Dans cet imbroglio du septentrion malien où, tout est instable comme les dunes du Sahara, l’annonce faite à Bamako d’un forum à Kidal prévu du 27 au 30 mars 2016 a réjoui tous ceux qui sont épris de paix. Mais la plupart des observateurs, restent sceptiques quant à la portée de ce forum avant le retour de l’administration malienne à Kidal d’où elle est absente depuis mai 2014. De prime à bord, on nous faisait croire qu’à ce forum assisteraient des ministres de la République et même le premier d’entre eux ! Quelques jours après, certaines parties organisatrices du forum faisaient comprendre qu’il n’était nullement question de la participation de représentants du gouvernement malien et que pour elles, il s’agit d’une suite de la rencontre d’Anefis.
Heureusement ! Car nul ne comprendrait qu’un gouvernement qui se respecte envoie en mission un, a fortiori plusieurs de ses membres dans une partie de son territoire qui lui échappe depuis plus de deux ans.
Par qui ces ministres seraient-ils reçus ? Le protocole de la République exige que si un ministre va en visite à l’intérieur du pays, qu’il soit l’hôte du représentant local de l’Etat.
Or, à notre connaissance, depuis mai 2014, aucune autorité étatique ne réside à Kidal. C’est dire, qu’au jour d’aujourd’hui, aucun ministre de la République ne devrait entreprendre une visite à Kidal à moins que l’on veuille consacrer à Kidal son statut de non appartenance au territoire national. Il y a bien d’autres canaux qui pourraient bien marquer la présence de l’Etat malien sans que cela soient ses hautes autorités.
S’il y a une volonté de la part des organisateurs de prouver leur bonne foi à l’appartenance à la République, ils devraient plutôt s’adresser aux organisations de la société civile de toutes les régions du Mali.
Nous sommes convaincus qu’aucune association de la société civile malienne ne refuserait de participer à une grande messe de retrouvailles de toutes les composantes du pays dans son septentrion et particulièrement à Kidal. Nous pensons que la Minusma qui se dit au Mali pour favoriser le retour de la paix mettra les bouchées doubles afin de favoriser un tel regroupement.
Au cours de ce forum, des résolutions pertinentes, immédiatement applicables seront prises notamment par rapport à la restauration des services sociaux de base. Nous sommes de ceux-là qui pensent que le meilleur moyen d’éliminer la peur de l’autre, le meilleur moyen de ramener la confiance entre différents protagonistes pour ne pas dire ennemis, c’est de travailler ensemble côte à côte. Le sage africain Nelson Mandela n’a-t-il pas dit : "Pour faire la paix avec un ennemi, on doit travailler avec cet ennemi, et cet ennemi devient votre associé."
Ne devrions-nous pas tester cette leçon de sagesse africaine chez nous, et particulièrement en son septentrion ?
Wamseru A. Asama
Source: Delta News