A 94 ans, il a aura vécu près d’un siècle. Mais puisque notre destin est de ne pas rester, Abdoul Sy est parti hier. Le Seigneur soit loué qui lui a prêté une longue vie. Une vie longue mais aussi une vie pleine, comme la voix de ce journaliste qui ne laissait personne indifférent quand elle introduisant le « journal parlé » de Radio Mali aux temps austères mais productifs du Mali progressiste. Nos enfants ne le connaissent pas.
Et même la génération des sexagénaires était bien jeune lorsqu’Abdoul Sy était à son apogée, avec ses éditoriaux déclamés sur le ton de la gravité à la mesure du moment qui était lui aussi grave. La contre-révolution tremblait sans doute en l’entendant, tout comme les « sangsues » du pays qu’il dénonçait régulièrement en égrenant les types de corruption auxquels l’Etat devait faire face. C’est justement parce que nos enfants ne le connaissent pas qu’il faut aujourd’hui dire qui était Abdoul Sy. Encore que dire ne le restitue pas. Il faudra simplement être en mesure de réécouter cette voix majeure physiquement éteinte mais que la merveille de la technique a peut-être pu conserver. Aucune décoration, aucune oraison funèbre ne vaudra mieux que la rediffusion par l’Ortm des éditoriaux sublimement lus par ce pionnier que nous saluons avec déférence et qui nous précède là où nous le rejoindrons inexorablement.
Adam Thiam