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Les zones tribales du Pakistan restent un foyer majeur du jihadisme mondial
Publié le dimanche 27 janvier 2013  |  AFP




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PESHAWAR (Pakistan) - Malgré la mort de Ben Laden, la diversification d'Al-Qaïda et une pluie de tirs de drones américains, les zones tribales pakistanaises restent un foyer majeur du jihadisme international.

L'émergence récente de nouveaux champs de batailles au Moyen Orient ou en
Afrique n'y a rien fait: le nombre de combattants étrangers dans la région
aurait même tendance à augmenter, avec des pays d'origine de plus en plus
divers.

Cela fait plus de 30 ans, depuis le lancement du "jihad" contre l'invasion
de l'Afghanistan voisin par les Soviétiques, que des musulmans du monde entier
affluent dans cette zone tampon frontalière montagneuse et réputée
incontrôlable.

Après les attentats du 11 septembre, une coalition menée par les Etats-Unis
envahit l'Afghanistan et chasse les talibans du pouvoir: elle devient à son
tour la cible des combattants pakistanais et étrangers des zones tribales,
rejoints sur place par les combattants de l'ancien régime fondamentaliste de
Kaboul.

Berceau d'Al-Qaïda, la zone frontalière reste le principal quartier général
de son commandement, qui y bénéficie de complicités uniques avec les tribus
locales.

Ces jours-ci, les talibans afghans ont remarqué que leurs alliés étrangers
accordaient un peu moins d'attention au conflit en Afghanistan, d'où l'Otan
prévoit de se retirer à la fin 2014.

"Al-Qaïda concentre son attention sur la Syrie, la Libye, l'Irak, voire le
Mali", explique à l'AFP un cadre des rebelles afghans. Certains de ses
combattants, Libyens et Syriens, notamment, auraient déjà regagné leur pays
ces dernières années.

En 2003, un premier mouvement avait eu lieu vers l'Irak. D'autres ont suivi
vers le Yémen, la Somalie, l'Irak à nouveau... Selon des sources locales, le
nombre de jihadistes arabes le long de la frontière afghano-pakistanaise a
baissé à moins de 1.000, contre plusieurs milliers dans le courant des années
2000.

Mais les autres jihadistes étrangers, eux, semblent de plus en plus
nombreux.

La grande majorité sont aujourd'hui Turkmènes et Ouzbeks (1.000 à 3.000
selon les sources locales), qui ont comme beaucoup fui les régimes
autoritaires de leur pays d'origine, se diversifient et semblent impulser un
nouveau mouvement, avec les Turcs notamment. L'Union du jihad islamique (UJI,
ouzbèke), qui opère en Afghanistan avec les talibans est ainsi également
connue pour avoir recruté des jihadistes en Allemagne pour y commettre des
attentats.

Au total, "le nombre de jihadistes étrangers a augmenté ces deux dernières
années. Chaque semaine on voit de nouvelles têtes", explique un visiteur
régulier du Waziristan du Nord, principal repaire tribal d'Al-Qaïda et des
talibans.

Ils seraient au total entre 2.000 et 3.500 autour de la frontière, issus
d'une trentaine de pays différents. A l'époque du jihad soviétique, on les
estimait également à quelques milliers.

Les mailles du filet se sont pourtant resserrées ces dernières années,
notamment à partir de 2008 lorsque les Américains ont arrosé la zone de
centaines de tirs de drones. Mais "ils ont beaucoup plus tué de talibans
locaux que de membres d'Al-Qaïda", souligne le visiteur régulier de Miranshah.

Ils ont toutefois désorganisé les réseaux, condamnant les jihadistes à une
vie souterraine. "Ils font profil bas, s'habillent local, évitent les
rassemblements et, surtout, bougent tout le temps", explique un journaliste
local. Les drones ont également détruit les camps d'entraînement, très
fréquentés auparavant.

Les nouveaux jihadistes proviennent "de pays de plus en plus différents",
note Saifullah Mehsud, du Centre de recherche sur les zones tribales
d'Islamabad.

"Il y a quelques mois, on a même accueilli pour la première fois des
Fidjiens!", glisse le cadre taliban. Leur point commun? "Beaucoup nous disent
se sentir exclus par le capitalisme et discriminés par des lois comme
l'interdiction de la construction des minarets en Suisse ou de la burqa en
France", plaide-t-il.

Les Français seraient "au moins 15 à 20" dans les zones tribales, selon des
sources locales. Un chiffre en baisse, comme celui des Occidentaux en général,
qui se compteraient en "dizaines", contre "des centaines" il y trois ans.

Comme d'autres, les jihadistes occidentaux "hésitent désormais à venir car
ils ont peur des drones", souligne un jihadiste canadien croisé cette semaine
dans le nord-ouest, ajoutant que lui et ses compatriotes ne sont plus que "14"
dans le Waziristan du Nord, contre "60 à 85" avant.

Agé d'une trentaine d'années, il est au Pakistan depuis plus de trois ans
et compte rentrer prochainement au Canada. Mais pas pour des vacances: "Je
serai plus utile à former des gens au jihad au Canada plutôt que de le faire
ici".
emd-bur/jr

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