La révolution du 26 mars est l’aboutissement d’une longue marche du peuple malien vers la démocratie, l’amélioration de ses conditions de travail et de vie. C’était une soif des libertés individuelle et collective.
Des patriotes maliens au nombre desquels, il faut d’abord rendre hommage aux morts (Abdrahamane Baba Touré, Kadari Bamba, Halidou Touré, Mamadou Elbéchir Gologo, Mamadou Lamine Traoré, Ibrahima Ly, Toto Diarrah, Bakary Karambé et bien d’autres) et aux vivants (Victor Sy, Bakary Pionnier, Adama Samassékou, Mme Ly Madina Tall, Mme Sy Kadiatou Sow, Mme Bintou Sanankoua, Mme Adam Ba Konaré, Me Mountaga Tall, Pr Ali Nouhoum Diallo, Pr Dioncounda Traoré, Pr Alpha Omar Konaré, Soumeylou Boubèye Maïga, Ibrahim Boubacar Keïta, Me Hamidou Diabaté, Me Drissa Traoré, Dr Oumar Mariko, Pr Yoro Diakité, Tiébilé Dramé, etc.).
C’est bien la lutte acharnée, méthodique, consciente de ces hommes et femmes, durant une longue période mouvementée, en dents de scie, de l’histoire politique de notre pays qui a eu raison de la dictature des 23 ans du Général Moussa Traoré.
La sortie répétitive des élèves et étudiants du Mali réclamant de meilleures conditions de vie et d’études ainsi que la grève illimitée de l’UNTM ont été déterminantes dans la chute de la 2ème République. Les associations politiques, notamment l’ADEMA et le CNID, ont réussi l’ouverture démocratique avec le multipartisme intégral consacré par la Constitution de février 1992.
Les travailleurs du Mali ont vu leurs payes majorées et l’amélioration de leurs conditions de travail. D’année en année, les agents de l’Etat ressentent des augmentations de salaires, de primes ou d’indemnités. Le salaire du fonctionnaire malien a considérablement augmenté durant les deux décennies écoulées, même si l’Etat peut mieux faire, à travers une bonne gouvernance et une gestion rigoureuse des ressources de l’Etat.
Ceux qui ont payé un lourd tribut à cette révolution, ce sont bien les élèves et étudiants du Mali avec 622 morts et des centaines de blessés. Cependant, depuis 1992, où les bourses ont atteint 26 250 FCFA, contre 15 000 avant la révolution, celles-ci n’ont connu aucune amélioration.
Cette situation pourrait être compréhensible si des résidences universitaires avaient été construites pour les apprenants en quantité et en qualité, si des bibliothèques universitaires avaient été conçues en leur faveur, si des restaurants universitaires ou encore des amphithéâtres avaient été multipliés par 20 ou 30, étant donné que chaque année le nombre d’étudiants s’accroit fortement. Hélas, force est de constater que c’est loin d’être le cas.
S’y ajoutent le manque de professeurs de qualité à tous les niveaux (fondamental, secondaire et supérieur) et l’insuffisance de classes et de matériels adéquats d’apprentissage. Il y a, certes, des efforts, des réformes en vue, avec la cité universitaire de Kabala. Mais le rythme n’est pas à hauteur d’ambitions. Au niveau de l’enseignement secondaire, la seule réforme porte sur la nomination des cadres, la promotion des amis, frères, parents et assimilés.
Au niveau de l’enseignement supérieur, le ministre Tall, on le voit tous les jours, se démène comme un beau diable pour résoudre des situations ponctuelles, avec sa marque de modernisation de l’enseignement supérieur, mais cela est insuffisant pour un enseignement de qualité. Les moyens n’étant pas au rendez-vous, les résultats escomptés ne pourront pas suivre.
Il est donc grand temps que l’Education soit une priorité, pas dans le discours mais dans les faits, les actes, afin que les grands perdants de la révolution du 26 mars 1991 puissent avoir leur part, pas du gâteau, mais ce qu’ils méritent : apprendre dans des bonnes conditions pour pouvoir servir demain le Mali, avec compétence et abnégation. Sans complaisance.
Chahana Takiou
Source: 22 Septembre