Décidément, les bandits armés de la Cma se foutent de la République du Mali et de ses dirigeants. Une fois encore, ils viennent de dribler tout le monde pour organiser leur bidon Forum qui a pour thème : «Espoir pour la sécurité dans l’Azawad». Une autre trahison qui ne dit pas son nom
«La force des méchants, c’est qu’ils se croient bons, et victimes des caprices d’autrui», écrivait si éloquemment Émile-Auguste Chartier dans Sentiments, passions et signes (Gallimard, 1958). Ces méchants, en République du Mali, seraient ceux qui ne veulent plus de la paix; qui aiment le langage des armes. Eux, rebelles ou ex-rebelles (les deux sont la même chose), ils ont habitué le peuple malien et la communauté internationale à des retournements spectaculaires de veste. En effet, après avoir fait miroiter au gouvernement qu’ils sont de bonne foi pour le retour définitif de la paix et que celle-ci passe par le Forum de Kidal prévu du 27 au 30 mars prochain, les revoilà qui décident de façon unilatérale qu’ils ne veulent pas entendre parler de la participation de la partie gouvernementale à ce Forum.
Une fois encore, le gouvernement malien va payer cash son laxisme. Après avoir été «trimballé» par les groupes armés du Nord du pays, regroupés au sein de la Cma, il est parvenu à la signature de l’accord pour la paix et la réconciliation. Depuis lors, l’on croyait que sa mise en œuvre allait s’accélérer. De compromis en compromissions, le gouvernement et ces groupes armés ont, de commun accord, décidé de l’organisation d’un Forum pour la paix et la réconciliation à Kidal, du 27 au 30 mars 2016, en vue de clôturer le processus d’Anéfis. Mais, à la surprise générale, plus on s’approche de la date retenue, plus on assiste à des tergiversations, la Cma ayant élaboré toute une machination pour que la partie gouvernementale n’y participe pas. Pour y parvenir, c’est une frange importante de la population de Kidal qui est mise à contribution. La recette est simple : il s’agit d’endoctriner les populations en leur faisant croire que la présence de la partie gouvernementale serait une obstruction à l’édification de leur fantoche «république de l’Azawad», puisqu’elle déboucherait sur le retour de l’armée républicaine et de l’administration. Incompréhensible pour ceux qui aiment vraiment la paix ! Comment des groupes rebelles armés peuvent-ils tenir un forum sur un sol malien, sans vouloir la présence de l’Etat ? Que veulent-ils mijoter ? Dans quelle République sommes-nous ? La région de Kidal serait-elle devenue un no man’s land ou une propriété privée des «terroristes» avec la bénédiction de la France ?
L’Etat malien roulé dans la farine
Les groupes armés du Nord du Mali seraient-ils plus intelligents que nos plus hautes autorités ? Cette question mérite d’être posée, puisque ce sont eux qui réussissent toujours à les flouer et à donner de grands mauvais coups à notre Nation. Tenez, l’organisation du Forum pour la paix et la réconciliation à Kidal était un projet que caressaient ces groupes armés du septentrion de notre pays. Pour y parvenir, il faut réunir plus de 400 millions de nos francs et on sait que ces groupes armés n’ont pas les moyens de le faire. Dans la foulée, le gouvernement malien a décidé de voler à leur secours, en récupérant leur initiative.
Mais voilà, ayant su que le projet est désormais mûr et que tout est bien calé pour la tenue de ce Forum du 27 au 30 mars 2016, ils ont trouvé un autre argument pour écarter la partie gouvernementale. De l’argent encore jeté par la fenêtre ? En tout cas, comme au temps de l’ex-Premier ministre Moussa Mara, ce sont les jeunes, les femmes et les enfants qui seront mobilisés et utilisés pour empêcher l’arrivée de la délégation étatique à Kidal (par voie aérienne ou terrestre). Et derrière tout ça, d’aucuns n’hésitent pas à indexer encore la France qui «tiendrait mordicus à Kidal pour ses intérêts géostratégiques».
La carte Iyad pour faire capoter le Forum ?
Vomi par la communauté internationale et détesté par ses concitoyens, le terroriste malien tant recherché par les Etats-Unis, Iyad Ag Ghaly, est considéré comme l’ennemi N°1 de la paix dans notre pays. Pour preuve, c’est lui qui a revendiqué toutes les attaques terroristes de ces derniers temps dont notre pays a été victime. Et alors que tous les autres groupes armés, ceux de la Coordination des mouvements de l’Azawad (Cma) et de la Plate-forme, nous avaient fait croire qu’ils sont rentrés dans la droite ligne de la paix, nous nous sommes dit que tel n’est le cas de l’organisation Ançar Dine d’Iyad Ag Ghaly que l’on peut désormais qualifier de criminelle. Mais, contre toute attente, c’est la Cma qui conditionne la tenue du Forum de Kidal à la participation du terroriste Iyad Ag Ghaly. Comme pour dire que «tout ce qui s’assemble, se ressemble», car les bandits armés de la Cma ne sont pas moins terroristes qu’Iyad. D’ailleurs, il se dit que c’est leur mentor et que la France serait leur «parrain des parrains».
Le comble dans cette histoire, c’est qu’on demande à l’Etat malien de négocier avec Iyad ; de négocier avec un terroriste. Pourquoi la France n’a-t-elle pas négocié avec le cerveau des attaques terroristes de Paris, Salah Abdeslam, et demande son extradition en France après son arrestation en Belgique ? À notre avis, au lieu de chercher à contraindre l’Etat malien à négocier avec le narco-terroriste Iyad, il faut plutôt contraindre la communauté internationale à le mettre aux arrêts ou à l’éliminer sous une forme ou sous une autre.
La Plate-forme lâche la Cma
Qualifiés de forces pro-gouvernementales ou pro-Mali, les éléments de la Plate-forme ont actuellement ont fini par se rendre compte de la mauvaise volonté de la Cma à aller vers la paix et la réconciliation. C’est pourquoi, comme la partie gouvernementale, elle a décidé de ne pas participer au Forum de Kidal. Elle a tout simplement décidé de ne pas trahir le Mali. Du coup, l’accord qu’elle la Cma a signé avec la Plate-forme se révèle comme un accord de façade qui va voler un jour en éclats et virer à des affrontements à Kidal.
En tout cas, il revient au gouvernement malien d’être vigilant et de ne pas se laisser traîner dans la boue.
Basile ESSO