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Au Mali, Hollande a remporté une victoire mais pas encore la guerre
Publié le lundi 28 janvier 2013  |  AFP


Crise
© AFP par DR
Crise Malienne : Le président François Hollande à Alger
Mercredi 19 décembre 2012. Alger. La France et l`Algérie sont "en convergence" sur le Mali pour un retour à la paix par la voie de la négociation


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PARIS - François Hollande a remporté un premier pari avec la reconquête éclair du Nord-Mali menée par les forces françaises, mais le président s'apprête désormais à affronter de multiples périls militaires et politiques, du sort des otages du Sahel aux risques d'attentats.

"On s'est enlevé une grosse épine du pied mais tout n'est pas réglé, bien
sûr", observe une source diplomatique française qui ajoute, précautionneuse:
"Il n'y a pas de raison de ne pas être prudent mais pas de raison non plus de
ne pas être optimiste".

Pour François Heisbourg, de la Fondation pour la recherche stratégique
(FRS), le chef de l'Etat, chef des armées, "habite désormais pleinement la
fonction", après avoir "réagi vite et bien" à l'offensive des islamistes sur
Bamako, stoppée nette par les forces françaises. "Cette victoire militaire
entraîne une victoire politique, le rétablissement de l'intégrité territoriale
du Mali", souligne-t-il.

Ces derniers jours, observe-t-il, François Hollande a conduit "l'exécutif
dans ce qu'il a de plus radical: on donne l'ordre et 24 heures plus tard, des
soldats français interviennent dans un autre Etat".

Le plus dur reste cependant à faire et cela prendra "des années", selon
lui: parer la menace terroriste, régler le sort des otages français, favoriser
la réconciliation nationale au Mali, assurer le développement économique du
Sahel, éviter les exactions, former et équiper les forces maliennes et
africaines...

"Il ne faut pas se laisser abuser par l'apparente facilité des opérations:
on va très probablement réussir à chasser les djihadistes des villes mais ils
vont sans doute se réfugier dans les zones désertiques du nord Mali", abonde
Bruno Tertrais, autre expert de la FRS.

En terme d'image, estime-t-il, l'intervention militaire française au Mali
est positive pour le chef de l'Etat: elle contribue "à une réorientation de la
posture, plus grave et plus posée" qui est "sans doute une bonne chose" car
"en phase avec la gravité de la situation économique et sociale".

"Il y a une forte adhésion des Français à l'intervention au Mali mais, dans
les sondages, Hollande ne regagne que très peu", tempère Frédéric Dabi (Ifop).
La cote de popularité du président de la République ne gagne ainsi qu'un tout
petit point pour atteindre 38% dans le dernier baromètre Ifop/JDD paru le 19
janvier. "Le Mali intéresse, mais il est loin d'être au coeur des
préoccupations des Français", souligne-t-il.

Quant au risque d'enlisement des troupes françaises au Mali, cette question
ne tardera pas à se poser, estime Bruno Tertrais: "Le temps médiatique veut
qu'en général ce mot apparaisse au bout de 15 jours, trois semaines, c'est
presque une règle du débat politico-médiatique".

"Nous ne voulons pas nous enliser", a déclaré le chef de la diplomatie
française Laurent Fabius, prenant les devants dès lundi. "Nous tirons les
leçons de tout une série de conflits et il n'y aura pas d'enlisement", a-t-il
insisté, évoquant implicitement l'Afghanistan.

L'ex-puissance coloniale compte sur la montée en puissance des forces
maliennes et africaines pour réduire son empreinte sur le terrain --quelque
3.000 hommes actuellement--, son objectif étant d'apparaître en soutien plutôt
qu'en première ligne.

Près de trois semaines après le début de l'intervention, la France doit
encore s'assurer d'une contribution internationale jusqu'ici très timide. "On
ne peut pas parler d'isolement. En revanche on ne peut qu'être déçu par
l'attitude des Etats-Unis. Il a fallu deux semaines pour que l'administration
Obama accepte d'aider la France gratuitement pour les transports et le
ravitaillement", relève Bruno Tertrais.

ha-swi/sm/df

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