qu’un défaut banal d’aiguillage, ait pu survenir malgré l’assistance de plusieurs avocats ; nous serons peut-être mieux édifiés plus tard.
La question simple est de savoir si l’acte posé par le président du Biprem et ses hommes constitue un délit ?
En lieu et place de la rue et de toute forme de violence même verbale, le Biprem a préféré s’adresser à une institution de droit. Erreur ou fait délibéré, la voie empruntée par cette association ne comporte en soi rien de répréhensible.
S’agit-il, par ces sorties en chaîne de la part du pouvoir, d’une volonté d’intimidation et de dissuasion pour taire les moindres velléités de contestations ? Si c’était le cas : alors nous nous devons en démocrates, de déplorer et condamner de telles formes de réactions disproportionnées et injustifiées.
Les attaques contre le Biprem, passées ou annoncées sont contre-productives et vont à contre-courant de la recherche d’un climat apaisé dont le pays a tant besoin. Ce sont les thuriféraires du pouvoir qui se méprennent sûrement et il n’est pas trop tard de se ressaisir.
Sachons garder raison !
Iba Ndiaye