Le 26 Mars 1991, nous avons brisé la tyrannie du pouvoir du régime autocratique de GMT en abolissant ses privilèges auxquels n’avaient droit qu’une poignée de maliens : Moussa, sa famille, son parti et son clan. Le 26 Mars 91, nous sommes sortis et avons marché dans toutes les régions, d’abord à Sikasso où tomba la première victime, Siaka Traoré de la LLT du Lycée de Sikasso. Il fut fauché à la fleur de l’âge au bassin et mourut à la suite d’une hémorragie avec la carte de la liberté de l’Adema-Association, qu’un certain Ousmane BAMBA alors secrétaire général de l’Adema-Association du lycée de Sikasso lui avait vendue. Les sbires à la solde du régime lui avaient retiré sa carte avant de l’abattre à bout portant. S’en suivra la deuxième victime, cette fois-ci écervelée par une rafale de balles devant la pharmacie populaire de Sikasso que l’Essor prit à tort pour la première victime. Ensuite à Bamako et dans toutes les autres régions, des maliens tombèrent sous les balles de l’aveuglement d’un régime qui, de l’aveu de ses propres barrons, avait atteint son seuil d’incompétence. Que dire alors aujourd’hui de cette amnésie de sénilité qui frappa, 25 ans après leur forfait, des cadres émérites du régime défunt CMLN-UDPM-GMT, qui tentent dans un livre sacrilège intitulé « Le Mali sous Moussa Traoré » de falsifier notre histoire démocratique. Ce ne sont pas des diplômés qui peuvent écrire l’histoire mais des intellectuels. Lorsque l’on se décide d’écrire 25 ans après, des histoires pour l’Histoire, cela exige de l’honnêteté intellectuelle, de l’impartialité et de la distance. On ne s’improvise pas historien et écrire l’Histoire n’est pas une question seulement de diplômes, mais de métier. Comment peut-on écrire sur l’Histoire du Mali de 1968 à 1991 en occultant des faits aussi graves ? Les auteurs de ce livre provocateur ne devraient pas rater l’occasion d’édifier les maliens, ne serait-ce que leur version des faits, sur les conditions de détention et de décès du père de la nation, le président Modibo Keita, qui a fait confiance à GMT et qui en avait fait le chef instructeur des milices que les auteurs du livre vomissent tant. Quid des conditions de détention, de décès et de localisation de la tombe du jeune leader estudiantin, Abdoul Karim Camara dit Cabral ? Les maliens se souviennent, certains ont même pardonné et d’autres pas. Mais de grâce, ne levons plus le glaive pour le remuer dans les plaies béantes de notre Histoire parce que chez tout le monde, elles ne se sont pas encore cicatrisées. Ce livre, s’il avait commencé par les excuses officielles de GMT et de son régime au Peuple malien, nous aurions applaudi des deux mains et enterrer définitivement la hache de guerre. Mais tant que GMT s’entêtera à ne jamais devoir s’excuser pour ce qu’il a fait de tort à ce pays, le Mouvement démocratique jusqu’au dernier de ses militants le combattra comme tel. Ce qu’il ne devrait jamais oublier est qu’aucune armée, aucun président ancien ou en exercice ne peut venir à bout de son propre peuple. Le peuple a toujours raison. Sa responsabilité peut ne pas être forcement personnelle, mais il ne peut se dédouaner face à l’Histoire de la responsabilité de commandant dont les troupes ont commis des forfaits, tout comme le président Modibo Keita n’était pas personnellement responsable de tous les errements que le livre de l’UDPM reproche à son régime. La paix et la réconciliation nationale ne tiennent qu’à Moussa dans ce pays. Qu’il tâche de présenter ses excuses publiques et de demander pardon à son Peuple. Pour le reste, l’Histoire fera les choses. Sa réhabilitation est à ce prix.
En attendant qu’ils se le tiennent pour dit, le Mouvement démocratique poursuivra, tant bien que mal, son combat pour mettre fin à tout monopole de notre pays par un clan. Nous tenons pour immuable que le malien le plus humble est l’égal du malien le plus illustre. Et le 26 Mars 2016 nous offre l’occasion de renouveler notre engagement pour un Mali plus libre, plus démocratique et plus prospère. Et pour cela, nous confions à tous les démocrates maliens à quelques bords politiques auxquels ils puissent appartenir, la responsabilité historique de bâtir l’avenir du Mali, sur l’espoir que la Révolution de Mars 91 a fait naitre. Et comme le disait Danton dont nous parodions ici les propos, cette inspiration, ce souffle pour tous les maliens, de toutes les régions, cet appétit, cette soif de liberté et de progrès pour tous, jamais rien, ni personne ne pourra l‘étouffer. Nos martyrs ne mourront pas inutiles. Vive le 26 Mars.
O’BAMBA