PARIS - Voiture blindée, communications sécurisées, conseils de défense, déplacements quasi systématiques en avion... Depuis le début des opérations militaires françaises au Mali, la vie quotidienne de François Hollande, président "normal" devenu chef de guerre, est bouleversée.
Vendredi, c'est en avion que le président de la République et chef des armées a franchi les 200 kilomètres qui séparent Lille de Paris, renonçant à prendre le TGV qui parcourt pourtant cette distance en à peine une heure.
Depuis le 11 janvier et le déclenchement de l'opération Serval, le président doit être joignable et pouvoir joindre quiconque "sans délai", souligne son entourage. Or les moyens de communication sécurisés indispensables ne sont disponibles qu'à bord des avions gouvernementaux.
L'avion offre également davantage de souplesse. "L'élément déterminant, c'est vraiment la nécessité de pouvoir adapter les moyens de transport à l'agenda du président", explique-t-on encore à l'Elysée.
Plus que jamais, le Service de protection des hautes personnalités (SPHP), qui assure nuit et jour la sécurité du président, est sur les dents, pour former une "bulle de sécurité" autour de lui. Et même si les dispositions relatives à sa sécurité rapprochée sont un secret bien gardé, certains renforcements du dispositif sont visibles. François Hollande a ainsi troqué sa
Citroën DS5 hybride contre une C6 blindée.
D'évidence, le chef de l'Etat est menacé par les mouvements islamistes armés que les forces françaises et panafricaines s'efforcent de déloger du Nord-Mali. La France "des croisés et des Juifs sionistes paiera son agression contre les musulmans du nord Mali", ont encore menacé lundi les jihadistes de Mokhtar Belmokhtar, auteurs de la prise d'otages sanglante du site gazier d'In Aménas, en Algérie.
Le président, qui avait l'habitude de regagner presque quotidiennement son domicile dans le 15e arrondissement de Paris, réside désormais à l'Elysée.
Sur chacun de ses déplacements, le fond "bleu Elysée" aux armes de la présidence et un pupitre sont également disponibles à tout moment pour une éventuelle déclaration solennelle télévisée. Ils ont été mis à contribution cette semaine à Grenoble à l'occasion d'une brève déclaration saluant la libération de Florence Cassez.
Point Mali au Conseil européen
Chacune des journées de François Hollande commence désormais par un "point
de situation" sur le Mali qui réunit autour de lui le secrétaire général de
l'Elysée, Pierre-René Lemas, son chef d'état-major particulier, le général
Benoît Puga, et son conseiller diplomatique, Paul Jean-Ortiz.
Quotidiennement aussi dans les premiers jours de l'intervention et de
manière un peu plus espacée désormais, il préside un conseil de défense qui
réunit le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, les ministres de la Défense et
des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian et Laurent Fabius, le Secrétaire
général de la défense et de la sécurité nationale, Francis Delon, le patron
des services de renseignement extérieurs (DGSE), Erard Corbin de Mangoux, et
le chef d'état-major des armées, l'amiral Edouard Guillaud.
Les multiples cérémonies des voeux en janvier ont été l'occasion d'autant
de prises de parole présidentielles sur la situation au Mali ou la prise
d'otages en Algérie. Mais le président multiplie aussi les entretiens avec ses
homologues, en dernier lieu, vendredi soir, avec l'Américain Barack Obama.
François Hollande évoque systématiquement la situation au Mali dans ses
déplacements à l'étranger où le général Puga lui remet régulièrement des notes
d'une page sur l'évolution de la situation et ses propositions d'engagement
des troupes françaises.
A sa demande, le prochain Conseil européen des 7 et 8 février à Bruxelles, consacré au budget 2014-2020 de l'UE, sera l'occasion d'un nouveau "point de situation" sur le Mali à l'adresse des Vingt-Sept.
Plus anecdotique: les jardins de l'Elysée qui devaient ouvrir au public dimanche resteront fermés en raison du plan Vigipirate, porté au niveau d'alerte "rouge renforcé".