Les journaux privés, principalement « Les Échos » et « Aurore », ont joué un rôle éminent dans l’éveil des consciences pour réclamer la démocratie, le multipartisme, la liberté d’expression. 25 ans après, les médias demeurent, malgré de nombreux errements, des sentinelles vigilantes de la démocratie dans notre pays
Les idées politiques ne peuvent, à elles seules, constituer un projet de démocratie qui suppose une association de multiples acteurs, de divers horizons dotés d’une culture de l’argumentation et du débat, donc une opinion entretenue par une communication sans entraves.
Cette communication a été rendue possible grâce à une presse libre qui a joué un rôle important dans l’avènement de la démocratie dans notre pays. Syndicalistes, hommes politiques, membres des associations estudiantines, féminines, intellectuelles, journalistes, ont pu diffuser, grâce à la presse, les idéaux démocratiques qui se caractérisent par la primauté du suffrage universel, la séparation des pouvoirs, l’indépendance de la justice, la garantie des libertés d’expression et du respect des droits de l’homme. La presse aura été un pilier essentiel du processus démocratique. Moyen irremplaçable d’expression et d’information, elle a joué un rôle essentiel dans la formation de l’opinion publique à la démocratie. Son rôle a été d’autant plus important que les acteurs du processus démocratique sont unanimes à souligner qu’elle a été l’une des actrices principales et un témoin privilégié des événements de Mars 1991. 25 ans après, la presse reste le meilleur juge de la transformation politique de notre pays.
Pour mieux appréhender le parcours de la presse malienne depuis les événements de Mars 1991, nous avons approché Cheick Mouctary Diarra, ancien directeur général de l’AMAP et actuel ambassadeur du Mali en France. Journaliste émérite, acteur et témoin privilégié de l’évolution démocratique de notre pays, le doyen donne une description minutieuse de la situation de la presse de 1991 à ce jour. A l’époque, rappelle-t-il, le régime était monopartite. « Et côté média, c’était exclusivement la presse gouvernementale. J’étais un responsable de la presse écrite étatique, cela pendant plus de 10 ans d’ailleurs. Pour l’audiovisuel, il n’existait que la RTM, les médias étaient gérés par le gouvernement. Il faut dire que le régime militaire a hérité de ce système mis en place par le régime socialiste né de l’indépendance.
Le but était de porter la voie unique du gouvernement pour l’éducation et l’information des populations. Cependant, l’affirmation du Mouvement démocratique permit certaines ouvertures comme la création d’une coopérative culturelle « Jamana » qui a fondé le premier organe non gouvernemental « Les Échos », animé à l’époque par des jeunes qui étaient des cadres dans l’administration comme le président Alpha Oumar Konaré. Quand je quittais les bureaux gouvernementaux de l’AMAP, je faisais un tour au journal « Les Échos » pour aller échanger avec des camarades comme Ousmane Sy, Mme Diakité Sanaba et bien d’autres.
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