L’agression surréaliste et peut-être sans précédent mondial -quant au lieu et aux acteurs du crime- contre le président Dioncounda Traoré prouve ceci: alors que personne ne s’y attendait, que nous nous demandions comment des pays voisins pouvaient s’étriper, la belle nation du Mali ne se contente pas de prendre eau de toutes parts mais qu’elle est train de toucher le fond. Sauf si nous faisions une ultime violence sur nos proches penchants. Personne d’autre ne peut nous aider. Ni Dieu ni la Cedeao. Mais pour des raisons différentes. Dieu, lui, a fait tout ce qu’il pouvait pour nous. Nous ne sommes pas ses seules créatures. Et nous avons trop joué avec lui avec nos chapelets toxiques, nos prières haineuses et nos postures hypocrites, alors que tout chez nous est pure méchanceté, pire perfidie. Pour ce qui est de la Cedeao, la question n’est pas qu’elle se saisisse du dossier du putsch du 22 mars car c’est ce qu’elle a fait, en raison d’un protocole que nous n’avions pas contesté en son temps et que nous avons même ratifié.
La question est qu’elle doit régler un sérieux problème de rigueur et de communication. Le limogeage peut-être pour les raisons morales gravissimes que nous donnent les médias n’est pas du tout une mauvaise nouvelle pour le Mali. Mais s’agissant de l’autre élément du binôme, à savoir Djibril Bassolé, il lui faut éviter les propos qui soient plus des problèmes que des solutions.
Or c’est bien le cas lorsqu’il dit que le souhait de la Cedeao est que Dioncounda Traoré soit le président de la transition, lorsque nous croyions la décision de l’organisation sous-régionale basée sur l’interprétation la plus juste possible de la constitution du Mali. Car si ce n’est pas cette démarche qui fonde la décision des chefs d’Etat et si cela n’est pas dit clairement et sans ambages, la Cedeao valide le débat qui divise actuellement les Maliens. Elle n’a pas à choisir, elle n’a pas à faire elle aussi son coup d’Etat. Elle doit seulement s’en tenir à la constitution ou aux accords signés.
C’est tout ce qui peut légitimer Dioncounda Traoré qui est peut-être l’un des perdants nets du putsch, dans la mesure où il était le candidat à la présidentielle du parti le plus implanté du pays. Il est vrai que le médiateur nous avait renvoyé à notre propre constitution et que nos juges constitutionnels n’ont pu être entendus sur la constitutionnalité de la présidence de « l’intérimaire » au-delà des quarante jours sataniques. Le silence local alterne avec les oukases de la sous-région. L’anomalie est là et c’est bien sur cette anomalie que le communiqué du Rpm d’hier met le curseur.
Adam Thiam