Une semaine après les attentats meurtriers de Grand-Bassam, en Côte d’Ivoire, les enquêtes se poursuivent et révèlent déjà de grandes avancées : par un téléphone saisi sur l’un des terroristes abattus, sur les lieux du drame, plusieurs complicités ont été établies, y compris autour du cerveau présumé des tueurs qui serait en fuite vers le Mali.
C’est une source sécuritaire, proche des milieux d’enquêteurs, qui l’annonce : le cerveau présumé des tueurs de Grand-Bassam, dont l’identité n’a pas été révélée, pour d’évidentes raisons de sécurité, démasqué dans un quartier chic de la capitale ivoirienne, serait en fuite et aurait pris la destination du Mali. En fait, c’est le téléphone, saisi sur l’un des assaillants abattus, sur les lieux du drame, ce dimanche 13 mars dernier, qui a permis aux enquêteurs de suivre les traces de plusieurs éléments, considérés comme ayant porté une assistance quelconque à ces tueurs froids qui ont endeuillé toute la Côte d’Ivoire.
Dans la même foulée, il a été annoncé par des enquêteurs que trois Maliens, tous originaires de Mopti, et un Ivoirien ont été arrêtés dans la nuit du samedi à dimanche dernier, juste une semaine après la tragédie de Grand-Bassam, pour complicité avec les terroristes qui ont assassiné, de sang-froid, une vingtaine de personnes. Selon toujours les mêmes sources, les trois Maliens ont été interpelés dans le quartier d’Adjouffou à Port-Bouët, à Abidjan. Quant à l’Ivoirien, son arrestation a eu lieu à Angré, dans la commune de Cocody. Même s’ils n’ont pas participé à la tragédie, ils sont accusés, notamment par les enquêteurs, en raison d’éléments d’enquêtes fournis, d’avoir hébergé les djihadistes avant leur opération à Grand-Bassam. Dans les milieux d’enquête, on rapporte que c’est toujours le fameux téléphone d’un des terroristes de Grand-Bassam qui a permis aux enquêteurs de remonter jusqu’à eux. Parmi les derniers numéros utilisés sur ce téléphone mystérieux figure, dit-on, celui de l’un des hommes arrêtés. Ce dernier dit connaître le cerveau de l’attaque de Grand-Bassam, originaire du Mali, qui aurait réussi d’ailleurs à quitter le pays à bord d’un véhicule 4×4 quelques jours après les attentats. Selon les mêmes sources sécuritaires, c’est à bord du même véhicule qu’il serait venu en Côte d’Ivoire avec justement en tête la planification du drame perpétré à Grand-Bassam.
Il est donc certain que les enquêtes sur les attentats de Grand-Bassam évoluent sur de grandes avancées. Le ministre de l’Intérieur, Hamed Bagayoko, qui suit de près ces enquêtes, avait révélé, lors d’un rassemblement d’hommages en faveur des victimes de la tragédie, que les enquêtes se poursuivent plus efficacement. De la même manière, pour l’attentat de l’hôtel Radisson, survenu à Bamako, le 20 novembre dernier, c’est également sur un téléphone saisi sur l’un des assaillants abattus que deux suspects de nationalité malienne ont été arrêtés et entendus par les enquêteurs. L’un des suspects, sans avoir participé à la commission du drame, avait fourni aux assaillants de quoi pouvoir communiquer entre eux, en leur servant de cartes téléphoniques disponibles. L’autre des deux suspects avait, lui, dans les mêmes conditions, fourni aux intrus d’autres types d’assistance.
Le fait qu’il a été révélé par les enquêteurs que le cerveau du groupe des tueurs de Grand-Bassam, en fuite, serait en destination du Mali, doit être très pris au sérieux par les services de sécurité et de renseignements du Mali, lesquels doivent être vigilants, en raison de la forte connexion djihadiste, existant le long de la frontière entre les deux pays et même en direction du Burkina Faso. Récemment, les FAMA ont réussi une opération d’envergure de traque contre les terroristes sur le territoire ivoirien qui y ont été neutralisés, après avoir tenté des raids violents sur les populations maliennes, situées le long de la frontière entre les deux pays. La prise d’otages du couple suisse, ayant suivi les attentats d’Ouagadougou, en début d’année, s’est poursuivie en quelque sorte au Mali d’autant que selon des milieux de renseignements, les auteurs de ce rapt criminel avaient fui en direction du Mali avec leur otage.
Avec ces nombreuses connexions établies entre les différents groupes terroristes, agissant sur de vastes zones, au-delà des frontières terrestres des différents pays concernés, il est donc stratégique, pour les États de la sous-région, de fédérer leurs efforts pour arriver à bout de ces groupes criminels qui sèment la terreur au sein des populations, bien au-delà des frontières closes.
Sékouba Samaké