Ouverte jeudi dernier, la 6è édition du Salon international de l’agriculture de Bamako (SIAGRI) se poursuit au Parc des expositions. Organisé par l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture du Mali (APCAM), le SIAGRI se déroule bien sous très haute sécurité. Pour accéder au Parc des expositions, il faut montrer patte blanche. Les mesures sécuritaires ne semblent nullement rebuter les visiteurs. Siriman Sacko, membre du comité d’organisation, assure ainsi qu’il y a beaucoup d’affluence. Il explique qu’en plus des citoyens lambda, les responsables politiques et administratifs défilent au salon pour satisfaire leur curiosité et faire des achats. « Dimanche, les députés de l’Assemblée nationale sont venus. Les ministres sont en train de passer un à un après l’ouverture officielle par le président de la République Ibrahim Boubacar Kéita accompagné du Premier ministre Modibo Kéita », souligne-t-il.
Selon Siriman Sacko, le thème de cette 6è édition, « la mécanisation de l’agriculture », est très pertinent car nous avons près de 12 millions de terres agricoles, dont 1,4 million en zone Office du Niger. « Nous avons de l’eau à travers les fleuves Niger et Sénégal et leurs affluents, nous avons beaucoup de lacs. Nous avons des hommes. Le seul élément qui peut mettre en relation d’une manière facile ces deux dimensions (terre et eau), ce sont les équipements. Avec la houe, on met 15 jours pour cultiver un hectare, mais avec un équipement motorisé ou tracté comme une charrue ou un tracteur, on met 5 heures. Le tracteur peut labourer 20 hectares par jour », calcule le conseiller spécial du président de l’APCAM.
L’exposition des produits au SIAGRI est organisé autour de 7 grands pôles. Le pôle « Produit du terroir et spécificités des régions du Mali » présente le patrimoine et les atouts de chaque région économique à travers les produits agricoles, agroalimentaires, recettes et savoir-faire de l’artisanat rural. Le pôle « Pêche et aquaculture » regroupe les différentes communautés de pêcheurs. Le pôle « Produits transformés et unités agroindustrielles » regroupe tous les acteurs des filières : pâtes alimentaires, jus et sirops, karité et dérivés, produits phytosanitaires, engrais, huiles et protéines végétales, entre autres.
Le pôle « Services et métiers de l’agriculture » est dédié aux institutions et organismes professionnels. Il propose un plateau d’informations sur l’agriculture et les modalités d’enregistrement des exploitations familiales et des entreprises agricoles. Le pôle « Filières végétales et horticoles » regroupe tous les acteurs des filières fruits et légumes, pépinières, produits phytosanitaires, entre autres. Le pôle « Matériels et équipements agricoles » est dédié aux machines-outils agricoles et aux innovations technologiques et enfin le pôle « Animaux » présente la biodiversité du patrimoine génétique national et exotique dans un environnement accueillant et pédagogique.
Les organisateurs ont songé à l’aspect pédagogique en prévoyant des visites guidées à l’intention des écoliers. Ces visites, explique notre interlocuteur, ont pour but de sensibiliser les enfants sur l’importance de l’agriculture dans l’économie du pays. « Les enfants que nous recevons aujourd’hui savent certainement beaucoup de choses sur les animaux avant ces visites. Mais ce que nous leur proposons à travers ces visites, c’est la pratique. Nous leur faisons voir et toucher les animaux. C’est une façon pour nous de lier la théorie à la pratique. Et puis ces enfants sont aussi les futurs décideurs, nous leur faisons comprendre dès maintenant que l’agriculture est la priorité de ce pays », développe Siriman Sacko qui évoque la possibilité d’une collaboration avec le ministère de l’Education nationale et les directions des écoles.
Au SIAGRI, il n’y a pas que les stands d’exposition. Des conférences s’y tiennent aussi sur divers thèmes liés à l’agriculture. Par exemple, un exposé sur l’autonomisation des femmes a regroupé une armée de femmes rurales venues de toutes les régions. Au cours de la rencontre, les femmes ont discuté des moyens de sécuriser leurs revenus au niveau de la chaîne de transformation des produits agricoles. Elles ont évoqué aussi les difficultés dans l’acquisition des équipements, des emballages. Pendant les débats, Mme Coulibaly Djénébou Traoré du Projet « Feere Diyara » (en bambara les bonnes affaires) a regretté la faible représentation des femmes dans les organes de décision. « Autant les houes ont leur place dans les musées, autant les images de la faible représentation des femmes dans les organes y ont la leur », a-t-elle lancé sous les applaudissements des femmes. L’autonomisation des femmes, selon elle, n’est autre que l’amélioration de leurs conditions économiques et sociales, le renforcement de leur participation à la gestion des affaires publiques. A ce propos, le projet « Feere Diyara » s’active à renforcer les capacités organisationnelles des coopératives.
K. DIAKITE
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