Si la pratique démocratique a eu des avancées significatives dont, entre autres, l’instauration du multipartisme intégral, l’institutionnalisation des libertés fondamentales, elle a eu aussi des impacts négatifs comme la détérioration et dégradation du tissu social et la perte de certaines valeurs morales et sociales
Contribuer aux réflexions et analyses des évolutions spatiales, politiques, économiques et sociales du Mali depuis mars 1991 à nos jours, dégager des perspectives, tels étaient les objectifs d’un colloque tenu samedi à la Pyramide du souvenir.
Les débats ont porté sur le thème : « 26 mars 1991-26 mars 2016, évolutions géo-spatiales, politiques et institutionnelles, économiques, sociales et perspectives». La rencontre a réuni de nombreux membres du gouvernement, des anciens Premiers ministres, des acteurs du Mouvement démocratique, des chercheurs.
Organisé par le ministère de la Culture, de l’Artisanat et du Tourisme à travers la direction de la Pyramide du souvenir, le colloque a été ouvert officiellement par le ministre Mme Ndiaye Ramatoulaye Diallo. D’entrée de jeu, elle a indiqué que son département a placé l’année 2016, sous le signe de la renaissance culturelle. Donc, ce « sera surtout une année de réflexion utile à la création du réflexe culturel, à un retour plus que nécessaire à nos valeurs intrinsèques ».
Pour le ministre de la Culture, de l’Artisanat et du Tourisme, « le peuple du Mali rappelle, chaque fois que de nécessaire, son attachement aux valeurs universelles que peut et doit garantir la démocratie ». L’année 2016 marque un quart de siècle de pratique démocratique effective dans notre pays. « Bien que l’histoire ne s’accommode pas des bilans, s’il fallait en faire un de notre exercice de la démocratie, ce ne serait pas sans griefs, sans interrogations, sans remise en question et parfois sans déni des progrès et des avantages liés au système démocratique », a-t-elle analysé.
Mme Ndiaye Ramatoulaye Diallo ajoutera que la parenthèse de la junte militaire en 2012 ainsi que la crise actuelle du terrorisme, qui n’est cependant pas que malienne, nous oblige à marquer un temps d’analyse et de réflexion pour penser, au besoin, repenser notre système démocratique.
Elle s’est dite consciente que l’exercice ne peut se contenter de la seule journée, tant il y a à dire, mais qu’il s’agissait de lancer le signal de la nécessaire réflexion sur les adéquations possibles entre système démocratique au 21è siècle et système de gestion de la cité hérité de notre riche histoire. « Il s’agissait aussi pour nous de lancer le débat sur la nécessaire confrontation des concepts de démocratie et de culture », a-t-elle précisé.
Le 26 mars 1991, une insurrection populaire, parachevée par les militaires, a mis fin au régime militaire et le Mali a tourné une page de son histoire. Un Comité de transition pour le salut public (CTSP) a dirigé le pays jusqu’à l’élection du premier président démocratiquement élu en 1992.
Pendant la transition, d’importantes reformes politiques, économiques, sociales et culturelles ont été entreprises. Afin d’élaborer une nouvelle Constitution et définir le processus électoral, le CTSP a organisé une Conférence nationale du 29 juillet 1992 au 12 août 1992. Le multipartisme est reconnu et une Charte des partis politiques a été établie par une ordonnance du CTSP le 10 octobre 1991[].
De mars 1991 à nos jours, la pratique démocratique a fait des résultats diversement interprétés. Si la pratique démocratique a eu des avancées significatives : instauration du multipartisme intégral, institutionnalisation des libertés fondamentales, libéralisme économique, libéralisme syndical, décentralisation, élection libre, elle a eu aussi des impacts négatifs : détérioration et dégradation du tissu social, perte de certaines valeurs morales et sociales, accentuation de la précarité de la vie, exacerbation des inégalités sociales, incertitude de l’avenir, insuffisance de débats et de cadre de réflexion et de propositions de sortie de crise récurrente, perte de confiance dans les institutions de la République et insuffisance de véritables plans de développement pour le bien-être de la population, etc.
C’est pourquoi, il y a lieu de s’interroger sur la nature des évolutions spatiales, politiques, économiques et sociales que le Mali a connues depuis le 26 mars 1991. C’est à cela que le présent colloque s’est attelé. Professeurs d’universités, professeurs d’enseignement supérieur, chercheurs, intellectuels, acteurs politiques et leaders d’opinion ont analysé les difficultés et contraintes liées aux transformations géo-spatiales, politiques et institutionnelles, économiques, sociales et aux perspectives. Le colloque a proposé des solutions pour le renforcement de la bonne gouvernance dans notre pays.
Y. DOUMBIA