Chassez les djihadistes, ils reviennent au galop. Malgré l’intervention d’apparence énergique et la présence de tant de forces internationales dans septentrion, les combattants d’Aqmi, d’Almourabitoune entre autres continuent d’y pulluler comme à demeure. Les rares audacieux voyageurs, qui ont le courage de sillonner la zone à leurs risques et périls, ont l’opportunité de les croiser. Le plus grand nombre cohabitent, depuis plus d’une année, avec les populations dans le rayon de Boulkessi (Cercle de Rharous) sans être inquiétés. Cette coexistence pacifique commence d’ailleurs à prendre les allures d’un contrat d’adoption qui, selon nos sources, repose sur une clause tacite de non-agression. Selon les mêmes sources, il s’agit pour la plupart d’allogènes probablement fournis par les guerres de Syrie, du Yémen et même de la Libye peut-être. Avec la bénédiction et la protection de leurs alliés locaux, Ils se pavanent librement dans la zone au su et au vu de tout le monde, y compris les forces armées et de sécurité qui n’agissent apparemment qu’en cas d’attaque contre leurs positions. Dès lors il n’est ni étonnant que l’armée essuie souvent des embuscades ni surprenant que la menace islamistes s’invite dans les difficultés d’application de ‘accord.
Hanouni, le président autoproclamé du conseil régional de Kidal
Officiellement, la présidence du Conseil régional de Kidal est vacante avec l’absence de son premier responsabilité soit par décès ou – qui sait ? – peut-être une disparition volontaire imposée par les tribulations que connaît la 8 ème région depuis 2012. Quoi qu’’il en soit, un autre membre de la collectivité territoriale profite allègrement de la confusion ambiante. Il s’agit d’un certain sieur Hanouni, qui s’est autoproclamé président du Conseil régional. L’intéressé est certes un élu, mais, selon toutes les sources fiables, il n’occupait guère dans le Conseil une position par laquelle il peut mériter d’être investi au sommet. En effet, il n’était jusque-là que deuxième en préséance, mais M. Hanouni est quand même reconnu comme président du Conseil régional par les hautes autorités de Bamako dont il est devenu l’interlocuteur de fait, malgré son usurpation. Il n’est point exclu en outre qu’il continue de s’imposer comme le premier responsable de la future administration provisoire si la loi passait à l’Assemblée car il est de toutes les façons le choix des maîtres autoproclamés de la région. Tout comme le nouveau gouverneur qui vient d’être nomme.
Administration sans usagers
C’est le grand paradoxe imposé aux Maliens de la capitale par les djihadistes. Suite à l’attaque de l’Hôtel Nord-Sud transformé en Quartier Général de l’EUTM-Mali, le dispositif sécuritaire a été subitement élevé d’un cran dans le sillage de la traque déclenchée contre certains des assaillants en cabale. Seulement voilà : tous s’interrogent sur les raisons pour lesquelles les mesures drastiques ont été singulièrement concentrées sur la Cité administration avec l’instauration d’un système de filtrage pour le moins bizarre à l’entrée, au grand dam des usagers de l’administration. En effet, pour accéder aux différents ministères, il fallait disposer d’une carte d’accès que détiennent les seuls employés des différents départements ministériels. Conséquence : les agents de l’administration se sont retrouvés pratiquement toute la semaine esseulés dans les bureaux, sans les usagers retenus à la porte malgré le grand besoin de recourir aux services administratifs. La situation aurait pu se gérer autrement avec plus d’adresse pour permettre à chacun de trouver son compte.
Des explosifs de l’armée malienne sur les djihadistes ?
La question est l’objet de vicieux et persistants murmures dans les milieux les plus nantis des forces armées et de sécurité du Mali. Il se susurre, en effet, que le puissant arsenal de munition trouvé sur l’assaillant djihadiste abattu au Nord -Sud provient des derniers stocks des Famas. Une incongruité qui incite naturellement à s’interroger sur une éventuelle infiltration des rangs de la Muette par l’ennemi, ainsi que sur la possibilité de lutter réellement contre les anciennes pratiques ayant longtemps ayant eu raison de l’armée malienne sous A TT : l’enrichissement des hauts gradés par la vente massives d’armes et de munitions qui se retournent finalement contre les pauvres hommes des rangs à chaque déclenchement du feu au septentrion. La pratique avait tellement miné le secteur que le chef de l’État de l’époque s’est senti obligé de recourir à des menaces subtiles pour effrayer les officiers par des allusions à l’inventaire de la moindre la cartouche contenu dans les magasins de son armée. Dans tous les cas, il faudrait visiblement plus qu’’une simple formation et un équipement pour rendre l’armée malienne performante.
