D’Alpha Oumar Konaré à Ibrahim Boubacar Keita en passant par Amadou Toumani Touré, le Mali démocratique aura connu trois Présidents élus sous une seule république, la 3e après celle née de la proclamation de l’indépendance le jeudi 22 Septembre 1960 avec comme président, l’instituteur Modibo Kéita et la 2e République issue du référendum du CMLN de 1974 sous Moussa Traoré. Si la première République n’a duré que huit ans, elle aura été suivie de 6 ans d’un régime d’exception de toute sorte avant que naisse la 2e République qui aura duré 17 ans. Il aura fallu une Révolution que de mauvaises langues qualifient d’insurrection populaire, pour balayer le régime autocratique et dictatorial de GMT. Mais, à l’analyse, 25 ans après que reste-t-il réellement aujourd’hui de l’idéal démocratique ? Le Mali reste toujours malade des mêmes maux, d’hier à aujourd’hui. Autopsie d’une Révolution au bilan mitigé qui a bouffé tous ses fils.
Si la tenue régulière des élections était un indicateur important pour juger de la bonne santé d’une démocratie, le Mali serait en peloton de tête en Afrique, car en 25 ans de pratique démocratique, il aura organisé 5 élections Présidentielles et autant d’élections législatives que communales sans coup férir. L’autre constat est que si la liberté d’expression, de presse et d’opinion était après l’organisation d’élections régulières un point essentiel de notation d’une démocratie, le Mali aurait eu la meilleure note. De la Révolution de 1991 à nos jours, excepté quelques bavures constatées ça et là, nul n’a été brimé, ni harcelé pour avoir émis une opinion. Ces deux critères fort opportunément ne suffisent pas à faire d’une démocratie un modèle compte tenu de l’immense espoir que les acteurs du Mouvement démocratique avaient nourri. Ils avaient promis une société idéale où seraient bannies toutes les formes d’injustice et d’exclusion sociale, un Etat où nul ne serait privé de ses droits les plus élémentaires dont, entre autres, le droit à l’éducation, à la santé et à un travail décent. La Révolution du 26 Mars avait suscité un réel espoir chez ces milliers de jeunes désœuvrés et laissés pour compte dont certains n’eurent d’autres alternatives que de choisir l’exil pour échapper à l’humiliation des siens. Aujourd’hui, sans peindre totalement en noir le tableau de bord de notre démocratisation car bien que perfectible aura jeté les jalons dans bien des domaines par des actions concrètes notamment dans le domaine des infrastructures, de la lutte contre l’inégalité sociale avec un accès du plus grand nombre des maliens aux services sociaux de base que dans celui de la légifération des bases d’un Mali démocratique. Mais L’un des plus grands regrets du Mouvement démocratique est le fait de se rendre à l’évidence et de reconnaitre que les maux dénoncés comme la corruption, le Népotisme et le laisser aller incompréhensible entrainant un manque criard de l’autorité de l’Etat ont pris des proportions inquiétantes. Notre démocratie n’aura donné naissance qu’à de très nouveaux milliardaires et fouler aux pieds les valeurs morales qui furent la fierté des maliens de la 1ère République.
Vivement donc cette nouvelle élite qui remédiera à jamais à ces maux qui gangrènent tant aujourd’hui notre société.
Youssouf Sissoko