Pour savoir ce qui reste des idéaux de Mars 1991, il faut avoir une idée du contexte dans lequel les évènements se sont déroulés. En réalité, Mars 1991 n’est que le couronnement partiel des luttes d’un peuple en quête de justice, de répartition judicieuse de ses ressources pour son développement harmonieux. Dans la décennie, Mars 1991 se distingue qualitativement de mars 1980 en ce sens qu’une partie des classes dirigeantes a chuté en 1991 après avoir réédité la répression de 1980 abattue sur les enseignants et les élèves et étudiants. Il n’est pas superflu de rappeler que suite aux luttes de ces années d’avant Mars 1991, le régime du général Moussa Traoré a été contraint de faire des ouvertures politiques qui ont permis la création de journaux (Jamana, Les Echos, Aurore, Cauris, Dambé, La Roue, etc) et des associations (AMDH, ADIDE, AJDP, AEEM, CNID, ADEMA) à caractère syndical et politique. Pour tout dire, les luttes des masses populaires des années 1980 ont ouvert la voie aux libertés démocratiques (liberté d’opinion, d’expression et d’association) et préparé le terrain pour la victoire partielle de Mars 1991. Ainsi, le 22 mars 1991, l’Association des élèves et étudiants du Mali a (suite à l’échec des négociations avec le gouvernement du Mali dirigé par le général Moussa Traoré) déclenché une marche avec barricades. Cette décision a été prise par le comité directeur et le bureau de coordination de l’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM) après d’intenses négociations avec le ministère de l’Éducation nationale autour des revendications présentées par les étudiants qui avaient trait à leurs conditions de travail et de vie marquée par le retard chronique dans le paiement des bourses pouvant aller de 1 à 2 mois, l’exclusion fréquente des enfants de l’école pour non-paiement de cotisations scolaires, l’exclusion massive des étudiants et élèves avec la moyenne d’exclusion automatique, etc. Ces revendications étaient formulées en 17 points dans un document dit « Mémorandum » élaboré avec le concours de tous les ordres d’enseignement. Cette grève scolaire baignait dans un contexte de contestation politique pour le multipartisme, le respect des libertés démocratiques, la justice et l’équité. Il faut noter que la liberté d’expression à travers la création de journaux et d’associations existait après les grandes grèves scolaires et des enseignants en 1978, 1979, 1980. Le contexte de 1990-1991 se caractérisait également par une solidarité entre les différents acteurs sur le terrain qui paraissait suspecte aux yeux du pouvoir en place. Les journées du 22, 23, 24 mars furent très mouvementées (tueries, ripostes, saccages, incendies) et aboutirent à la chute du régime. Qu’attendaient les populations des dirigeants du Mouvement démocratique au pouvoir après cette formidable lutte ayant occasionné la chute du régime ? 1- Le respect et l’élargissement des libertés démocratiques acquises sous le régime défunt. 2- L’autorisation du multipartisme intégral. 3- La satisfaction immédiate pour certains points et progressive pour d’autres des revendications scolaires. 4- La transparence dans la gestion des affaires publiques, la restitution à l’Etat de l’argent volé par l’ancien régime à travers le slogan « Kokadje ». 5- La justice pour rétablir les victimes de la répression dans leur droit et leur élévation. 6- L’emploi pour tous les jeunes notamment les diplômés sans emploi. 7- Le règlement politique et démocratique de la question du Nord. 8- Le développement socio-économique d’un pays en manque
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