2 mars : Le secrétaire aux relations extérieures du Bureau exécutif central (BEC), Sékou Minandiou Traoré fait le point des préparatifs du 4è congrès ordinaire de l’Union démocratique du peuple malien (UDPM) à la presse nationale. Ces assises programmées pour les 28, 29, 30 et 31 mars 1991 devraient se prononcer sur l’instauration du multipartisme dans le pays, une quête des associations du Mouvement démocratique. Elles n’auront finalement pas lieu. 7 mars : Le pays connaît des agitations sociales et estudiantines. Des discussions sont engagées entre le ministre de l’Education Bakary Traoré et la coordination de l’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM). Elles ont permis, selon le ministre, d’aboutir à un terrain d’entente, préparé en réalité par le Comité d’assistance des parents, une structure informelle, formée par des personnes de bonne volonté. Une commission de conciliation est mise en place. 21 mars : Grève de 72 heures des boulangers. C’était un autre signe annonciateur des évènements qui allaient faire basculer le destin de notre pays. Les boulangers lassés par des fausses promesses et des manœuvres dilatoires opposées par l’administration à leurs revendications pour une taxation plus juste de la farine, observent cet arrêt de travail de 3 jours en signe de protestation. Mais une démarche précipitée du ministère des Finances et du Commerce d’alors allait désamorcer le mouvement qui s’arrêta au bout de 24 heures. 21 mars : Les graves agitations sociales et estudiantines se poursuivent toujours. Le ministre de l’Education nationale, Bakary Traoré invite les élèves et étudiants à la reprise des cours, à renoncer à la violence et à poursuivre les discussions. Il estime que les débrayages de ces dernières semaines sont injustifiables parce que la commission technique de conciliation, mise en place le 7 mars, aurait abouti à des résultats concrets, selon lui. 22 mars : Marche de l’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM) à Bamako. Au même moment, des marches pacifiques étaient organisées à Sikasso, Bougouni, Kita, Kayes, Ségou et Dioïla, entre autres. Mais toutes ces marches furent brutalement réprimées dans le sang. 22 mars : Le général Moussa Traoré s’adresse à la nation. Il prononce un discours en porte-à-faux avec la réalité et maintient sa référence au 4è congrès du Parti unique. Il annonce surtout l’instauration de l’état d’urgence avec établissement d’un couvre-feu de 21 à 5 heures du matin. 23 mars : Meeting du Comité de coordination des associations et organisations (UNTM, AEEM, AMDH, Adema, CNID, ADIDE, AJD, JLD et le Barreau malien) à la Bourse du travail. La rencontre rassemble des dizaines de milliers de Bamakois, indignés et écœurés qui prennent le chemin du palais de Koulouba. Ils sont violemment repoussés par une pluie de grenades lacrymogènes. 23 mars : Des badauds profitent de la présence des élèves et étudiants dans la rue pour s’attaquer à l’IMACY. Ils réussirent à casser le magasin, emportant des engins et des pièces de rechange. L’usine sera de nouveau attaquée le lendemain à la faveur d’une marche pacifique entreprise sur Koulouba. Mais cette fois-ci, l’intervention des forces de sécurité entrainera de nombreux morts et la destruction complète de l’usine. 24 mars : Autre meeting du Comité de coordination des associations et organisations. Les initiateurs annoncent, dans un communiqué, le lancement de la grève générale illimitée qui devra se poursuivre jusqu’à la chute du général Moussa Traoré. 24 mars : Le secrétaire politique du Bureau exécutif central (BEC), Djibril Diallo, remet sa lettre de démission au président de la République et secrétaire général du Parti unique, le général Moussa Traoré. Rappelant qu’il avait toujours prôné une ouverture politique qui aurait évité à notre pays des violences, il soulignait que son acte le mettait en accord avec sa conscience de militant et citoyen. 25 mars : Troisième meeting consécutif à la Bourse du travail. Les travailleurs, les associations du Mouvement démocratique, les élèves et étudiants, refusent tout compromis ou tractation de dernière heure avec le pouvoir en place. Ils ont estimé que le général Moussa Traoré devait simplement quitter le pouvoir. 26 mars : 17 officiers de l’Armée malienne, constitués en Conseil de réconciliation nationale (CRN), présidée par le lieutenant-colonel Amadou Toumani Touré, font chuter le régime du général Moussa Traoré et du parti unique. Selon une expression qui eut du succès à l’époque, les militaires ont « parachevé » le travail de sape des associations du Mouvement démocratique qui réclamaient la démission du président, la dissolution de l’Assemblée nationale et la mise en place d’un comité de salut public, chargé de gérer la transition politique. 27, 28, 29 mars : Mise en place du Comité de transition pour le salut du peuple (CTSP) à la Maison du peuple à la suite d’une réunion entre la Coordination des associations du Mouvement démocratique et le Conseil de réconciliation nationale (CRN). Cet organe de 25 membres (15 civils et 10 militaires) sera présidé par le lieutenant-colonel Amadou Toumani Touré et remplace le CRN. Le CTSP se réunit pour élaborer le programme de la période transitoire et la Loi fondamentale. 6 avril : Mise en place de l’équipe gouvernementale de la transition avec à sa tête Soumana Sako comme Premier ministre.