L’irresponsabilité de la Cstm
Longtemps sous le boisseau après avoir fait la pluie et le beau temps du soutien aux putschistes, la Confédération syndicale des travailleurs du Mali a repris du poil de la bête au point déclencher une grève à contre-courant de la dynamique générale du front social malien. Et pour cause, les motifs de son débrayage, selon toute évidence, ne sont pas distincts des revendications pour lesquelles l’Untm à déjà trouvé satisfaction auprès du gouvernement. Et ç’est d’ailleurs l’une des raisons pour laquelle la section syndicale de la police affiliée à la Cstm s’est sans ambages désolidarisées d’une initiative dont l’irresponsabilité s’est révélée au grand jour avec l’assaut des djihadistes sur le Nord-Sud en pleine grève. En effet, si la police avait suivi la cadence, elle n’aurait jamais pu si massivement répondu aux sollicitations pour traquer les assaillants. Ce n’est pas la seule fois que la Cstm se singularise de façon aussi irrefléchi. La même organisation syndicale, pour des raisons jusque-là peu expliquées, avait fait campagne contre l’AMO, un produit social qui fait aujourd’hui le bonheur des travailleurs maliens toutes tendances syndicales confondues. Il se raconte du reste que même Hammadoun Amion Guindo y est inscrit alors qu’il semblait ne pas y voir une utilité pour ses camarades.
Ibk, le voyageur…écourteur
Comme si c’était le fait d’une malheureuse coïncidence, le président de la République est presque toujours absent aux grands événements dramatiques dans la capitale. C’était le cas lors de l’attaque djihadiste de Radosson Blu ou plus d’une vingtaine de civils ont trouvé la mort en l’absence d’Ibk, qui se trouvait dans la capitale tchadienne pour une rencontre du G5 pour le Sahel. Le chef de l’État a ainsi dû écourter son séjour pour rejoindre la capitale et partager un deuil presque consommé en son absence. Ibk vient de récidiver parce que l’attaque de l’Hôtel Radisson Blu beaucoup moins dramatique certes, l’a trouvé en Namibie où il a également écourté son séjour pour venir consoler la mission militaire de l’Union européenne, la principale cible de l’assaut raté. Ainsi, pour nombre d’observateurs, le locataire de Koulouba mériterait le sobriquet ‘’d’écourteur’’ pour ses voyages multiples qu’il jure de multiplier quoiqu’ils puissent coûter au trésor public.
Qui a tué l’assaillant du Nord-Sud ?
La question est devenue une quadrature du cercle depuis une semaine, après que l’assaut djihadiste contre l’Hôtel Nord-Sud a été maitrisé. En effet, au lieu du résultat macabre préconisé par AQMI, l’attaque s’est plutôt conclue par un morts parmi les assaillants et au moins deux autres neutralisés.il s’agit d’un ado d’environ 17 ans que les enquêteurs ont retrouvé gisant dans son sang au bout d’une demi-heure de tirs nourris entre les occupants de l’hôtel et les assaillants. Aux échanges de tirs ont également pris part les forces armées et de sécurité du Mali, qui assurent d’ailleurs la sentinelle au portail d’accès discret à la bâtisse. C’est à ce titre qu’ils revendiquent l’exploit d’avoir abattu l’unique assaillant mort pendant l’assaillant. Mais, à en croire des témoins de l’affrontement, le jeune djihadiste visiblement dépourvu de toute expérience a été touché d’un tir de sniper depuis le toit de l’Hôtel. Il s’agit donc d’un élément des forces de l’EUTM qui, selon toute évidence, ne veut tirer aucune gloriole d’avoir tué un mioche aussi nuisible qu’il paraisse.
L’Ams-Uneem au chevet de 12 étudiants incarcérés
Les années passent et les amis de Cabral ne se découragent pas. Chaque année, c’est le même engouement : ils sont au rendez-vous pour commémorer la disparition de leur ami fauché dans la fleur de l’âge en plein combat pour les libertés et le bien-être de l’étudiant malien. Cette année, le rituel s’est déroulé dans une ambiance toute particulière. Les compagnons du martyr du 17 Mars ont choisi au fait d’avoir une pensée voire une compassion à l’endroit de jeunes étudiants en détention à la Maison d’Arrêt Centrale de Bamako. Ils sont une douzaine auxquels les membres du bureau de l’Ams-Uneem ont rendu une visite dans leurs geôles, le mercredi 23 Mars dernier, dans le cadre des activités de la semaine annuelle des martyrs. Le combat d’Abdou Karim Camara alias Cabral n’aura pas été totalement vain puisqu’il y une trentaine d’années environ il était impossible de rendre visite à un étudiant détenu à plus forte raison une douzaine.
La double condamnation des prisonniers rwandais au Mali
Ils sont une dizaine environ de Rwandais dont la détention a été confiée à notre pays, suite à leur condamnation par le Tribunal Pénal pour le Rwanda, jadis basé à Arusha en Tanzanie. La plupart d’entre eux ont soit complètement épuisé leurs soit bénéficié d’une remise de peine pour comportement exemplaire, tandis que d’autres ont rencontré la mort en pleine détention. Quoique libres de leurs mouvements, certains des anciens prisonniers souhaiteraient peut-être connaitre un sort similaire à défaut de pouvoir retourner dans leurs anciennes geôles. Et pour cause, la liberté pour eux signifie ni plus ni moins une autre forme de détention parce que le chemin du retour au pays d’origine leur est prohibé, tandis que leur adoption par le Mali est en demi-teinte. En effet, sans intégration socio-professionnelle après la détention, pas de possibilité de travailler et de générer des ressources. Il faut pourtant vivre et de quoi ? Peut-être d’autres activités illicites qui ouvriront le chemin du retour en prison. C’est manifestement un paramètre que le protocole international de la coopération judiciaire n’a pas intégré alors que ses conséquences frisent un écart vis-à-vis du droit humanitaire.
La Rédaction