A la page 64 et 65 de la Charte, il est écrit que : ‘’Il n’est un secret pour personne que le népotisme imprègne l’administration et que la corruption s’y est confortement installée… la perte du sens de l’Etat qui se traduit par la perte de toute éthique de la fonction administrative, est également liée à la baisse dangereuse des valeurs morales au profit des valeurs matérielles…’’
S’agissant des problèmes économico-financiers. On lit à la page 66 et 67 de la Charte, ‘’On constate qu’à ce niveau, il existe un déséquilibre croissant entre les revenus et le coût de la vie, aggravé par l’incapacité dans laquelle se trouve l’Etat de faire face à ses obligations d’abord et de donner une impulsion décisive à l’économie (…). Actuellement, trop peu de citoyens peuvent décemment faire face à leurs obligations tant est grand le fossé entre les revenus et les prix’’.
A la page 68, ‘’cette situation démotivante est exacerbée par l’état d’asphyxie du Trésor public qui imprime au paiement des salaires un rythme irrégulier et conduit à un sous-équipement des services publics. Dès lors, les conditions matérielles et psychologiques de travail s’en trouvent particulièrement dégradées’’.
Sur les problèmes sociaux, la Charte à la page 68 mentionne ce qui suit : ‘’Au plan social, on note l’absence de solutions adéquates aux problèmes de l’emploi, surtout en ce qui concerne les jeunes diplômés. Cette situation trouve son origine, d’une part, dans l’inadéquation formation-emploi-ressources disponibles ; d’autre part, dans les difficultés qu’éprouve l’Etat à combattre la corruption, l’enrichissement facile, l’affairisme, le détournement des deniers publics et à garantir l’égalité devant la loi et les services publics’’.
Ces passages prouvent à suffisance que les dirigeants de l’UDPM avaient montré leurs limites à gérer le Mali. Ce qui a d’ailleurs été confirmé par son secrétaire politique en 1991. Dans sa lettre de démission, Djibril Diallo écrit : «Le parti (UDPM) a atteint son seuil d’incompétence». Même s’il n’y a pas décence en politique, on ne peut pas faire une telle fracassante déclaration et en quelques années se dresser en défenseur de ce même parti pour narguer, tromper et falsifier les faits pour que la nouvelle génération adhère à une cause déjà perdue.
Les nominations anarchiques à des grades supérieurs ont débuté avec Moussa : de lieutenant, Moussa s’est bombardé au grade de colonel puis à celui de général
De la gestion de l’armée après la chute du général Moussa Traoré, les rédacteurs notent à la page 167 de leur ouvrage que : ’’L’entreprise de destruction de l’armée débute sous la transition (mars 1991- mai 1991). Plus loin, ils ajoutent que‘’ de l’armée sous les régimes de la transition et de la 3e République, on retiendra une gestion loin d’être satisfaisante se manifestant à travers : des nominations anarchiques à des grades supérieurs n’ayant aucun rapport avec les textes règlementaires des armées…’’
Sur ce point, le bilan des présidents Amadou Toumani Touré (ATT) et Alpha Oumar Konaré (AOK) est catastrophique, le défendre, c’est trahir le Mali. Et une des conséquences de leur gestion aujourd’hui est l’occupation de notre territoire par des forces étrangères dont la mission à elles confiées par la soit-disant communauté internationale est la partition du Mali. Mais, il est important de rappeler aux moussaïstes que la destruction de notre armée a débuté sous le règne du lieutenant Moussa Traoré, l’homme qui a porté un coup d’arrêt à la marche patriotique amorcée par le président Modibo Keïta et ses camarades.
Au lendemain du coup de force perpétré par des gens qui n’étaient pas préparés à exercer de hautes fonctions, une purge conduite sous la clairvoyance de l’homme du 19 novembre 1968 s’est opérée au sein de l’armée. Les officiers subalternes ont arrêté et mis à la retraite tous les officiers supérieurs de l’armée, ces hommes dotés de capacité d’analyse, de réflexion et d’anticipation. La purge ne s’est pas arrêtée là.
Au sein du Comité militaire de libération nationale (CMLN), les plus gradés, les capitaines Yoro Diakité, Malick Diallo (arrêtés le 27 mars 1971) et Charles Samba Sissoko (08 mars 1978) ont été mis aux arrêts sous prétexte qu’ils complotaient contre le pouvoir des lieutenants (au nombre de dix sur les quatorze membres du CMLN).
Le quatrième capitaine, Mamadou Cissokho, ayant trouvé la mort dans un accident de circulation (1970). Cette épuration a porté un coup dur au bon fonctionnement de l’armée malienne. Ainsi, leur élimination a ouvert le boulevard à des promotions exceptionnelles et à grande échelle dans l’armée.
Dans leur volonté de paraître et de faire croire aux citoyens que la tenue militaire est synonyme de richesse, de jouissance et de conquête de belles filles à Bamako, la soldatesque s’est attribuée de façon éhontée des galons au détriment de la valeur intrinsèque, de la bravoure, du dévouement et de l’abnégation, valeurs sans lesquelles on ne pourra jamais porter son pays dans son cœur.
Le lieutenant Moussa Traoré s’est bombardé au grade de colonel et de général d’armée quelques années après avoir éliminé ses compagnons d’armes qui l’empêchaient de tourner en rond et de régner en maître absolu. Eux, aussi, ne sont pas restés en marge de cette distribution promotionnelle des galons. De lieutenant, ils se sont tous retrouvés au grade de lieutenant-colonel. Ils ont piétiné les galons de capitaine, de commandant et de lieutenant-colonel pour Moussa Traoré. Qui dit mieux, la charité bien ordonnée commençant par soi même !
Les auteurs du livre, qui tentent de réécrire l’Histoire politique en blanchissant le putschiste de novembre 1968, oublient que, contrairement à ce qui est écrit dans le livre ‘’Le Mali sous Moussa Traoré’’, les nominations anarchiques ont débuté sous Moussa Traoré.
Si ces apprentis-sorciers (ATT-AOK) ont continué son œuvre en sabotant les fondements de notre armée, il n’y a rien de surprenant. Il est à noter que Amadou Toumani Touré et Alpha Oumar Konaré sont des purs produits du système Moussa. Le premier pour avoir été le commandant de la garde présidentielle du président Traoré et le second pour avoir été son ministre. Ils étaient tous là quand le régime de Moussa Traoré torturait et assassinait froidement le secrétaire général de l’UNEEM, Abdou Karim Camara dit Cabral, le 17 mars 1980.
Même si les démocrates ont mal géré le pays, on n’acceptera pas qu’on livre des contre-vérités à notre peuple pour falsifier et réécrire notre Histoire au profit du général Moussa Traoré, un homme qui n’est pas prêt à présenter ses excuses pour les crimes qu’il a commis dans le sang contre les Maliens qui ne lui demandaient que le bien-être.
Yoro SOW