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Front contre l’arrivée des officiels a Kidal: la CMA joue le jeu des Djihadistes
Publié le mercredi 23 mars 2016  |  Info Matin
Mahamadou
© RFI par DR
Mahamadou Djeri Maiga, vice-président du MNLA et sa délégation sont à Alger pour discuter des accords de paix, le 16 juillet 2014.




Le grand Forum de Kidal pour la paix et la réconciliation entre les signataires de l’accord de paix d’Alger, aura-t-il lieu ou non ? Telle est la question sur toutes les lèvres en ce moment où le marchandage des uns dispute avec la surenchère des autres.

À quelques encablures seulement de ce rendez-vous important, tant entendu, par tous les acteurs épris de paix, prévu pour se tenir, du 27 au 30 mars prochain, l’atmosphère est plus que jamais électrique à Kidal entre les responsables de la CMA. En effet, alors que la Plateforme se dit favorable à la participation du gouvernement à ce forum, l’aile dure des séparatistes menée par le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) refuse catégoriquement cette alternative, estimant que la base n’avait pas encore été consultée. « Nous n’avons jamais discuté avec la base de l’arrivée des officiels maliens au Forum. Nous ne pensons pas qu’au stade actuel, l’opinion locale puisse comprendre », a confié un cadre du Haut conseil pour l’unicité de l’Azawad (HCUA). Et le porte-parole du MNLA d’ajouter : « Nous ne sommes pas chauds pour des assises qui parlent de la même chose, alors que d’autres sujets, notamment le partage du pouvoir qui est dit dans l’accord, se trouvent occultés ».
Ces deux réactions sonnent comme un désaveu pour tous ceux qui avaient clamé le retour de l’État central dans la ville de Kidal. En fait, on ne le sait que trop bien. La Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), qui regroupe le HCUA et le MNLA, n’a jamais renoncé à son projet sécessionniste. Ces groupes y tiennent comme à la prunelle de leurs yeux.
Car, ne l’oublions pas, ces deux mouvements, plus particulièrement, le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), qui constitue la colonne vertébrale de la CMA, est allé trop loin dans les promesses d’indépendance faites aux populations locales qu’il lui est difficile aujourd’hui de faire un retournement spectaculaire de veste.
Pourtant, les indépendantistes sont bien obligés aujourd’hui de se rendre à l’évidence que leur projet est chimérique et utopique à proportion égale, au regard du rapport de force militaire qui leur est largement défavorable, de la situation économique de plus en plus intenable dans leur fief et des pressions tous azimuts afin qu’ils acceptent l’idée d’un Mali « un et indivisible ». En clair, la question n’est plus de savoir si la CMA, à elle seule, peut continuer à entretenir des velléités sécessionnistes, mais plutôt comment sortir de cet engrenage sans trop de casse ? Les leaders de la CMA sont bien conscients, en effet, que sans la planche de salut de la solution endogène, ils se retrouveraient très vite entre le marteau de l’armée malienne qui n’a pas oublié de sitôt l’humiliation et le carnage d’Aguelock et l’enclume de leurs propres populations qui se sentiraient dupées et trahies. Avec tous ces risques encourus, le moindre mal pour la CMA, c’est de sortir du piège par la grande porte de la négociation en donnant l’impression de vouloir laver le linge sale en famille.
Mais suivant les rapports de forces sur le terrain, ils donnent parfois l’impression de lâcher du lest ; histoire de gagner du temps. C’est à se demander s’ils ne sont pas en intelligence avec certains djihadistes comme Iyad Ag Ghaly et Amadou Kouffa qui, ouvertement, ont menacé « de faire planer l’ombre d’actions terroristes sur le forum de Kidal ». En tout cas, en mettant en place un Front contre l’arrivée des officiels maliens au Forum, la CMA semble jouer le jeu des djihadistes qui ne veulent pas d’une paix au Mali. Ainsi, ils donnent la preuve qu’ils sont de mauvaise foi puisqu’ils semblent se complaire dans cette situation de ni paix ni guerre. Alors, quelle est la position du GATIA dans tout ce ramdam ; lui qui, il y a un peu plus d’un mois, débarquait à Kidal, la fleur au fusil ? La question mérite d’être posée quand on sait que son action avait eu un impact psychologique sur les responsables de la CMA qui, faisant contre mauvaise fortune bon cœur, avaient fini par concéder la cogestion de la ville de Kidal, suivant l’accord d’Anéfis.

Par Mohamed D. DIAWARA


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