Pour un enquêteur malien, on est en train de mettre “la main sur le noyau dur d’une cellule sous-régionale du terrorisme. Nous avons visiblement affaire au même groupe qui a fait mener des attaques à Bamako, Ouagadougou et à Grand-Bassam“. Cette déclaration fait suite à l’arrestation de deux suspects vendredi et samedi 26 mars dans deux opérations distinctes à Gossi et à Goundam.
Deux suspects clé ont été arrêtés, vendredi et samedi 26 mars dans deux opérations distinctes, dans le Nord du Mali, en relation avec les récentes attaques terroristes de Grand-Bassam, en Côte d’Ivoire, il y a deux semaines. Le nommé Ibrahim Ould Mohamed a été arrêté près de Tombouctou, alors que Mydi Ag Sodack Diko a été interpellé au sud de la ville de Gao.
Pour les enquêteurs, les deux personnes désormais transférées à Bamako, sont impliquées dans les attaques du 13 mars dernier contre la station balnéaire ivoirienne de Grand-Bassam. “Ces hommes sont au cœur du réseau qui a commis les attentats. Ils seront une mine d’information”, joint par RFI, le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité ivoirien se réjouit de ces deux interpellations. “On devrait savoir comment les terroristes ont agi, où ils ont mangé, dormi… Ces arrestations sont une avancée importante pour l’enquête”, a déclaré Hamed Bakayoko.
Le premier suspect, Mydi Ag Sodack Diko, a été arrêté, ce samedi, au sud de Gao, plus précisément, dans la localité de Gossi. De nationalité malienne, il a, selon les premiers éléments de l’enquête, “activement participé à l’attaque de Grand-Bassam” en Côte d’Ivoire, notamment en assurant la logistique. Son domicile, à Abidjan, aurait par ailleurs servi à loger les assaillants, notamment le cerveau de l’opération. Peu après l’attaque, ce suspect aurait pris un avion à Abidjan, direction Bamako, avant de se diriger vers le Nord du Mali où il vient d’être arrêté.
La deuxième arrestation est intervenue cette fois à quelque 80 km de Tombouctou, plus précisément dans la localité de Goundam, dans la nuit de vendredi à samedi. Ibrahim Ould Mohamed est également Malien. Selon un enquêteur, il a donné des informations précieuses et son téléphone, un numéro facile à retenir, a parlé. Comme le premier arrêté, il serait très proche et même le chauffeur et bras droit de Kounta Dallah présenté, par les forces de sécurité ivoiriennes, comme le cerveau des attaques du 13 mars dernier qui ont fait 19 morts et une trentaine de blessés, à Grand-Bassam.
Le précieux répertoire d’un téléphone portable
C’est notamment un téléphone abandonné par le commando qui a attaqué la station balnéaire de Grand-Bassam en Côte d’Ivoire, qui a conduit les enquêteurs au nord de Mali. Dans l’appareil, un précieux répertoire dont des numéros ont tout de suite été mis sur écoute. Ainsi, une, puis au moins deux personnes ont été localisées dans le Nord du Mali.
Les forces de sécurités locales, avec un appui extérieur, ont filé les individus. Arrêtés, les deux suspects de nationalité malienne ont été transférés à Bamako. Une source au cœur de l’enquête est formelle : “On met là la main sur le noyau dur d’une [cellule Ndlr] sous-régionale du terrorisme. Nous avons visiblement affaire au même groupe qui a fait mener des attaques à Bamako, Ouagadougou et à Grand Bassam”.
Dans le cadre de l’enquête de l’attentat à Grand-Bassam, quinze personnes ont été arrêtées alors que le principal suspect, Kounta Dallah, est toujours en fuite. A Bamako ou à Abidjan, on compte sur la coopération entre les services de sécurité des deux pays pour l’appréhender. “Nous ne sommes plus très loin de démanteler tout le réseau de l’attaque de Grand-Bassam, mais aussi ceux de Ouagadougou et de Bamako. Tous ces attentats sont le fait de réseaux interconnectés”, a déclaré Hamed Bakayoko, le ministre de l’Intérieur ivoirien.
Rassemblés par A. M. C.