L’opposition, par la voix de son chef de file, vient de rendre la monnaie au Dr Bocary Tréta qui l’a récemment soupçonnée de vouloir renverser le régime d’Ibrahim Boubacar Keïta. Le président de l’URD, Soumaïla Cissé, a en effet saisi l’occasion que lui a offerte la cérémonie d’ouverture de la 7ème conférence de son parti pour rétorquer aux propos du Secrétaire général du parti présidentiel, le RPM.
Des voix s’étaient certes levées dans les rangs de l’opposition pour répondre aux allégations du Dr Bocary Tréta, l’un des barons du Rassemblement pour le Mali (RPM). Et bien, une voix des plus autorisées, celle du chef de file de l’opposition notamment, s’est faite entendre le samedi 26 mars au Cicb, où s’est tenue la 7ème conférence nationale, couplée avec les 2èmes congrès des mouvements des jeunes et des femmes de l’URD, principal parti d’opposition. convaincu que les prises de position de l’opposition contribuent à éclairer l’opinion nationale qui est ainsi au courant des «divers scandales», le président du parti de la poignée de mains a porté la contradiction au secrétaire général du RPM.«Ceux qui n’ont ni vision ni projet ne peuvent que se livrer à l’invective, à la calomnie et au mensonge en voyant le complot ou le coup d’Etat partout !
Quand vous leur montrez la lune de leur incurie, ils regardent votre doigt !», a répondu M. Cissé. Faut-il rappeler qu’au cours d’une rencontre que le bureau politique du RPM a eue, il y a quelques semaines, avec les militants des communes V et VI, l’ancien ministre du Développement rural, Dr Bocary Tréta, n’avait pas porté de gant contre l’opposition qu’il a accusée de vouloir profiter du mois de mars pour renverser le pouvoir en place.
Dans ce même registre politique, Soumaïla Cissé a réaffirmé la détermination de son parti à animer l’opposition, et ce n’est d’ailleurs pas un statut de chef de file de l’opposition qui y changera quelque chose. Surtout encore que le président de l’URD rejette le décret d’application de la loi portant chef de file de l’opposition. Selon lui, ce décret tant attendu qui devait permettre au chef de file de l’opposition de disposer de moyens pour conforter la démocratie est une « montagne qui a accouché d’une souris«.
«Pensez-vous que nous allons accepter d’être la seule institution de la République dont les cadres soient nommés en conseil des ministres? Pensez-vous que nous allons accepter d’être la seule institution dont le personnel de soutien soit entièrement désigné par un ministre, y compris planton, chauffeurs et secrétaires ? », a interrogé Soumaïla Cissé pour qui ce décret est irrecevable tant dans la forme que dans le fond.
Aussi, a-t-il dénoncé les « irrégularités » qui ont, dit-il, émaillé les législatives partielles d’Ansongo, de Yorosso et en Commune V du district de Bamako. Partant, le chef de file de l’opposition a demandé ‘’que la lumière soit faite sur les 900.000 cartes Nina qui seraient, d’après le Vérificateur général, dans la nature et que la biométrie soit utilisée pour les prochaines élections’’.
Non aux autorités intérimaires !
Sur le plan du processus de paix et de réconciliation, le président de l’URD a regretté le fait qu’en dépit de la signature de l’Accord de paix et de réconciliation, la paix n’est toujours pas revenue au Mali et que la réconciliation est loin d’être effective. Ce, avec son corollaire d’insécurité qui, dit-il, s’étend à l’ensemble du territoire national. Conscient de tous ces enjeux, le chef de file de l’opposition a dit «oui !» à ce qu’il appelle une mise en œuvre équilibrée de l’accord, c’est-à-dire dans le respect de la Constitution, de l’unité et de l’intégrité du territoire, mais surtout dans un esprit d’inclusivité de toutes les populations maliennes. Toutefois, il s’est dit opposé à la mise en place d’autorités intérimaires en lieu et place des conseils communaux, notant dans les régions nord du pays.
«L’URD ne cautionnera jamais un texte qui jure avec la constitution du pays. L’URD n’acceptera jamais une interprétation erronée de l’accord de paix qui livrerait l’Administration des communes, cercles et régions du Nord et les populations à des groupes armés. L’URD ne laissera pas qu’on écarte injustement les élus, notamment là où les collectivités ont toujours fonctionné vaille que vaille, malgré l’insécurité», a-t-il clamé.
Soumaïla Cissé a abordé d’autres sujets qui ont trait notamment à l’économie et aux questions d’ordre social.
Bakary SOGODOGO