Sauve qui peut ! La panique s’est brusquement emparée du clan, des affidés et autres soutiens alimentaires qui se sont regroupés autour du président IBK depuis son accession au pouvoir. Face à la mauvaise gouvernance caractérisée par des scandales, la forte demande sociale, le malaise généralisé, l’impasse dans le processus de sécurisation et de pacification du pays ; le régime n’a apparemment aucune solution à apporter aux Maliens. D’où cette panique perceptible au sein des cercles du pouvoir. Dès lors, les déclarations à l’emporte-pièce et les initiatives (bancales) se multiplient. La majorité présidentielle perd-elle son sang froid ?
Au même moment, le président de la République est entre le marteau de la crise du nord et l’enclume de la révolte syndicale. En effet, entre la première centrale syndicale, l’Untm (qui a déjà débrayé une fois mais dont l’épée reste toujours pendante…), la deuxième, la Cstm (actuellement en guerre ouverte contre le régime) et les syndicats sectoriels de la magistrature, de la police, du CHU Point G, du CHU Gabriel Touré, des Csréf, de l’IUG, de la Coses, de l’Ortm, des services du travail du Mali etc. (qui ont tous leurs doléances brûlants à l’endroit du gouvernement), Ibrahim Boubacar Kéïta est acculé jusque dans ses derniers retranchements par des revendications sociales des travailleurs, et au-delà des Maliens qui triment. Nul besoin de revenir ici sur le quotidien combien difficile des chefs de famille dont la plus part n’arrivent plus à subvenir au moindre besoin de leur famille. Le malaise se lie désormais sur les visages. Et au même moment, la situation sécuritaire va mal en pis. L’heure est grave !
Au lieu de voir la réalité en face et d’aborder les vraies questions qui intéressent les Maliens, les tenants du pouvoir et leurs alliés (alimentaires) tombent dans la facilité : la recherche du et/ou des bouc-émissaires. Ces derniers temps, les Maliens ont été sidérés par des déclarations de responsables politiques, apparemment à bout de souffle, appartenant au parti présidentiel. En effet, le week-end dernier à la faveur d’une tournée de son Bureau politique National dans le District de Bamako, l’ex-ministre Bocary Tréta (éjecté du gouvernement) a clamé que «l’opposition veut renverser le pouvoir d’IBK durant ce mois de mars». Une déclaration qui a laissé plus d’un sceptique sur la capacité de ce parti à soutenir IBK avec des arguments convaincants. Et les Maliens se sont faits une religion : au Rpm, le cœur (la bouche ?) l’emporte toujours sur la raison. L’on se souvient encore du tollé provoqué par la sortie du mémorandum du Parena contre le régime. On a vu un parti en manque d’expertises et d’argumentaires pour rentrer dans une confrontation intellectuelle d’idées. Toujours est-il que ce parti ne répond aux critiques contre le pouvoir que par des invectives, des intimidations et des coups bas. ainsi, le tout puissant secrétaire général s’est permis d’inviter la jeunesse à se mobiliser pour faire barrage aux «putschistes».
Se mettre au service du Mali…
En effet, voilà près d’un mois que le régime et ses alliés continuent d’ergoter sur cette plainte (déposée par le Biprem contre IBK pour haute trahison et mauvaise gestion) qui a ouvert le ballet des opportunistes. Des cadres du Rpm aux membres des associations dites de soutien au président à IBK, en passant par les militants et sympathisants des partis affiliés à la majorité présidentielle, tous veulent se faire entendre… Mieux, certains laudateurs, dont les femmes du Rpm ont pris la chose à leur compte. Ainsi, Mme Diawara Aichata Lady Touré, présidente du Bureau National des Femmes, nous promettait, le 9 mars dernier, de porter plainte contre le Biprem. Selon elle, cette association (Biprem) est néfaste pour le développement du pays car ses responsables sont en train de donner aux populations une mauvaise information sur le président de la République. Et dans son élan, la dame s’emporte en ces termes : « s’ils veulent atteindre le président, il va falloir qu’ils marchent sur nos cadavres ». Vous avez dit panique dans la « Famille D’abord »?
De son côté, l’honorable Harouna Aboubacar Traoré, député RPM élu dans la circonscription de Bla, a cru bon d’affirmer que cette plainte émane de personnes malveillantes qui tentent de se dresser en travers le chemin du président, de la bonne marche et de la quiétude de la République. Pour le député élu à Bla, il y a une sorte d’obstination à faire de la mandature du président IBK un échec. Aussi, d’autres associations dont le « Réseau Alternative pour un Mali Débout » et « l’Association le Mali Autrement » (qui n’existaient que de nom) se sont invitées sur scène. Histoire de se faire une image d’allié engagé aux côtés d’IBK ? Ça y ressemble fort. Visiblement, les soi-disant soutiens à IBK ne sont pas au bout de leur montage. Ils organisent une marche, le 26 mars prochain, contre le Biprem qui, en lieu et place de la rue, a préféré s’adresser à la justice. Et ce, avec des arguments. Finalement, l’on se demande où étaient ces soi-disant soutiens à IBK quand l’opposition fustigeait les mêmes dérives de gouvernance.
S’agit-il, par ces sorties en chaîne de la part du pouvoir, d’une volonté d’intimidation pour taire les moindres velléités de contestations ? En tout cas, pour ne pas paraitre ridicule aux yeux de l’opinion nationale et internationale et donner l’impression que ce soutien n’est que factice, la majorité présidentielle a tout intérêt à s’attaquer aux maux qui minent le pays. Si elle (cette majorité) a réellement la capacité de se mettre au service du Mali, et non d’un homme.
Issa B Dembélé