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Communiqué de presse du Biprem Fassoko : 22 Mars- 26 Mars
Publié le dimanche 27 mars 2016  |  aBamako.com
Commémoration
© aBamako.com par mouhamar
Commémoration de la journée du 26 mars
A l`occasion de ce 23ème anniversaire de la journée des martyrs, le Président de la République, Chef de l`Etat, SEM Ibrahim Boubacar KEITA a déposé ce mercredi une gerbe de fleurs sur le monument des martyrs.




J’ai suivi avec non sans intérêt les commentaires fait par la presse nationale Malienne publique et privée à l’occasion du 25ème anniversaire de l’avènement de la démocratie dans notre pays qui marquait aussi la fin du régime sanguinaire et dictatorial de Moussa TRAORE et de son clan. (Ce sont les termes qu’ATT a utilisé lors de sa première parution sur les antennes de la RTM après son coup d’Etat)
Les 14 pages d’analyses et de témoignages qui nous ont été servi par le quotidien national d’information L’Essor et la série d’interviews réalisée la nuit dernière sur l’ORTM qui nous a permis d’écouter les points de vues d’universitaires, d’hommes de culture et d’acteurs du mouvement démocratique nous ont donné matière à réflexion.

Je me précipite de faire remarquer tout d’abord, que l’anniversaire du coup d’Etat du 22 Mars 2012 a été traité par la presse gouvernementale comme un non-événement. Rien ne fût évoqué dessus dans le journal télévisé du 22 Mars. Mon humble avis sur cette attitude que je trouve antidémocratique, est que la stratégie de communication du pouvoir qui consiste à abroger politiquement un fait ancré dans l’histoire du Mali ne saurait prospérer.

Aucune méthode d’annihilation ne saurait effacer un événement aussi chargé de sens et de symboles de la mémoire collective du peuple du Mali. La posture intelligente, modeste, humble républicaine et démocratique serait d’ouvrir des débats de fond sur les raisons objectives qui ont conduit notre pays au coup de force du 22 Mars 2012 afin de tirer toutes les leçons qui s’imposeraient.

En seulement quatre (04), les conséquences du refus volontaire de prendre en compte les enseignements du putsch de 2012 sont concrets, palpables et tangibles dans toutes les sphères de la société Malienne. Pourtant, ce que peu de gens ignorent ou oublient, est que des individus, institutions et groupes d’analyses nationaux, sous régionaux et internationaux avaient donné l’alerte des années avant le 22 Mars 2012, toutes choses qui devraient normalement permettre aux dirigeants d’alors de se ressaisir et de rectifier le tir. Une sagesse Bambara nous enseigne : « celui qui est en cours d’épuiser sa vie n’est point attentif aux conseils qu’on lui prodigue. » ATT et les siens ont fait la sourde oreille parce qu’ils fonçaient droit au mur.

Bakary Konimba TRAORE alias pionnier avait par exemple laissé entendre que le pouvoir d’ATT s’estompera par un coup d’Etat même si cela devrait intervenir à 24 heures de la fin de son mandat à cause de la gestion calamiteuse qu’il décida de faire de la gestion du pays…..Les professeurs Issa N’Diaye, Abdoulaye NIANG feu Dialla KONATE etc avaient clairement exposé des arguments scientifiques solides prouvant que notre pays était juste à quelques pas d’un soulèvement qui aggraverait notre situation politique.

La Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) à travers son baromètre d’analyse des paramètres sociopolitiques et économiques de ses pays membres, basé à Abuja, n’a cessé depuis au moins une (01) année avant le 22 Mars 2012, d’attirer l’attention du gouvernement de l’époque sur les dangers potentiels et imminents qui guettaient notre pays. ATT et les siens ont fait la sourde oreille et d’ailleurs le coup d’Etat du 22 Mars est arrivé pendant que séjournait une mission de cette organisation au Mali.

Sur le plan international, c’est Fich, qui depuis Décembre 2009 a arrêté de noter l’économie Malienne pour la simple raison qu’elle était criminalisée par les réseaux de trafics de drogue de tout genre. Air Cocaïne est assez révélateur de ces allégations, l’enlisement et la métastase du problème du nord Mali n’en est pas moins. Une année plus tard, en juillet 2010, c’est la CIA qui classe le Mali parmi les 5 pays les plus injustes au monde car 98% de nos richesses étaient accaparée par moins d’1% de notre population qui constituait au même moment les principaux organisateurs et planificateurs du vol et de la corruption.

Moins d’une année après le 22 Mars 2012, c’est Lynn Pascoe, un sous-secrétaire d’Etat américain qui, dans un rapport de mission sur le sahel présenté devant le congrès, conclu très explicitement que la crise multidimensionnelle dans laquelle le Mali est plongé est plutôt la conséquence de l’échec intégral et radical des politiques de sécurité et humanitaires nationales que des effets collatéraux de la crise libyenne.

Voilà, chers frères et sœurs, quelques éléments ci-dessus à prendre en compte chaque 22 Mars afin que nous restions éveillés mais surtout conscients des erreurs et fautes mortelles que nous avons commis et qui nous ont conduits à ce que nous savons. Nier, occulter, diaboliser et déformer l’histoire ne nous sera non seulement d’aucune utilité mais surtout nous prédisposera à reproduire les mêmes comportements, les mêmes façons de faire et de penser d’avant Mars 2012 et ça serait simplement dommage pour tout le Mali.

Revenons au 26 Mars.

Mon point de vue sur l’appréciation du mouvement dit démocratique est conforme à celui que l’homme de culture Magma Gabriel a défendu sur l’ORTM la nuit dernière : Ce mouvement a lamentablement échoué.

Il a échoué pour la simple raison que la majorité de ceux qui en ont été les animateurs n’avaient que des objectifs personnels, familiaux, partisans et claniques à rechercher et à atteindre. Les populations n’étaient point leurs priorités et l’histoire nous l’a clairement prouvé aujourd’hui. C’est d’ailleurs pour cette raison, que ceux d’entre eux qui ont toujours dit : « Attention ! Attention ! Attention ! Nous sommes en train de trahir la mémoire des martyrs » ont soit quitté le système volontairement où ont été contraints par toutes les formes de pressions économiques et politiques.

Ceux sur quoi je voudrais surtout insister à ce niveau, c’est vraiment la qualité des entretiens que nous a proposé et qui n’ont pas démérité à bien des égards. Cependant, nous estimons qu’il fallait impérativement donner aussi la parole à la jeunesse Malienne. 26 Mars 1991-26 Mars 2016 c’est quand même 25 ans. Quelles analyses font les jeunes de la tranche d’âge 25, 30 et 40 ans de cette révolution ?

Ceux qui ont occupé les plateaux sont des acteurs qui dans la plupart des cas ont encore des agendas politiques. Ce seul élément met obligatoirement une bonne dose de subjectivité dans leurs discours. S’ils ont réellement fait cette révolution pour ceux qui étaient à l’époque leurs enfants et petits-enfants, ces derniers sont généralement devenus aujourd’hui des hommes économiquement morts, politiquement désespérés et socialement traumatisés.

C’était à ces jeunes que l’ORTM devait donner la parole s’il voulait jauger les conséquences du 26 Mars au lieu de redonner l’occasion à des gens qui ne songent très souvent qu’à embobiner les autres comme s’ils étaient les seuls témoins de notre histoire. Bien à vous

Bamako le 27 Mars 2016

Fabou KANTE

CPM
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